Il y a des moments de télévision qui s’inscrivent dans la rétine collective. Des moments qui définissent une émission, une époque, et qui repoussent les limites du convenable. Le 17 septembre 2015, sur le plateau de “Touche pas à mon poste !”, la France a assisté à l’un de ces moments. Une séquence qui a commencé comme une blague potache pour se transformer en un tourbillon de gêne, de rires forcés et de “malaise TV” à son paroxysme. Ce fut le “Festival de bisous”, un acte fondateur de l’ère Hanouna, où le spectacle a pris le pas sur tout le reste, y compris la dignité de ses propres chroniqueurs.
Tout a commencé par une étincelle. Les invités du jour, Francis Lalanne et Ingrid Chauvin, sont sur le plateau pour promouvoir une pièce de théâtre. Cyril Hanouna, l’animateur et chef d’orchestre du chaos, leur demande de mimer un “baiser de cinéma”. Ils s’exécutent avec professionnalisme et passion. L’image est belle, mais elle allume une mèche dans l’esprit de l’animateur. “Ça me donne une idée”, lance-t-il, un sourire en coin. Le public exulte, les chroniqueurs, eux, commencent à s’inquiéter. Le train est lancé, et personne ne sait où il va s’arrêter.
Hanouna, en maître de cérémonie absolu, décide de “former des couples”. Son doigt se lève et désigne ses “victimes”. L’arbitraire est total. Ce sera Mathieu Delormeau avec Isabelle Morini-Bosc. Valérie Benaïm avec Thierry Moreau. Et le clou du spectacle : Gilles Verdez avec Enora Malagré. La tension est immédiate. On n’est plus dans le jeu, on est dans le décret royal. Pour s’assurer que personne ne triche, Hanouna pose la règle d’or : “Ici on s’embrasse pour de vrai, il n’y a que du vrai, du vrai, du vrai !”. La frontière entre la personne publique et l’individu privé vient d’être pulvérisée en direct.
Le premier couple à s’avancer, ou plutôt à être poussé sous les projecteurs, est celui que l’animateur qualifie de “tranquille” : Valérie Benaïm et Thierry Moreau. Mais même chez les “tranquilles”, la gêne est palpable. Valérie Benaïm tente une faible protestation, un dernier rempart pour sa vie privée : “Mais j’ai quelqu’un !”. La réponse d’Hanouna est cinglante, balayant d’un revers de main toute considération personnelle : “Mais tout le monde a quelqu’un ! Vous croyez que ma femme n’a pas quelqu’un ?”. La messe est dite. Le spectacle passe avant tout.
Le baiser qui s’ensuit est un chef-d’œuvre de malaise. Un contact timide, maladroit, qui dure une éternité. L’exécution est si peu convaincante qu’elle provoque l’ire du maître de cérémonie. “Même leur bisou est ringard !” s’exclame Hanouna, dégoûté. “Non mais quelle horreur, vous me dégoûtez !”. L’humiliation n’est pas seulement dans l’acte forcé, elle est aussi dans le jugement public qui s’ensuit. Ils n’ont pas seulement été forcés, ils ont “mal” performé.

Mais ce n’était que l’échauffement. Le véritable cœur du réacteur “malaise” de la soirée reposait sur deux chroniqueurs : Mathieu Delormeau et Gilles Verdez.
La tension monte d’un cran lorsque vient le tour de Gilles Verdez et Enora Malagré. Le regard d’Enora, connue pour son franc-parler et son caractère bien trempé, se glace. L’idée de devoir embrasser Gilles Verdez la révulse visiblement. C’est un supplice. Devant sa détresse, Hanouna, dans un mélange de cruauté et de clémence calculée, lui offre une échappatoire : “Vous avez le droit au switch”. Elle peut échanger son partenaire. Ses yeux s’illuminent. Elle choisit Bertrand Chameroy, le “chouchou” de l’émission. L’échange est validé. Enora s’exécute avec Chameroy, dans un baiser qui ressemble plus à un soulagement qu’à un plaisir. Le public a eu son drame, son rebondissement, et sa “sauce”.
Puis vient le tour de Mathieu Delormeau. Nouveau venu à l’époque, il est visiblement terrifié. “C’est tellement une épreuve pour lui”, souffle une collègue. Delormeau est blême, il se frotte les mains de nervosité. Hanouna se délecte de son inconfort. “Non mais ça devient gênant”, lance l’animateur en riant. Il force le chroniqueur et sa partenaire désignée, Isabelle Morini-Bosc, à s’embrasser. Le baiser est d’une rapidité et d’une gêne extrêmes. Pour se rassurer, Isabelle lance un appel à son mari à travers l’écran : “Bachar si tu nous regardes, on t’embrasse fort ! C’est rien !”. Une tentative désespérée de rappeler qu’il existe une vie, une réalité, en dehors de ce plateau devenu fou.

La séquence aurait pu s’arrêter là. Les chroniqueurs se sont exécutés, le public a eu sa dose de rires et de gêne. Mais c’était sans compter sur Cyril Hanouna lui-même. “Je me suis chauffé”, annonce-t-il. “Je vais le faire avec Mokhtar !”
Le plateau retient son souffle. Mokhtar n’est pas un chroniqueur. C’est l’agent de sécurité de l’émission, une figure imposante, silencieuse, symbole de l’ordre et de la masculinité tranquille. En choisissant Mokhtar, Hanouna ne choisit pas la facilité. Il fait un choix de spectacle absolu. Il brise non seulement le tabou de l’embrassade entre deux hommes en direct à une heure de grande écoute, mais aussi la barrière hiérarchique entre l’animateur-star et l’employé de la sécurité.
Mokhtar, fidèle, s’avance. Hanouna y va. Et ce n’est pas un baiser de cinéma. C’est un baiser long, appuyé, presque rugueux. Les chroniqueurs hurlent. Le public est en délire. C’est le “clou du spectacle”. L’animateur, après avoir été le marionnettiste, est devenu l’acteur principal de son propre chaos. Il a prouvé qu’il était prêt à aller aussi loin, et même plus loin, que ce qu’il exigeait de ses équipes.
Dès la fin du baiser, Hanouna, conscient de ce qu’il venait de faire, s’empresse de désamorcer la charge sexuelle. “Arrêtez cette musique ! Arrêtez ! Il n’y a rien de sexuel là-dedans !”.
Mais peu importe. Le mal (ou le génie, c’est selon) était fait. Ce “Festival de bisous” reste, des années après, l’un des moments les plus emblématiques et les plus discutés de “Touche pas à mon poste !”. Il est le symbole parfait de cette télévision-spectacle où les limites n’existent plus. Une télévision qui se nourrit de l’inattendu, du “vrai”, du “cringe”. Ce soir-là, Cyril Hanouna n’a pas seulement créé un “buzz” ; il a signé sa charte. Il a prouvé à la France entière que sur son plateau, tout était possible, que le divertissement pouvait être inconfortable, et que le malaise, poussé à son extrême, pouvait devenir une forme d’art. Un art contestable, certes, mais un art qui a captivé des millions de téléspectateurs, suspendus entre le rire et la grimace.

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