“Léo Mattéï” revient ce soir sur TF1 avec deux affaires inédites qui vont mettre à rude épreuve le cœur et la raison du commandant : un enfant au regard vide, rescapé d’un drame familial dont personne ne parle, et une jeune fille au passé trouble, enfermée dans un silence inquiétant… jusqu’où ira Mattéï pour comprendre la vérité derrière ces destins brisés ? Et à quel prix ? Cliquez sur le lien pour découvrir la suite.

Je ne crois pas aux coïncidences. Surtout pas quand deux appels arrivent presque simultanément, à quelques minutes d’intervalle, un jeudi soir où tout semblait pourtant calme. Le premier signalait un enfant retrouvé seul dans un hôpital, incapable de dire son nom. Le second évoquait une adolescente de 15 ans interpellée pour tentative de meurtre sur son éducateur. Deux affaires. Deux urgences. Et un seul instinct : y aller moi-même.

Je suis arrivé au service pédiatrique à 20h03. L’enfant – un garçon d’environ 7 ans – était assis sur un lit, blotti contre un ours en peluche trop grand pour lui. Aucun papier d’identité. Aucun adulte pour l’accompagner. Juste un mot griffonné dans une poche : “Désolé, je ne peux plus.” J’ai croisé son regard, vide, lointain, mais il n’était pas absent. Il observait. Il testait. J’ai parlé doucement. Il n’a pas répondu. J’ai tendu la main. Il l’a regardée, longtemps, avant de poser ses doigts sur la mienne. Ce simple geste m’a suffi pour savoir : il voulait qu’on l’aide.

En parallèle, Clara, ma collègue, m’a envoyé les premiers éléments sur la seconde affaire. Adèle, 15 ans, placée en foyer depuis deux ans, avait été retrouvée avec un couteau à la main, face à son éducateur blessé mais vivant. Elle ne disait rien. Juste cette phrase, en boucle : “Ce n’est pas moi.” Pas de cris. Pas de larmes. Un mur. J’ai décidé d’aller la voir.

Au centre, elle était seule dans une salle d’entretien. Petite, fine, presque fragile. Mais dans ses yeux, une force étrange, mêlée de peur et de rage. Je me suis assis face à elle. Je ne l’ai pas interrogée. Je lui ai simplement dit : “Tu peux me parler, ou pas. Je serai là, dans les deux cas.” Elle a détourné le regard, mais j’ai vu sa mâchoire trembler. Derrière le silence, il y avait un cri.

Je suis retourné voir le petit garçon. Il avait fini par s’endormir. En fouillant ses vêtements, on a trouvé une étiquette de pressing dans sa veste. Une piste. Petite, mais précieuse. Je suis parti interroger l’établissement. Là-bas, la responsable m’a reconnu le vêtement : “C’est à un client régulier. Monsieur Da Costa. Il vit dans le quartier Est.” Une demi-heure plus tard, on frappait à sa porte. Pas de réponse. Quand on est entrés, il y avait du sang sur le sol. Pas de corps. Mais des traces de lutte. Et une photo : l’homme avec un petit garçon… notre inconnu. Son père, sûrement.

Pendant ce temps, Clara avait avancé sur le passé d’Adèle. Elle avait changé de foyer trois fois. À chaque fois, des incidents, des accusations, mais jamais de preuves solides. Elle fuyait. Elle se protégeait. Et si cette agression n’était pas ce qu’elle semblait être ? Et si on l’avait poussée à bout ? J’ai demandé à revoir la scène. L’éducateur affirmait qu’elle l’avait attaqué. Mais les blessures ne correspondaient pas. Trop superficielles. Trop… maîtrisées. Comme si elle avait voulu alerter. Pas tuer.

J’ai interrogé les autres jeunes du foyer. Peu ont parlé. Mais l’un d’eux, un garçon nommé Ryan, m’a glissé discrètement : “C’est lui, l’éducateur, qui fait peur. Pas elle.” Alors j’ai creusé. Et j’ai trouvé une plainte, classée sans suite, d’une autre adolescente, six mois plus tôt. Mauvaise réputation, disait-on. Pas crédible.

J’ai demandé à parler à Adèle à nouveau. Cette fois, je lui ai parlé de moi. De ma fille. De mes peurs. De mes silences. Et elle a pleuré. Elle m’a dit qu’elle n’avait jamais voulu le blesser. Qu’il la suivait. Qu’il entrait dans sa chambre sans frapper. Qu’elle n’avait plus dormi depuis des semaines. “Je voulais juste qu’il arrête”, a-t-elle murmuré.

Le lendemain, on a lancé une enquête interne. L’éducateur a été suspendu. Adèle a été prise en charge par une psychologue. Elle a demandé à me voir une dernière fois. Elle m’a regardé dans les yeux et m’a dit : “Vous m’avez cru. C’est la première fois que quelqu’un me croit.” J’ai serré sa main. Fort.

Quant au petit garçon, on a fini par retrouver sa mère. Une femme épuisée, battue par son compagnon. Elle l’avait abandonné à l’hôpital par peur qu’il subisse la même violence. J’ai promis de ne pas la juger. Mais de l’aider. Il est aujourd’hui placé en sécurité, en attendant que sa mère suive un parcours de reconstruction.

Deux enfants. Deux douleurs. Deux vérités qu’on aurait pu ignorer si on s’était contentés des apparences. C’est pour eux que je fais ce métier. C’est pour eux que je me bats. Et c’est pour eux que je ne cesserai jamais de croire en la justice, même quand elle met du temps à arriver.