“Les gitans, c’est pas que des mariages et des anniversaires” : dans une interview bouleversante, Kendji Girac brise les stéréotypes sur ses origines et dévoile la vraie vie de sa communauté, entre fierté, douleur et espoir — cliquez sur le lien pour tout comprendre de ce moment poignant.

Kendji Girac : “Les gitans, c’est pas que des mariages et des anniversaires”

Il est souriant, charismatique, toujours lumineux sur scène. Kendji Girac, révélé par The Voice en 2014, est devenu en quelques années un phénomène musical incontournable en France. Mais derrière la voix ensoleillée et les guitares festives, il y a un homme profondément attaché à ses racines. Et récemment, dans une interview poignante diffusée sur CANAL+, Kendji a décidé de faire tomber les masques, les stéréotypes, et de parler à cœur ouvert : “Les gitans, c’est pas que des mariages et des anniversaires.”

Une phrase simple, mais qui résonne avec puissance.

Depuis le début de sa carrière, Kendji a souvent été associé à une image folklorique des gens du voyage : les caravanes, les fêtes colorées, les guitares autour du feu. Une image sympathique, mais réductrice. “J’ai parfois l’impression qu’on attend de moi que je ne parle que de fête, de soleil et d’amour léger,” confie-t-il. “Mais ma culture, c’est aussi des douleurs, des luttes, des injustices, et beaucoup de fierté.”

Ce besoin de rétablir une vérité plus profonde ne vient pas de nulle part. Dans son entourage proche, Kendji a vu des membres de sa famille subir des discriminations, simplement parce qu’ils étaient gitans. “Quand tu grandis avec ça, tu développes une sorte de double vie. D’un côté, tu es fier de tes origines, de l’autre, tu apprends à les cacher pour ne pas déranger.”

Dans l’entretien diffusé en prime time, le chanteur évoque avec émotion les regards méfiants dans les magasins, les refus d’embauche, les contrôles de police plus fréquents. Il parle aussi de l’ignorance des médias, qui, selon lui, se contentent trop souvent de clichés : “On parle de nous quand il y a un fait divers, ou pour montrer une fête spectaculaire. Mais entre les deux, on existe aussi. On travaille, on aime, on souffre, on élève nos enfants.”

Kendji ne renie pas les aspects festifs de sa culture. Au contraire. “La musique, la danse, les réunions de famille, c’est notre force. C’est ce qui nous fait tenir debout. Mais ce n’est pas tout ce que nous sommes.” Il cite ses parents, ses grands-parents, des artisans, des commerçants, des musiciens talentueux mais invisibles. Il parle aussi de cette envie permanente de prouver, de réussir, de montrer qu’on peut être gitan et exemplaire, dans tous les domaines.

Sa prise de parole a été largement saluée sur les réseaux sociaux. De nombreux membres de la communauté gitane ont exprimé leur reconnaissance. “Enfin quelqu’un qui dit ce qu’on ressent tous les jours,” écrit une internaute. D’autres artistes, comme Gipsy Kings ou Chico & The Gypsies, ont eux aussi salué ce courage. “Il est jeune, il est populaire, et il utilise sa voix pour élever la nôtre,” a commenté l’un d’eux.

Mais Kendji ne se contente pas de parler. Depuis plusieurs années, il soutient des associations qui œuvrent pour la scolarisation des enfants gitans, et pour l’intégration sans assimilation forcée. “Je ne veux pas qu’on nous dise qu’il faut devenir comme les autres pour être acceptés. Je veux qu’on nous accepte tels que nous sommes.”

La question de l’identité traverse tout son discours. “On me demande souvent si je suis plus français ou plus gitan. Mais pourquoi devrais-je choisir ? Je suis les deux. Et c’est cette double richesse que je veux transmettre à ma fille.” En devenant père, Kendji a vu ses priorités évoluer. “Je veux qu’elle grandisse dans un monde où elle pourra dire d’où elle vient sans avoir peur.”

Son nouvel album, dont la sortie est prévue cet automne, reflète cette introspection. Moins de tubes dansants, plus de textes profonds. Une chanson intitulée “Nos racines” évoque les souvenirs d’enfance dans les campings, les discussions autour du feu, les douleurs tues des grands-parents. Une autre, “Derrière les regards”, parle du rejet quotidien et de la force intérieure qu’il faut pour rester digne.

Lorsqu’on lui demande s’il craint que son public ne le suive pas dans ce virage plus engagé, il sourit : “Ceux qui m’aiment vraiment comprendront. Et puis, il faut parfois bousculer un peu les choses pour avancer.”

Il évoque aussi le rôle de la musique dans le changement des mentalités. “Une chanson, parfois, vaut plus qu’un long discours. Elle touche le cœur directement. Si mes mots peuvent aider un seul gamin à être fier de lui, alors j’aurai réussi.”

Kendji Girac n’a pas l’intention de devenir un porte-parole politique, mais il sait que sa voix compte. Et il compte bien l’utiliser à bon escient. “Je ne suis pas parfait, je ne suis pas un héros. Je suis juste un gars qui chante, mais qui a envie que les choses changent un peu.”

À la fin de l’interview, il conclut avec un message fort :
“Je veux qu’on arrête de penser que les gitans, c’est juste des caravanes et des guitares. On est bien plus que ça. On a des histoires, des douleurs, des rêves. Et surtout, on a une culture magnifique, qu’il est temps de regarder autrement.”

Par cette prise de parole sincère et sans artifice, Kendji Girac offre un nouveau visage de sa communauté. Plus complexe, plus humain, plus vrai. Et dans cette vérité, peut-être, se trouve le début d’un changement.