C’est une histoire qui commence par un silence. Un silence lourd, inhabituel, pour celle qui a toujours été la voix la plus bruyante, la plus libre et la plus rebelle d’Algérie. En mars 2025, le rideau est tombé brutalement sur Biyouna. L’artiste légendaire, connue pour son franc-parler dévastateur et son rire tonitruant, a disparu des radars, laissant place à une saga familiale et judiciaire qui tient l’Algérie et sa diaspora en haleine.

Tout a éclaté lorsque Amel, la fille unique de la star, a lancé un cri de détresse sur les réseaux sociaux. Ce n’était pas une simple inquiétude, c’était un appel au secours. Elle y décrivait une mère coupée du monde, potentiellement droguée et manipulée par une tierce personne vivant sous son toit. Aujourd’hui, alors que les mois ont passé, le mystère reste entier et l’angoisse ne fait que grandir. Retour sur une affaire où l’ombre plane sur la lumière.

Le cri du cœur d’une fille désespérée

“Je ne sais plus si ma mère va bien, je ne sais même pas si elle est encore libre.” Ces mots, prononcés par Amel le 14 mars 2025, ont fait l’effet d’une bombe. La fille de Biyouna, habituellement discrète, a décidé de briser l’omerta. Selon elle, une “dame de compagnie”, présentée par Biyouna comme une sœur, aurait pris le contrôle total de la vie de l’artiste dans sa villa du quartier huppé d’Hydra, à Alger.

Les accusations sont gravissimes : isolement forcé, interdiction de répondre au téléphone, et pire encore, l’administration d’injections non identifiées qui maintiendraient la star dans un état de faiblesse et de confusion. Pour le public, qui vénère Biyouna comme une figure maternelle et indomptable, le choc est total. Comment celle qui a tenu tête aux conservateurs, aux censeurs et aux années noires pourrait-elle finir ainsi, prisonnière dans sa propre maison ?

Une “preuve de vie” qui tourne au cauchemar

Face à la pression médiatique et aux hashtags #LibérezBiyouna qui inondent la toile, une réponse ne tarde pas. Mais au lieu de rassurer, elle va attiser les pires soupçons. Le 16 mars, une courte vidéo est publiée sur TikTok. On y voit Biyouna, assise sur un divan en velours rose, maquillée mais visiblement affaiblie.

D’une voix hésitante, elle récite un texte qui semble appris par cœur : “Je vais très bien, je suis bien traitée, merci de ne pas écouter les rumeurs.” Mais les internautes, devenus enquêteurs, remarquent des détails troublants. La main de la star tremble, son regard fuit la caméra, cherchant constamment une validation hors champ. Et puis, il y a ce murmure final, capté juste avant la coupure : “C’est bon.” Une voix féminine, autoritaire, qui semble valider la prise. Pour beaucoup, c’est la preuve ultime : Biyouna n’est pas libre de sa parole. Elle joue le rôle de sa vie, mais cette fois, le pistolet est peut-être réel.

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L’argent : Le nerf de la guerre ?

Si le drame humain est au cœur de l’affaire, l’aspect financier ne peut être ignoré. À 72 ans, Biyouna est à la tête d’un patrimoine estimé entre 700 000 et 1 million d’euros, fruit d’une carrière internationale prolifique entre Alger et Paris. Biens immobiliers, comptes bancaires, droits d’auteur… Une fortune qui attire les convoitises.

Amel affirme ne plus avoir aucune visibilité sur les comptes de sa mère. Elle craint une spoliation organisée, facilitée par l’absence de protection juridique. Car c’est là le nœud du problème : aucun tuteur légal n’a été désigné, aucune expertise médicale indépendante n’a été réalisée pour évaluer la lucidité de la comédienne. Juridiquement, Biyouna est libre de se laisser “aider” par qui elle veut. Mais où s’arrête l’aide et où commence l’abus de faiblesse ?

Le silence assourdissant d’Hydra

Depuis cette vidéo controversée de mars, c’est le néant. La maison d’Hydra, autrefois lieu de vie et de musique, est devenue une forteresse muette. Les voisins ne croisent plus la star. Les volets restent clos. Amel, depuis Paris, continue de se battre, publiant des lettres ouvertes dans la presse, suppliant les autorités d’intervenir, de simplement vérifier. “Si ma mère va bien, qu’on me le montre”, écrit-elle. Une demande simple, humaine, qui reste à ce jour sans réponse.

L’affaire Biyouna n’est plus seulement un fait divers people. Elle est devenue le symbole terrifiant de la vulnérabilité de nos idoles vieillissantes. Elle pose une question qui nous hante tous : peut-on vraiment protéger ceux qu’on aime quand ils nous ferment la porte, ou quand quelqu’un la ferme pour eux ? En attendant la vérité, l’Algérie retient son souffle, espérant que la “Mère Courage” nationale n’est pas en train de vivre ses derniers jours dans la peur et la solitude.