Un romancier français, figure incontournable du polar, est poursuivi par l’autrice québécoise Isabelle Lafortune qui l’accuse de plagiat : selon une plainte déposée au Canada, son livre présenterait trop de similitudes avec “Terminal Grand Nord”, et une compensation de plus de 700 000 euros est réclamée.

Derrière ce conflit littéraire, c’est l’un des noms les plus connus du thriller français qui se retrouve dans la tourmente. Celui de Franck Thilliez. Publié en 2024, Norferville s’était imposé comme un succès de librairie avec des centaines de milliers d’exemplaires écoulés et une adaptation audiovisuelle déjà en préparation. Mais selon Isabelle Lafortune, ce roman ne serait pas entièrement original. Trop de détails rappelleraient son propre récitTerminal Grand Nord, paru cinq ans plus tôt.

Les accusations ne portent pas seulement sur l’ambiance ou le décor. Dans sa plainte, l’autrice québécoise évoque des “paraphrases”, des “enjeux de personnages”, mais aussi des noms inventés qui auraient été repris quasiment à l’identique. “Une analyse comparative (…) révèle un nombre important d’emprunts sans équivoque“, précisent les documents judiciaires.

C’est lors du Salon du livre de Montréal, en novembre 2024, que l’affaire a pris forme. Isabelle Lafortune y rencontre Franck Thilliez, qui présente Norferville. Elle affirme qu’il lui aurait confié avoir lu et apprécié Terminal Grand Nord, allant jusqu’à dire qu’il s’en était servi pour ses recherches. Quelques jours plus tard, elle découvre que le roman français va bénéficier d’une coproduction télévisée, ce qui achève de la convaincre de saisir la justice.

Franck Thilliez conteste la plainte
Dans sa démarche, l’autrice réclame une compensation financière conséquente : environ 1,2 million de dollars canadiens (soit plus de 740 000 euros). Elle estime notamment que Thilliez a profité des ventes massives de son roman — évaluées à plus de 300 000 exemplaires — et que cette « contrefaçon » lui a fait perdre une opportunité précieuse d’adaptation télévisuelle de son propre livre.

Face à ces accusations, l’écrivain français se défend avec vigueur. Interrogé par La Voix du Nord, il affirme : Je conteste fermement. Je ne peux accepter que ma réputation et mon intégrité soient ainsi mises en cause.” Selon lui, aucune assignation officielle ne lui a encore été transmise par la justice québécoise. Auteur d’une vingtaine de romans et habitué des meilleures ventes, l’auteur revendique une démarche personnelle et originale. Il se dit “blessé” par ces allégations et assure que son travail est le fruit de recherches personnelles, non d’un emprunt déguisé.

La plainte d’Isabelle Lafortune ne manque pas de soulever de nombreuses réactions dans le milieu littéraire francophone. Certains y voient une bataille judiciaire classique autour de la notion de plagiat, d’autres une attaque risquée contre un auteur établi qui dispose d’une notoriété internationale. Si la justice devait lui donner raison, la sanction financière serait lourde pour Thilliez. Pour l’instant, l’affaire est en suspens et aucun jugement n’a encore été rendu.