Il y a des amitiés, et puis il y a eu Diana Ross et Michael Jackson. Pendant plus de quarante ans, leur relation a été l’une des énigmes les plus fascinantes et les plus chuchotées d’Hollywood. Elle fut sa mentore, son idole, son modèle. Il fut son protégé, son admirateur le plus dévoué. Il l’a inscrite dans son testament, il a cessé de lui parler après son mariage, et l’a un jour décrite comme sa “mère, sœur et amante” tout à la fois. Pendant des décennies, elle a gardé le silence. Mais aujourd’hui, à 81 ans, Diana Ross parle enfin, révélant la complexité d’un lien qui défie les définitions.

Tout commence en 1969. Michael Jackson n’a que 9 ans lorsqu’il rencontre la superstar de Motown. Elle est déjà une icône ; il n’est que le jeune prodige des Jackson 5. Le label utilise stratégiquement la renommée de Diana pour lancer le groupe, allant jusqu’à titrer leur premier album “Diana Ross Presents The Jackson 5”. Bien que ce soit une “tactique de communication”, pour Michael, c’est une vérité. À ses yeux, Diana “le sauvait de l’invisibilité”.

Leur lien se tisse rapidement. Le jeune Michael séjourne fréquemment chez elle, dans sa maison des Hollywood Hills. Là, il “n’observait pas seulement, il étudiait”. Il mémorisait son “sens du détail”, sa “façon de répéter”, “comment elle réglait la lumière”. Diana n’était pas seulement une mentore ; elle était son “modèle vivant”. Elle lui a “appris à sourire devant la caméra” et à “se comporter comme une star”.

Derrière l’image publique de la diva guidant le “jeune prodige timide”, les sentiments de Michael s’intensifiaient. Il la vénérait. Ce que le public voyait comme une relation fraternelle était, pour ceux qui le connaissaient, “quelque chose de plus complexe et de non dit”.

Le tournant s’opère en 1978, sur le tournage du film The Wiz. Michael, 20 ans, et Diana, 34 ans (bien qu’elle joue Dorothée, une adolescente), partagent plus que des scènes. Pendant les mois de tournage à New York, Diana choisit de vivre dans l’appartement loué par Michael. “Il n’y avait ni manager, ni personnel, ni caméras, juste eux deux”. L’équipe remarque un changement : ils arrivent et repartent ensemble, elle l’appelle “bébé”, et lui paraît “visiblement détendu”. Les spéculations naissent, mais les deux “protégeaient quelque chose” d’inexplicable. Pour Michael, c’est une période décisive où il partage avec elle les premières démos de son futur album Off the Wall.

En 1982, alors que Thriller est sur le point d’exploser, Michael Jackson, 24 ans, lâche la bombe dans une interview pour Ebony. À la question “Qui est la femme idéale pour vous ?”, il répond sans hésiter : “C’est Diana Ross. Je l’aime”. Il ajoute que s’il pouvait épouser n’importe qui, ce serait elle. Diana, à l’époque, a 38 ans, est mère et deux fois divorcée. La déclaration est sincère, “profonde, ancienne et bien réelle”. Diana, fidèle à elle-même, “garda le silence”.

La douleur survient en 1985. Diana Ross annonce son mariage avec le magnat norvégien Arne Næss Jr.. Michael Jackson est dévasté. Il n’assiste pas au mariage. Il n’envoie ni cadeau, ni message. Sa justification est d’une franchise douloureuse : “J’étais jaloux. Parce que j’ai toujours aimé Diana Ross et je l’aimerai toujours”. Dans les semaines qui suivent, il se retire, “silencieux, introverti, inaccessible”. C’était “un jeune homme confronté à la douleur discrète d’un amour non réciproque”. Il ne mentionnera plus jamais son nom en interview.

Mais si les mots se taisent, la musique parle. En 1987, il sort “Dirty Diana”. Le public y voit une chanson sur une groupie. Mais la coïncidence est troublante : le copyright de la chanson a été “déposé le jour exact du mariage de Diana Ross avec Arne Næss Jr.”. Pour les proches, ce n’était pas de la colère envers elle, mais “la frustration d’une perte personnelle”. En 1991, le ton change avec “Remember the Time”. Une chanson douce, nostalgique. Ses collaborateurs confirment : c’est un “hommage discret à un amour qui n’a jamais vu le jour”, écrit “pour Diana Ross”.

Leur lien, bien que non romantique, demeure indéfectible et sacré. En 2002, Michael met à jour son testament. Si sa mère Katherine ne peut s’occuper de ses enfants, la personne qu’il désigne comme “tutrice légale” n’est autre que Diana Ross. Ni ses frères, ni la mère de ses enfants. C’était Diana. Pourquoi ? Parce qu’elle “ne l’avait jamais trahi”, jamais “parlé de leur moment privé”.

Après sa mort en 2009, Diana publie une brève déclaration : “Je n’arrive pas à arrêter de pleurer”. Elle n’assiste pas aux funérailles publiques, préservant leur lien du cirque médiatique. Plus tard, des employés de Neverland révéleront l’existence d’une “petite pièce” privée, non ouverte au public, remplie de photos de Diana Ross.

Ce n’est qu’en 2025, à 81 ans, lors d’une “conversation paisible en famille”, que Diana Ross offre enfin la clé de cette énigme. “Michael m’aimait”, dit-elle. “M’aimait d’une façon qu’on ne peut pas facilement nommer”. Et elle ? L’a-t-elle aimé en retour ? Sa réponse est d’une honnêteté poignante : “J’ai eu une immense tendresse pour Michael… mais l’aimer comme lui m’aimait… je ne vais pas mentir là-dessus”.

Elle conclut avec la phrase qui résume toute la tragédie de leur relation : “Il m’a donné un type d’amour que je n’étais pas sûr de pouvoir porter”. Elle comprenait que si elle avait “rendu cet amour dans sa totalité”, elle aurait pu “briser l’équilibre fragile” ou le “blesser”. Elle a donc choisi de garder ses distances. Ce n’était pas une romance, ni une simple amitié. C’était un “lien de toute une vie”, toujours présent, “jamais totalement reconnu”, mais désormais, enfin compris.