Ce samedi 5 décembre 2020 restera gravé comme une journée de grisaille et de silence dans le petit village d’Authon, niché au cœur du Loir-et-Cher. Loin des fastes de la République et du tumulte parisien, c’est ici, sur ses terres, que Valéry Giscard d’Estaing a tiré sa révérence. Dans une atmosphère glaciale, empreinte d’une solennité presque monacale, l’ancien chef de l’État a effectué son dernier voyage, entouré de ceux qui ont partagé sa vie, ses triomphes et ses peines. Récit d’un adieu où l’intimité familiale a pris le pas sur le protocole d’État, pour un moment d’une rare intensité émotionnelle.
Le silence d’Authon : Un décor pour l’éternité
Il est 10h30 lorsque le temps semble se figer sur la petite place du village. Le ciel est bas, lourd, comme pour s’accorder au deuil qui frappe la nation. Mais ici, point de gardes républicains à perte de vue ni de foule scandant un nom. Juste le bruit feutré d’un corbillard qui s’avance, escorté sobrement par quelques motards de la gendarmerie.
C’est la volonté du défunt. Valéry Giscard d’Estaing, l’homme qui a modernisé la France, qui a fait entrer la communication à l’Élysée, a choisi de partir comme il a vécu ses dernières années : dans la pudeur. La crise sanitaire du Covid-19, qui l’a emporté à l’âge de 94 ans, a imposé ses règles strictes, mais elle a aussi exaucé ce vœu d’intimité.

À l’arrivée du cercueil devant la petite église d’Authon, l’émotion est palpable. Ce n’est pas seulement un ancien Président que l’on enterre, c’est un mari, un père, un grand-père. Le cercueil est recouvert de deux étoffes, symboles indissociables de son existence : le drapeau tricolore, pour cette France qu’il a servie avec passion, et le drapeau européen, pour ce continent qu’il a rêvé d’unir. Ces deux bannières, battues par le vent froid de décembre, racontent à elles seules l’histoire d’une vie d’engagement.
Le clan Giscard : Une douleur digne et silencieuse
Au premier rang de ce cortège funèbre, une silhouette fragile mais digne attire tous les regards : Anne-Aymone Giscard d’Estaing. Celle qui fut la Première dame discrète, l’ombre bienveillante du Président, affronte cette épreuve avec une force admirable. Après 68 ans de mariage, elle dit adieu à son compagnon de route. On imagine le vide vertigineux, les souvenirs qui se bousculent, de l’Élysée aux soirées tranquilles d’Authon.
Autour d’elle, le clan fait bloc. Ses enfants, Valérie-Anne, Henri et Louis, sont là, visages fermés, marqués par le chagrin. Ils sont les gardiens de la mémoire, les héritiers d’un nom qui résonne dans l’Histoire. Henri Giscard d’Estaing, le fils, avait confié la veille la volonté de son père : “Une cérémonie dans la plus stricte intimité familiale”. Promesse tenue. Ils ne sont qu’une quarantaine – famille proche et collaborateurs de toujours – à pénétrer dans la nef de l’église.
Pas de discours politiques, pas d’élans patriotiques bruyants. Juste des fleurs, majoritairement blanches, alignées avec simplicité. La cérémonie religieuse, célébrée par l’évêque de Blois et le curé de la paroisse, est à l’image de l’homme : cultivée et empreinte de spiritualité.
La musique pour “accompagner l’envol de l’âme”
Si les mots se font rares, la musique, elle, prend toute la place pour exprimer l’indicible. Valéry Giscard d’Estaing était un mélomane averti, un amoureux des arts. Il avait tout prévu, orchestrant lui-même la bande-son de son départ.
Dans l’acoustique de l’église de village, les notes s’élèvent, pures et déchirantes. Trois virtuoses ont fait le déplacement pour honorer sa mémoire : la soprano Karine Deshayes, dont la voix céleste semble percer la voûte de pierre, accompagnée par le violoncelle de Roland Pidoux et le piano d’Alexandre Kantorow.
Ils interprètent Chopin, dont la mélancolie sied si bien à cet instant. Puis Beethoven, pour la grandeur. Et enfin Schubert, dont la douceur tragique fait couler les larmes que la dignité retenait jusqu’alors. “La musique fera partie de la cérémonie pour accompagner l’envol de l’âme”, précisait le livret de messe. Dans ce moment suspendu, entre la terre et le ciel, la beauté de l’art offre une consolation que la politique ne saurait donner.
Les retrouvailles éternelles avec Jacinte
Mais le moment le plus poignant de cette matinée n’est peut-être pas celui que l’on croit. Il se joue après la messe, dans le secret du terrain privé attenant au cimetière communal. C’est là que Valéry Giscard d’Estaing avait fait construire une chapelle, sur un terrain qu’il avait lui-même acquis, “l’Étoile”.
Il ne part pas seul. Il va rejoindre quelqu’un qu’il n’a jamais cessé de pleurer. En 2018, le clan Giscard avait été frappé par une tragédie absolue : la mort de Jacinte, la benjamine, emportée par la maladie à seulement 57 ans. Ce décès avait brisé le cœur du patriarche. On dit qu’il ne s’en était jamais vraiment remis.
Aujourd’hui, la boucle est bouclée. Le cercueil de Valéry Giscard d’Estaing est descendu dans ce caveau familial pour y reposer aux côtés de sa fille chérie. C’est une réunion par-delà la mort, un apaisement final pour un père qui retrouve son enfant. Cette image, invisible aux yeux du public mais présente dans tous les esprits, donne à ces obsèques une dimension tragique et profondément humaine. L’homme d’État s’efface pour laisser place au père aimant, qui trouve enfin le repos éternel auprès des siens.
Une page d’Histoire se tourne
Alors que le convoi quitte les lieux et que les grilles du domaine se referment, c’est une page gigantesque de l’Histoire de France qui se tourne définitivement. Valéry Giscard d’Estaing laisse derrière lui une France transformée : le droit de vote à 18 ans, la légalisation de l’IVG, le divorce par consentement mutuel, la modernisation de l’économie… Son empreinte est partout.
Mais ce samedi à Authon, ce n’est pas le réformateur que l’on pleure. C’est l’homme qui aimait chasser dans ces bois, qui discutait avec les habitants du village, qui jouait de l’accordéon et qui aimait passionnément sa famille.
La France perd un Président, mais Anne-Aymone perd sa moitié et ses enfants leur guide. Dans le froid de décembre, la chaleur des souvenirs est le seul refuge. Valéry Giscard d’Estaing est parti comme il l’avait souhaité : sans bruit, avec élégance, entouré d’amour et de musique. Un départ moderne pour un homme qui l’était résolument, jusqu’à son dernier souffle. Adieu, Monsieur le Président.
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