Il est des soirées télévisées qui, au-delà du simple divertissement, parviennent à toucher la corde sensible de tout un pays. Ce vendredi 20 décembre 2024, France 3 a réussi ce pari avec une nouvelle édition de La Fête de la Chanson Française magistrale. Orchestrée par le duo complice Laury Thilleman et André Manoukian, la soirée a célébré 60 ans de tubes inoubliables, mais elle restera surtout gravée pour sa charge émotionnelle intense, culminant dans un hommage final qui a laissé le public les yeux embués.

Une Ouverture Grandiose avec Pascal Obispo

Dès les premières minutes, le ton était donné. Qui d’autre que Pascal Obispo pour lancer les festivités ? L’artiste n’a pas fait les choses à moitié. Entouré de la troupe des Dix Commandements et porté par une chorale monumentale de 15 000 voix (oui, vous avez bien lu !), il a offert une version de L’Envie d’Aimer qui a fait trembler les murs du Dôme de Paris. Un moment de communion rare qui a rappelé la puissance fédératrice de la comédie musicale culte. “Cette chanson ne m’appartient plus, elle appartient à tout le monde”, a confié humblement le compositeur, visiblement ému par cette marée humaine.

Julien Doré : Le Génie de la Réinvention

S’il y a bien un artiste qui sait surprendre, c’est Julien Doré. Fidèle à son style décalé – barrette dans les cheveux et charisme intact – il a livré une performance dont lui seul a le secret. Oubliez la version disco d’Images, Julien a transformé Les Démons de Minuit en une ballade mélancolique et profonde, prouvant comme le disait André Manoukian qu’il a “l’art de rendre profond ce qui est léger”. Il a enchaîné avec une reprise poignante de Mourir sur scène de Dalida, un choix audacieux pour celui qui s’apprête à repartir en tournée avec son album Imposteur.

Kendji Girac : L’Ombre d’Aznavour

L’un des sommets émotionnels de la soirée fut sans conteste le passage de Kendji Girac. Loin de ses rythmes gipsy habituels, le chanteur a choisi de s’attaquer à un monument : Hier encore de Charles Aznavour. À seulement 28 ans, Kendji a interprété ce texte sur le temps qui passe avec une maturité désarmante, avouant réaliser là “l’un de ses rêves”. La séquence s’est prolongée par un moment de tendresse absolue lorsqu’il a repris son propre hymne aux mères, Les yeux de la mama, rappelant que la filiation est au cœur de la chanson française.

Des Duos et des Surprises

Julien Doré cache une Golden Barrette dans une copie de son futur album

La soirée fut également rythmée par des rencontres artistiques savoureuses. On retiendra la douceur infinie du duo entre Jean-Louis Aubert et Carla Bruni sur Alter Ego, une célébration de l’amitié qui dure depuis 30 ans. Mais aussi la fougue de la jeune génération avec Thomas Dutronc et Joseph Kamel, complices comme des gamins dans la cour de récréation sur Encore et encore de Francis Cabrel.

Et que dire de Santa ? La chanteuse, véritable boule d’énergie, a littéralement enflammé la scène avec Recommence-moi avant de recevoir une surprise de taille : un disque de platine remis en direct pour le succès phénoménal de son album. Un moment de joie pure, suivi d’une parenthèse enchantée au piano-voix avec André Manoukian sur Petite Marie.

Un Final Bouleversant pour Fannie

Mais c’est la toute fin de l’émission qui a scellé le caractère unique de cette soirée. Alors que les dernières notes résonnaient, Laury Thilleman, la voix tremblante, a pris la parole pour une dédicace spéciale. Pas à une star, mais à une étoile de l’ombre. L’émission était dédiée à Fannie Gastaldi, coordinatrice de l’émission, tragiquement disparue à l’âge de 32 ans quelques jours auparavant. “Elle aimait la fête, elle aimait la musique”, a glissé l’animatrice, rendant hommage à cette “jeune femme solaire” qui œuvrait en coulisses pour nous offrir ce spectacle. Un rappel poignant que derrière les paillettes, c’est une famille de passionnés qui œuvre pour faire vivre la musique.

Entre rires, danses et larmes, cette Fête de la Chanson Française 2024 a prouvé une fois de plus que la musique est bien la “langue des émotions”. Une soirée qui restera, à n’en pas douter, dans les annales de France 3.