Dans la tragédie grecque que joue la famille Delon depuis des années, chaque acte est scruté, chaque mot pesé, chaque silence interprété. Alors que l’on pensait le dialogue définitivement rompu entre les enfants du “Guépard”, un nouveau rebondissement vient secouer les murs de Douchy. Anthony Delon, l’aîné du clan, a brisé le silence ce week-end via une vidéo postée sur Instagram. Entre larmes retenues, nouvelles rassurantes et message direct à sa sœur Anouchka, l’acteur souffle le chaud et le froid. Mais derrière les apparences d’une main tendue, ne faudrait-il pas lire l’ironie cinglante d’un frère qui n’a rien oublié des blessures du passé ?

Douchy, le refuge et le théâtre

C’est depuis Douchy, ce domaine mythique du Loiret où repose désormais Alain Delon, qu’Anthony a choisi de s’exprimer. Le visage marqué mais apaisé, il confie y avoir posé ses valises il y a six mois. La raison ? Une urgence de cœur, pas une stratégie de conquête. Sa chienne Blue, gravement malade, avait besoin de calme.

“Je suis venu ici pour la sauver”, explique-t-il avec émotion. Et le miracle a eu lieu. Au contact de cette terre chargée d’histoire et de Lobo, le fidèle malinois d’Alain Delon, l’animal a repris vie. Une parenthèse de douceur dans un lieu pourtant devenu le symbole des déchirements familiaux. Mais Anthony ne s’est pas contenté de donner des nouvelles de son chien.

“Je trouve le nom sympa” : La phrase qui tue ?

Au détour de la vidéo, Anthony glisse une phrase qui a immédiatement enflammé la toile et les observateurs de la saga Delon. “J’en profite pour souhaiter bonne chance à ma sœur dans sa nouvelle aventure… Je lui souhaite une belle réussite. Je trouve le nom sympa.”

De quoi parle-t-il ? De “DELON”, la nouvelle marque de vêtements lancée mi-octobre par Anouchka. Une ligne “sport-chic”, inspirée de l’univers du golf et de l’élégance paternelle, gérée via la société Alain Delon International Distribution. À première vue, c’est un message fraternel, un encouragement fair-play. Un drapeau blanc hissé au-dessus des douves de Douchy.

Pourtant, pour qui connaît l’histoire du clan, ces mots résonnent étrangement. “Je trouve le nom sympa”… Comment ne pas y voir une double lecture, une ironie féroce déguisée en compliment ?

Le spectre du procès de 1984

Pour comprendre la potentielle amertume d’Anthony, il faut remonter le temps. Nous sommes en 1984. Anthony, alors jeune homme fougueux, lance sa propre ligne de blousons en cuir. Il la baptise “Anthony Delon 1985” et utilise les initiales “AD” sur les étiquettes.

La réaction d’Alain Delon est alors impitoyable. Il attaque son propre fils en justice pour “similitude et contrefaçon”, estimant qu’il profite de la notoriété du nom “Delon” à des fins commerciales sans son accord. Le père gagne, le fils est condamné à payer de lourds dommages et intérêts. Une humiliation publique et financière qui a laissé des traces indélébiles.

Aujourd’hui, l’histoire semble bégayer, mais les rôles sont inversés. C’est Anouchka, la “préférée”, qui exploite le nom “DELON” pour vendre des polos et des vestes. Et elle le fait avec la bénédiction juridique des structures mises en place par son père, dont elle détient les rênes. Ce que le père a refusé violemment au fils, la fille se l’octroie aujourd’hui légitimement.

Dès lors, le “Bonne chance” d’Anthony prend une tout autre saveur. Est-ce une véritable bénédiction ou une façon subtile de souligner le deux poids, deux mesures qui a toujours régné dans la famille ? “C’est un peu comme s’il lui disait : ‘Toi, tu as le droit de faire ce pour quoi j’ai été condamné. Bravo.’”, analyse un proche du dossier.

La guerre continue en coulisses

Ne nous y trompons pas, la paix est encore loin. Si Anthony joue la carte de l’apaisement public (ou de l’ironie polie), la réalité judiciaire est glaciale. Les procédures sont toujours en cours. Anouchka poursuit Anthony (et leur frère Alain-Fabien) pour atteinte à la vie privée après la diffusion d’un enregistrement clandestin capté à Douchy. Elle réclame 120 000 euros de dommages et intérêts. Le procès, initialement prévu, a été renvoyé au 17 mars 2026.

L’héritage, quant à lui, reste un champ de bataille miné, et la gestion du domaine de Douchy un casse-tête financier.

Alors, Anthony Delon est-il en train de “rhabiller sa sœur pour l’hiver” avec ce message faussement naïf, ou tente-t-il réellement de tourner la page en acceptant l’injustice passée ? Dans la famille Delon, le cinéma ne s’arrête jamais vraiment, et les dialogues les plus simples cachent souvent les sous-textes les plus lourds. Une chose est sûre : le nom “Delon” n’a pas fini de faire vendre… et de faire pleurer.