Herbert Léonard, le crooner à la voix de velours, l’interprète inoubliable de “Pour le plaisir” et “Quand tu m’aimes”, a laissé derrière lui une carrière étincelante et des millions de fans éplorés. Mais derrière le rideau de velours rouge, loin des projecteurs aveuglants, se jouait une tout autre partition. Celle d’un couple atypique, forgé dans le secret, le compromis et une liberté conjugale déconcertante. Quelques jours après la disparition de l’artiste à 80 ans, sa veuve Cléo brise le silence. Un témoignage brut, honnête et parfois piquant qui écorne le mythe du prince charmant.

Cléo a toujours été là, mais personne ne la voyait. C’était le pacte. Pour qu’Herbert Léonard reste l’idole des femmes, le fantasme accessible, il fallait qu’il paraisse libre. Alors Cléo a accepté l’inacceptable pour beaucoup : devenir invisible. Pas de tapis rouges, pas de premières loges, pas de photos officielles. “On m’avait expliqué qu’il ne fallait pas que j’apparaisse à ses côtés. Un chanteur en couple attire forcément moins les filles”, confie-t-elle sans amertume à Paris Match.

Pendant des décennies, elle est restée dans l’ombre, systématiquement “écartée” pour ne pas briser le rêve des admiratrices. Une abnégation totale ? Pas tout à fait. Cléo n’est pas une victime, et c’est là que ses révélations prennent une tournure inattendue et moderne. Elle ne jouait pas seulement à la femme cachée, elle composait avec un mari séducteur compulsif.

“Un caractère sauvage”

Herbert Léonard aimait les femmes, et il ne s’en cachait pas. Cléo le savait. “J’ai fermé les yeux”, avoue-t-elle. Une phrase simple, terrible, qui résume des années de silences complices. Mais attention, Cléo n’était pas la petite épouse soumise qui attend sagement le retour du mari volage en pleurant dans son mouchoir. “J’ai un caractère sauvage et quand je n’étais pas contente, j’allais voir ailleurs”, lance-t-elle.

Bam. La phrase claque comme un coup de fouet. Cléo a trouvé son équilibre dans cette réciprocité tacite, refusant de se laisser enfermer dans le rôle de la femme bafouée. Elle a pris sa part de liberté, rendant coup pour coup, ou plutôt, vie pour vie. C’était leur arrangement, leur manière de durer dans un milieu où les tentations sont quotidiennes et les mariages souvent éphémères.

Pourtant, tout n’était pas rose. Si les aventures d’un soir passaient, les liaisons durables étaient une autre histoire. “J’ai moins aimé les fois où il a eu des liaisons plus longues parce qu’elles entamaient le potentiel de notre couple et de notre famille”, admet-elle avec une lucidité désarmante. Là était la ligne rouge : quand l’infidélité menaçait le clan, la lionne sortait ses griffes.

Féministe et sans pitié pour les “cerveaux légers”

Ce qui frappe dans le discours de Cléo, c’est l’absence totale de jalousie mesquine envers les conquêtes d’Herbert… du moins, envers celles qui savaient rester à leur place. Pour les autres, celles qui s’imaginaient remplacer l’épouse légitime, le verdict est sans appel. “Je n’ai jamais eu de respect pour celles qui espéraient plus qu’une simple aventure d’un soir. Ce sont des cerveaux légers et c’est une féministe qui vous parle.”

Cléo revendique son féminisme dans cette posture qui peut sembler paradoxale. Elle a choisi son destin, choisi d’aimer cet homme avec ses failles immenses, sans jamais se nier elle-même. Elle ne regrette rien. Ni l’ombre, ni les silences, ni les tempêtes.

Aujourd’hui seule, elle garde le souvenir d’un amour hors norme, loin des contes de fées Disney, mais ancré dans une réalité complexe et charnelle. Herbert Léonard n’était pas un saint, et Cléo n’a jamais prétendu être une martyre. Ils étaient simplement deux êtres qui se sont aimés à leur manière, envers et contre tous, jusqu’au bout. Une leçon de vie ? Peut-être pas. Mais une leçon de vérité, assurément.