Dans le paysage médiatique français, peu de figures sont aussi clivantes et en même temps aussi profondément ancrées dans le cœur du public que Patrick Sébastien. L’homme aux mille facettes – imitateur, chanteur, animateur, producteur, et même ancien dirigeant de club de rugby – a bâti sa carrière sur une énergie festive et une proximité populaire. Mais derrière les paillettes, les “Sardines” et les plumes du “Plus Grand Cabaret du Monde”, se cache un homme au parcours cabossé, marqué par les drames et une quête affective incessante. Aujourd’hui, à 71 ans, l’enfant de Brive-la-Gaillarde brise le silence sur un chapitre intime que beaucoup soupçonnaient, mais que personne n’osait confirmer : il a retrouvé l’amour.

Cette révélation, lâchée avec une émotion contenue lors d’une récente entrevue, vient clore un chapitre de trois ans de célibat officiel, suite à sa séparation très médiatisée d’avec Nathalie, surnommée Nana, sa partenaire de plus de deux décennies. “J’ai trouvé une compagne qui me comprend sans mot inutile,” a-t-il confié, ses yeux pétillants trahissant un bonheur qu’il ne cherchait plus à dissimuler. À un âge où beaucoup aspirent au calme et à la quiétude, Patrick Sébastien prouve une fois de plus qu’il est un homme de passion, un survivant qui refuse de laisser le crépuscule de sa vie être dicté par la solitude.

Pour comprendre la portée de cette nouvelle, il faut remonter le fil d’une existence hors norme, celle d’un homme forgé dans l’adversité. Né le 14 novembre 1953, Patrick Boutot (son vrai nom) grandit en Corrèze sans connaître son père biologique. Élevé par une mère courageuse, Andrée, il puise dans cette absence une force de caractère et une indépendance farouche. Le rugby, sport-roi de sa région, devient son premier exutoire, son école de la vie. Sur les terrains boueux, il développe une robustesse physique mais aussi un sens inné du spectacle, amusant déjà ses camarades dans les troisièmes mi-temps.

L’appel de la scène est plus fort que les études de lettres. Il “monte” à Paris, des rêves plein les poches et un talent d’imitateur comme seul bagage. Il dort sur des banquettes, court les cabarets, de “La Main au Panier” aux plateaux de Guy Lux. Son culot paie. Dans les années 70 et 80, il explose. Ses imitations de Bourvil, de Joe Dassin, puis ses propres émissions comme “Carnaval” ou “Sébastien c’est Fou !” en font une star incontournable du petit écran. Il devient le roi du divertissement populaire, celui qui fait entrer la fête dans des millions de foyers.

Mais sa vie sentimentale est à l’image de sa carrière : intense, passionnée, et tumultueuse. Un premier mariage précoce à 16 ans avec Martine, qui lui donne son premier fils, Sébastien. Puis Sylvie, la mère de son deuxième fils, Olivier. Ensuite, c’est la passion explosive avec Fanfan, une danseuse des Coco Girls, qui lui donnera son troisième fils, Benjamin. Chaque union est un feu d’artifice, mais les tournées incessantes, la pression du succès et ses propres démons, notamment une jalousie qu’il avouera plus tard maladive, minent ses relations.

L’année 1990 marque la fracture la plus profonde de son existence. Son fils aîné, Sébastien, se tue dans un accident de moto à l’âge de 19 ans. C’est une tragédie absolue, un “deuil qui ne se fait jamais”. Cette douleur indicible, il la transforme en une énergie créative décuplée, mais la cicatrice reste béante. Il dira lui-même que ce drame a “changé à jamais” sa perception de la vie.

En 1998, il pense trouver enfin la stabilité en épousant Nathalie, “Nana”. Elle devient son pilier, sa productrice, la femme qui gère l’empire Sébastien. Ensemble, ils lancent “Le Plus Grand Cabaret du Monde”, une émission qui deviendra mythique, un écrin pour les artistes du monde entier. Ils adoptent une petite fille polynésienne, Lily, en 2007, qui devient son “rayon de soleil”. Pendant plus de vingt ans, ce couple semble insubmersible, un duo à la vie comme à la scène.

Pourtant, les fissures apparaissent. L’éviction brutale de France Télévisions en 2019 est vécue comme une trahison, un choc professionnel qui a des répercussions intimes. “On m’a viré comme un malpropre,” lâchera-t-il, amer. Le couple affronte l’épreuve, mais quelque chose s’est brisé. En 2022, ils annoncent leur séparation, une rupture “intelligente”, sans divorce, préservant leur collaboration professionnelle et leur lien pour Lily.

C’est donc un homme de 71 ans, portant le poids de ses succès et de ses deuils, qui s’est ouvert sur sa nouvelle vie. La femme qui partage désormais son quotidien est une enseignante, passionnée par la culture polynésienne – un lien symbolique fort avec sa fille Lily. Une relation “simple et vraie”, loin des fastes du show-business, née d’une rencontre fortuite en 2024 lors d’un gala caritatif.

Cette nouvelle idylle, vécue d’abord dans la plus grande discrétion, semble avoir apaisé l’éternel “festayre”. Lui qui, après sa séparation d’avec Nana, disait préférer “la paix aux passions destructrices”, semble avoir trouvé un équilibre inattendu. Il parle d’une connexion basée sur le respect mutuel, une compréhension profonde qui diffère radicalement des amours passionnées mais souvent destructrices de sa jeunesse.

La famille, ce pilier chancelant mais toujours présent, a accueilli la nouvelle avec bienveillance. Nana, restée son associée et son amie, aurait donné son approbation. Lily, désormais majeure, a rencontré cette nouvelle venue, facilitant une transition en douceur.

Cette confession n’est pas anecdotique. Elle libère Patrick Sébastien d’une image de “libertin assumé” pour révéler celle d’un homme mature, capable de réinventer l’intimité au crépuscule de sa carrière. Loin de chercher la publicité, cette révélation sonne comme un soulagement, l’aveu que même après les plus grandes tempêtes, le cœur peut encore battre.

Alors que ses projets foisonnent encore – un nouvel album, un livre sur l’amour mature – Patrick Sébastien entame ce nouveau chapitre avec une sérénité qu’on ne lui connaissait guère. L’homme qui a passé sa vie à faire rire les autres semble enfin avoir trouvé une raison de sourire pour lui-même, une “paix qu’il n’espérait plus”. Une belle leçon de résilience de la part d’un artiste qui, décidément, n’a pas fini de nous surprendre.