Dans l’histoire tumultueuse du rock’n’roll, peu de relations ont atteint le statut mythique de celle unissant Freddie Mercury à Mary Austin. Elle était son “seul véritable amour”, sa muse pour “Love of My Life”, et la gardienne farouche de ses secrets après sa disparition tragique en 1991. Pendant plus de trois décennies, Mary a vécu recluse derrière les murs de Garden Lodge, la demeure londonienne que la star lui avait léguée, figée dans le temps et les souvenirs. Mais aujourd’hui, à 73 ans, la discrète “veuve” de l’idole sort de sa réserve. Une décision radicale, un héritage colossal et des souvenirs poignants : retour sur la confession d’une femme qui a aimé une légende “pour le meilleur et pour le pire”.

Une histoire d’amour hors norme

Pour comprendre le choc de l’annonce récente de Mary Austin, il faut remonter aux origines de ce lien indéfectible. Nous sommes en 1969. Freddie n’est pas encore la bête de scène planétaire, mais un jeune étudiant en art extravagant qui vend des vêtements à Kensington. Mary, elle, est une jeune fille timide issue d’un milieu modeste, fille de parents sourds, travaillant chez Biba.

“Il était très confiant et je ne l’ai jamais été”, confie-t-elle. Les contraires s’attirent. Ils emménagent dans un minuscule studio, partagent une vie de bohème avant l’explosion de Queen. Mary assiste à la naissance du phénomène. Lorsqu’elle le voit sur scène pour la première fois, elle comprend : “Voici une star en devenir”. Elle tente de fuir, persuadée qu’il l’abandonnera pour la gloire, mais Freddie la retient. Il l’aime. Il la demande même en mariage un jour de Noël 1973, avec une bague en jade cachée dans une poupée russe de boîtes. Elle dit oui, sans savoir que le destin en décidera autrement.

La vérité qui a tout changé (et rien brisé)

 

Leur romance physique prend fin avec une confession déchirante en 1976. Freddie, alors au sommet de sa gloire, avoue sa bisexualité. Mary, avec une intuition désarmante, le corrige : “Non Freddie, je pense que tu es gay”. Au lieu de les séparer, cette vérité scelle un pacte éternel. Mary déménage à côté, mais reste le pilier central de sa vie.

“Tous mes amants me demandaient pourquoi ils ne pouvaient pas remplacer Mary, mais c’est impossible”, déclarera Freddie. Elle sera là pour les triomphes, les excès, mais aussi pour l’épreuve ultime. Lorsqu’il contracte le SIDA en 1987, Mary est à son chevet, “la vieille fidèle” comme il l’appelait tendrement. À sa mort, il lui lègue tout : sa maison, sa fortune, et surtout, la mission de disperser ses cendres dans un lieu secret qu’elle seule connaît encore aujourd’hui.

“Il est temps de fermer ce chapitre”

Pourquoi Mary Austin fait-elle la une aujourd’hui ? Parce qu’après avoir vécu 30 ans entourée des objets de Freddie, dans une maison restée intacte comme un mausolée, elle a pris une décision qui a stupéfié les fans : tout vendre.

En 2023, elle a annoncé la mise aux enchères de 1 500 objets personnels du chanteur : ses costumes de scène, ses brouillons de paroles, ses instruments, et même le mobilier Louis XV qu’ils avaient choisi ensemble. “Le moment est venu pour moi de faire le choix difficile de fermer ce chapitre très spécial de ma vie”, a-t-elle expliqué à la BBC.

Ce n’est pas un geste d’oubli, mais un acte de courage. “Je dois mettre de l’ordre dans mes affaires”, dit-elle avec pragmatisme. Garder ces trésors devenait trop lourd, trop injuste peut-être. En se séparant de ces reliques, elle partage enfin Freddie avec le monde, tout en tournant la page de son propre deuil.

Une fortune et une solitude

Cette vente s’ajoute à une fortune déjà colossale. Le succès phénoménal du film Bohemian Rhapsody en 2018 lui a rapporté plus de 60 millions de dollars, grâce aux 50% de royalties que Freddie lui avait légués à vie. Mais l’argent n’a jamais effacé la solitude. “J’ai perdu quelqu’un que je pensais être mon amour éternel”, avoue-t-elle. Elle a tenté de refaire sa vie, a eu deux enfants, s’est mariée et a divorcé, mais l’ombre de Freddie n’a jamais cessé de planer.

Mary Austin reste une figure fascinante, l’antithèse de la veuve joyeuse. Elle est la gardienne du temple qui décide, au crépuscule de sa vie, d’ouvrir les portes. Son histoire nous rappelle que les plus belles histoires d’amour ne sont pas toujours celles qui finissent par un mariage, mais celles qui survivent à tout, même à la mort. En dispersant les objets de Freddie, elle ne vide pas sa maison, elle remplit l’histoire du rock d’un dernier acte d’amour.