C’est une nouvelle qui résonne avec une mélancolie particulière dans le cœur des amoureux du septième art et de l’élégance à la française. Lise Bourdin, figure emblématique du mannequinat et du cinéma des années 1950, nous a quittés ce vendredi 28 novembre 2025. Le destin, parfois cruellement ironique, a voulu qu’elle s’éteigne à l’âge vénérable de 99 ans, à seulement quarante-huit heures de son centième anniversaire. Elle s’est endormie paisiblement dans sa maison de Labastide-d’Armagnac, dans les Landes, entourée des siens, emportant avec elle un siècle de souvenirs, de glamour et de secrets.

Une beauté qui a conquis l’Amérique

Bien avant de devenir une actrice respectée, Lise Bourdin avait déjà conquis le monde par sa beauté stupéfiante. Née à Néris-les-Bains en 1925, elle débute une carrière de mannequin fulgurante au lendemain de la guerre. Son charme sophistiqué et son regard perçant lui valent d’être surnommée la « fille la plus photographiée de France » à la fin des années 40.

Elle accomplit alors un exploit rare pour une Française de l’époque : poser pour le prestigieux hebdomadaire américain Life. Un privilège qu’elle partageait avec des légendes comme Brigitte Bardot ou Jeanne Moreau. Elle incarnait cette élégance parisienne qui fascinait outre-Atlantique, facturant ses prestations à des tarifs records pour l’époque aux États-Unis.

Lise Bourdin, Iconic French Model and Actress, Dies at 99 - Somos Hermanos

De la mode aux plateaux d’Hollywood

Le passage des podiums au grand écran était une évidence. Lise Bourdin a marqué le cinéma des années 50, tournant dans quatorze films qui ont laissé une empreinte indélébile. Son rôle le plus marquant reste sans doute celui de « Madame X » dans le chef-d’œuvre de Billy Wilder, Ariane (Love in the Afternoon), sorti en 1957. Dans cette comédie romantique sophistiquée, elle partageait l’affiche avec des monstres sacrés comme Gary Cooper, Audrey Hepburn et Maurice Chevalier.

Mais sa filmographie ne s’arrête pas là. Elle a brillé dans Les Enfants de l’amour (1953), La Fille du fleuve (1954) ou encore Ces dames préfèrent le mambo (1957). Elle était de cette génération d’actrices capables de passer du drame à la comédie légère avec une aisance déconcertante, illuminant chaque scène de sa présence magnétique.

Un départ prématuré et un destin singulier

Pourtant, alors qu’elle était au sommet de sa gloire, Lise Bourdin a pris une décision qui a surpris tout le monde : elle a mis un terme brutal à sa carrière à la fin des années 60. Avec une lucidité désarmante, elle confiait plus tard avoir souffert du manque de reconnaissance de la presse et du milieu. « Je me disais que je n’aurais jamais la carrière que je méritais, alors j’ai arrêté », expliquait-elle avec amertume mais dignité.

Elle a alors choisi une autre vie, loin des projecteurs. Elle épousera l’homme d’affaires brésilien Roberto Seabra, vivant un temps au Brésil, avant de partager la vie de l’homme politique Raymond Marcellin pendant trois décennies, jusqu’à la mort de ce dernier en 2004.

Vintage Photos of Audrey Hepburn During the Filming of 'Love in the  Afternoon' (1957) ~ Vintage Everyday

Une mémoire vivante jusqu’au bout

Retirée dans les Landes, Lise Bourdin n’avait pourtant pas dit son dernier mot. En 2022, elle publiait ses mémoires, Derrière la balustrade ou la vie fracassée et Mémoires d’une femme libre née en 1925, offrant enfin sa propre vérité sur son parcours exceptionnel.

Aujourd’hui, alors que nous nous apprêtions à célébrer son centenaire, nous pleurons une grande dame. Lise Bourdin était bien plus qu’une image sur papier glacé ou une silhouette sur pellicule ; elle était une femme libre, talentueuse et courageuse, qui a su dire non quand le monde attendait d’elle qu’elle continue de sourire sans rien dire.

Adieu, Madame Bourdin. Vous avez manqué votre centenaire de deux jours, mais votre légende, elle, est désormais éternelle.