La France le soutient, l’admire, et vibre avec lui. Depuis des mois, Florent Pagny mène une bataille publique et courageuse contre un cancer des poumons. Son combat est devenu un symbole. Mais aujourd’hui, une “ombre sombre plane sur lui”. En plein milieu de sa lutte contre la maladie, l’icône de la chanson française se retrouve au cœur d’un “scandale financier” qui secoue le monde de la musique. Une affaire d’argent, d’aides publiques et de morale, où son nom est cité aux côtés d’autres géants… et même de celui de Johnny Hallyday.

Le scandale a été révélé par le magazine “Ici Paris”. Au cœur du problème : des aides à la création artistique, distribuées en 2021. Florent Pagny aurait reçu une “somme substantielle de 271 000 euros” au titre de cette aide.

Et il n’est “pas le seul artiste impliqué”. La liste des bénéficiaires compte d’autres grands noms de la scène française : Bernard Lavilliers, Benjamin Biolay et Juliette Armanet ont “également reçu des montants considérables”.

Mais la révélation qui provoque “l’étonnement” et la stupeur est ailleurs. Dans cette liste, on retrouve le nom de Johnny Hallyday. L’idole des jeunes, “décédé en 2017”, apparaît pourtant parmi les bénéficiaires de ces aides. Selon l’enquête, un “total versé sur divers comptes” liés à l’artiste décédé s’élèverait à “333 890 euros”, et ce, sur une période allant de 2019 à 2022 – soit des années après sa mort.

Comment est-ce possible ? Si “légalement, tout semble en ordre”, c’est la moralité et l’objectif de ces aides qui sont aujourd’hui remis en cause par une institution des plus sérieuses : la Cour des comptes.

L’institution s’est penchée sur ce système de subventions, censées à l’origine “promouvoir la diversité musicale, les nouveaux talents et les projets innovants”. L’objectif initial était clair : utiliser cet argent pour aider les jeunes artistes, les labels indépendants, ceux qui peinent à émerger dans une industrie dominée par les mastodontes.

Le “constat” de la Cour des comptes est sans appel et il est “clair” : “une grande partie de ces fonds semble être allée aux artistes déjà établis”. L’argent destiné à faire grandir les “jeunes talents” a, dans les faits, majoritairement servi à financer les projets “portés par des artistes déjà prospères”. La Cour s’interroge donc publiquement sur la “nécessité d’accorder de tels montants” à des stars qui n’en ont, a priori, nul besoin.

Face à cette polémique grandissante, l’organisme distributeur, la Société Civile des Producteurs de Phonogrammes de France (SPPF), “défend sa position”. L’institution affirme que “90% de ses aides sont allées à de nouveaux talents”. Un chiffre qui semble contredire le rapport, mais qui joue sur les mots : parle-t-on de 90% du nombre d’aides (souvent de petits montants) ou de 90% du budget total (où les stars se taillent la part du lion) ?

La SPPF avance un autre argument, qui sonne presque comme une menace : “une inquiétude persiste” chez eux, celle de voir les “artistes à succès quitter le navire s’ils reçoivent moins de soutien”. En clair : ces stars alimentent le système, et si le système ne leur reverse pas une partie de la mise, ils pourraient se retirer, mettant en péril l’ensemble du mécanisme de financement. Une défense qui pose la question : le système est-il conçu pour aider les petits, ou pour garder les gros ?

L’impact de ce scandale sur le monde musical est “profond”. Il soulève des questions brûlantes sur “la distribution équitable des fonds” et le “rôle des artistes établis dans cette dynamique”.

Pour le public, le choc est rude. Voir Florent Pagny, dont l’image est associée au courage face à la maladie, être épinglé dans une affaire d’optimisation de subventions crée un malaise. Quant aux versements post-mortem à Johnny Hallyday, ils jettent une lumière crue sur un système qui semble tourner à vide, profitant aux héritiers d’une légende plutôt qu’aux artistes qui débutent.

Sans surprise, l’affaire suscite des “réactions vives sur les réseaux sociaux”. L’incompréhension domine. Pourquoi des artistes multi-millionnaires ont-ils “besoin” d’aides destinées à l’innovation et à la diversité ?

À ce jour, ni Florent Pagny ni les héritiers de Johnny Hallyday “n’ont encore commenté cette affaire”. Leur silence est pesant, laissant le public face à ses questions. Ce scandale met en lumière la fracture béante entre l’image publique des artistes, généreux et proches de leur public, et la réalité d’un “business” où chaque euro compte, même s’il s’agit d’argent censé faire éclore la génération de demain.