C’était un dernier rendez-vous manqué. Pas avec son public, toujours fidèle, mais avec cette “grande famille” du show-business qui l’a pourtant tant célébrée. Ce vendredi 6 janvier 2023, à Gisors, l’émotion se mêlait à une amère déception lors des obsèques de Linda de Suza.

Il y a des silences qui font plus de bruit que des cris. Ce jour-là, en l’église Saint-Gervais-Saint-Protais, le silence n’était pas celui du recueillement, mais celui de l’absence. Alors que la “Valise en carton” s’est définitivement refermée, une question brûlait toutes les lèvres : où étaient-ils ? Où étaient les stars, les compagnons de route, les figures de la télévision qui ont partagé les plateaux avec l’icône portugaise pendant des décennies ?

Le Peuple Présent, l’Élite Absente

La scène avait pourtant tout d’un hommage national. Dès le matin, le parvis de l’église était noir de monde. Plus de 2 000 personnes, des anonymes, des fans de la première heure, des membres de la communauté portugaise, s’étaient massés pour saluer une dernière fois celle qui a chanté leur histoire. Des œillets rouges, symboles de la révolution portugaise et clins d’œil à ses origines, coloraient la grisaille normande, répondant à la dernière volonté de l’artiste et de son fils.

Mais à l’intérieur, dans les rangs réservés aux VIP, le vide était assourdissant. Comme le souligne cruellement la chronique de l’événement, “le monde musical a brillé par son absence”. Aucun chanteur de renom, aucune célébrité majeure n’a fait le déplacement pour accompagner Linda vers sa dernière demeure. Même Michel Drucker, figure tutélaire de la variété française et ami de longue date, s’était fait excuser. Quant à Brigitte Macron, dont la venue avait été murmurée et espérée comme un symbole de reconnaissance officielle, elle n’est finalement pas apparue.

Est-ce que Linda de Suza comptait si peu à leurs yeux ? C’est le sentiment amer qui flottait dans l’air froid de Gisors. Une ingratitude flagrante pour celle qui a vendu des millions de disques et touché le cœur de la France populaire.

Les Larmes de Joao : “Je t’aime, merci”

Heureusement, l’essentiel était ailleurs. Loin des paillettes et des faux-semblants, l’émotion vraie est venue de son sang. Joao Lança, son fils unique, avec qui les relations furent parfois orageuses, était là, digne et dévasté dans la douleur. Leur réconciliation, survenue in extremis quelques mois avant le drame, a donné à ses mots une résonance bouleversante.

À la tribune, la voix brisée, il a rendu à sa mère le plus beau des hommages : celui d’un fils qui retrouve sa mère au moment de la perdre. “Je t’aime, merci”, a-t-il simplement lâché, des mots qui ont fait pleurer l’assemblée. Il a évoqué cette “lumière” qu’elle portait, promettant de ne jamais “éteindre le feu”. Dans ce désert médiatique, sa présence et celle de Fabien Lecœuvre, l’agent fidèle, ont suffi à remplir l’espace affectif laissé vacant par le show-biz.

Obsèques amères: Les gens du métier ne se sont pas déplacés pour Linda de  Suza | blue News

Une Rue pour l’Éternité

Si Paris et les stars ont oublié Linda, la France des terroirs et des racines, elle, s’en souvient. Un moment fort de la cérémonie est venu rappeler l’impact sociétal de la chanteuse. Laurent Jeanne, le maire de Champigny-sur-Marne – la ville où Linda a vécu ses premières années difficiles dans le bidonville, symbole de son ascension sociale fulgurante – a pris la parole.

Il a fait une promesse solennelle devant le cercueil : Linda de Suza ne sera pas oubliée. Il a annoncé qu’un bâtiment ou une rue de sa commune porterait bientôt son nom. Une reconnaissance éternelle, gravée dans la pierre, bien plus durable que les hommages télévisés éphémères qui n’ont jamais eu lieu ce jour-là.

Linda de Suza est partie comme elle est arrivée : avec sa valise en carton, entourée des “gens de peu”, ceux qui l’ont aimée sans condition. Les stars ont peut-être raté ses obsèques, mais elles ont surtout raté l’occasion de montrer qu’elles avaient, elles aussi, de la mémoire et du cœur. Adieu l’artiste, le peuple, lui, était là.