C’est une affaire qui hante la France depuis ce funeste samedi 8 juillet 2023. La disparition, puis la mort confirmée du petit Émile au Haut-Vernet, reste une plaie ouverte, un mystère insondable où chaque pierre retournée semble assombrir un peu plus le tableau. Alors que l’enquête sur la mort du garçonnet se poursuit, l’attention se braque une nouvelle fois sur une figure centrale et controversée de ce drame familial : Philippe Vedovini, le grand-père maternel.

Récemment placé en garde à vue avec son épouse et deux de ses enfants, puis relâché sans poursuite, le patriarche se retrouve aujourd’hui au cœur d’une tempête médiatique qui n’a pourtant rien à voir avec le hameau alpin. C’est son passé d’éducateur, enfoui dans les archives des années 90, qui remonte à la surface avec une brutalité inouïe. Un ancien pensionnaire a décidé de parler, livrant un récit glaçant sur les méthodes de celui qui avait la charge d’enfants bien avant de devenir grand-père.

Riomont : Les Fantômes d’une Discipline de Fer

Pour comprendre, il faut remonter le temps, entre 1991 et 1994. Philippe Vedovini exerce alors au sein du pensionnat de Riomont, un établissement catholique réputé pour sa rigueur, voire sa sévérité extrême. Si l’homme a déjà été entendu par la justice en tant que témoin assisté pour des faits de violences physiques sur mineurs dans ce cadre, avouant du bout des lèvres avoir distribué “quelques gifles et coups de pied”, la réalité décrite par ceux qui l’ont subi est bien plus sombre.

Bruno, un ancien élève de l’établissement, a livré un témoignage accablant à nos confrères de La Provence, repris et détaillé dans de récents rapports. Pour lui, Philippe Vedovini n’était pas un simple éducateur strict, mais l’un des encadrants les plus redoutés, sinon le plus violent de l’institution. “C’était celui qu’on ne voulait surtout pas croiser dans les couloirs en fin de journée”, confie-t-il, la voix encore chargée de l’appréhension de l’enfant qu’il était.

“Des Patates et des Coups de Pied” : La Violence Gratuite ?

Les détails fournis par cet ancien pensionnaire font froid dans le dos. Il décrit un climat de terreur sourde, où la violence n’était pas toujours la punition d’une bêtise, mais tombait parfois de manière arbitraire, “gratuitement”. La spécialité de Philippe Vedovini, selon Bruno ? Le coup de pied au derrière, dès que le bruit caractéristique de sa soutane se faisait entendre. Mais pas seulement.

Le témoin évoque des “patates dans l’épaule” – des coups de poing assénés de manière à faire mal sans laisser de traces visibles sur le visage. “Il ne voulait pas que ça se voie”, analyse Bruno. Une technique perverse qui permettait de maintenir l’ordre par la peur tout en évitant les scandales immédiats. Que l’enfant ait 7 ans ou 15 ans ne semblait faire aucune différence. “C’était comme si on était des prisonniers chez lui”, lâche l’ancien élève, résumant en une phrase l’atmosphère carcérale qui semblait régner sous sa surveillance.

L’humiliation faisait aussi partie de la panoplie, comme ces moments où, frottant le crâne rasé des enfants, il demandait ironiquement : “Alors, il est sympa votre collègue ?”. Une fausse bonhomie qui cachait mal, selon les dires, une main toujours prête à s’abattre.

L’Impunité et la Loi du Silence

Le plus révoltant dans ce récit reste sans doute le sentiment d’impuissance des victimes. Bruno raconte avoir tenté d’alerter sa mère. Celle-ci, inquiète, avait contacté la direction, incarnée par le Père Argouarc’h. La conséquence ? Une simple “brimade” pour l’éducateur, mais une double peine pour l’enfant. “La prochaine fois que tu te plains à ta mère, ce sera le double”, l’aurait menacé Philippe Vedovini avant de lui infliger une “volée” de coups.

Les parents, pourtant conscients du problème – ils en discutaient entre eux lors des sorties – se heurtaient à un mur. Leurs plaintes, comme le dit crûment Bruno, revenaient à “pisser dans un violon”. Cette omerta a permis à ces pratiques de perdurer, laissant des traces indélébiles dans la mémoire des anciens élèves.

Quel Impact sur l’Affaire Émile ?

Il est crucial de rappeler, comme le souligne la justice, qu’aucun lien formel n’a été établi entre ces faits anciens et la tragique disparition d’Émile. Philippe Vedovini est ressorti libre de sa récente garde à vue, aucune charge ne pesant contre lui concernant la mort de son petit-fils.

Cependant, ce portrait d’un homme au tempérament explosif et aux méthodes brutales vient inévitablement ternir l’image de la famille et alimenter les spéculations. Comment concilier l’image du grand-père éploré avec celle de l’éducateur violent décrit par Bruno ? C’est toute la complexité de l’âme humaine que les enquêteurs doivent sonder.

Aujourd’hui, alors que le mystère de la mort d’Émile reste entier, ces révélations ajoutent une couche de noirceur à un dossier déjà tragique. Elles rappellent que le passé, même enfoui sous des décennies de silence, finit toujours par rattraper ceux qui pensaient l’avoir laissé derrière eux. Pour la famille Vedovini, déjà éprouvée par le deuil, c’est une nouvelle épreuve de vérité qui commence.