Tension maximale sur BFM. Le tweet de Bardella sur “l’ensauvagement” refait surface après le verdict de l’affaire Lola. Le face-à-face avec le journaliste est brutal et révélateur. Découvrez la séquence vidéo explosive dans le premier commentaire.

La France a retenu son souffle, puis a reçu le verdict avec un mélange de soulagement et de gravité. L’affaire Lola, ce drame qui a secoué la nation jusqu’à ses fondations, a connu sa conclusion judiciaire : la perpétuité incompressible pour la meurtrière. C’est un verdict historique, la première fois qu’une femme écope de cette peine en France, un verdict que beaucoup, à l’instar de la famille endeuillée, voient comme la justice qui, “pour une fois, a fait son travail”. Mais si les portes du tribunal se sont refermées, celles du débat politique et médiatique, elles, se sont rouvertes avec fracas. Au cœur de cette nouvelle tempête : un échange télévisé tendu, presque chirurgical, entre Jordan Bardella et un journaliste de BFM, ravivant la controverse qui a entouré la récupération politique de cette tragédie.

Pour comprendre la tension palpable sur le plateau, il faut rembobiner. Au moment des faits, le tweet de Jordan Bardella avait agi comme un détonateur : “Une nouvelle vie française fauchée par l’ensauvagement et l’immigration”. Ces mots avaient provoqué un “énorme scandale”, particulièrement chez “les gens de gauche”, qui y voyaient une instrumentalisation indigne du drame à des fins politiques, accusant le Rassemblement National de lier sans nuance un acte de barbarie isolé à l’ensemble du phénomène migratoire. La meurtrière, une femme de nationalité algérienne sous le coup d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) non exécutée, cristallisait alors toutes les fractures du pays.

Avec le verdict, la polémique est donc revenue en plein direct. Le journaliste de BFM, dans un exercice classique de confrontation médiatique, a voulu remettre le président du RN face à ses déclarations. “Le sujet, c’est que cette meurtrière n’aurait pas dû être en France”, concède d’abord le journaliste, avant de dégainer le fameux tweet. La tension monte. L’objectif de l’intervieweur semble clair : pousser Bardella dans ses retranchements, le forcer à justifier ce qu’il considère comme un raccourci dangereux.

C’est alors que l’échange bascule. Le journaliste pose la question piège, celle qui doit démontrer le caractère xénophobe de la récupération politique : “Est-ce que Lola a été tuée parce que française ?”. La question est suspendue dans l’air, chargée de sous-entendus. Elle vise à déplacer le débat du terrain de l’échec administratif (une personne en situation irrégulière qui n’aurait pas dû être sur le territoire) vers celui du mobile (un crime raciste anti-Français). Un “oui” serait une affirmation grave et potentiellement infondée ; un “non” affaiblirait toute sa ligne politique sur le lien entre immigration et insécurité.

La réponse de Jordan Bardella est un modèle de pivot politique, une manœuvre que ses partisans qualifient de “magistrale” et que la vidéo source décrit comme “ridiculisant” le journaliste. Au lieu de répondre sur le pourquoi, il répond sur le qui. D’un ton calme, presque professoral, il rétorque : “Mais elle est française ou pas ?”. Le journaliste, pris de court, balbutie. Bardella insiste, “A priori Lola est française”, confirmant ainsi la première partie de son tweet (“une nouvelle vie française”) comme un fait indéniable.

Par cette simple question rhétorique, Bardella déplace l’épicentre du débat. Il refuse de se laisser entraîner sur le terrain glissant de l’intentionnalité du crime, un terrain sur lequel le journaliste l’attendait. Son message est différent. Il ne dit pas que Lola est morte parce que française, mais en tant que Française, victime d’un système migratoire qu’il juge défaillant. Il enfonce le clou en reprenant la main de l’interrogatoire : “La personne qui est pour l’instant suspectée de l’avoir assassinée… est-elle liée à l’immigration ?”.

Face à cette question, le silence est une réponse. La meurtrière est algérienne, en situation irrégulière, connue des services de police. Pour Bardella et son électorat, le lien est évident, direct, et causal. Non pas un lien de haine raciale, mais un lien de présence indue. La faillite de l’État à faire appliquer l’OQTF est, dans sa rhétorique, la cause première qui a rendu le meurtre possible. Le journaliste, qui cherchait à le coincer sur le “parce que française”, se retrouve à devoir tacitement admettre le lien factuel de la meurtrière à “l’immigration”.

La satisfaction exprimée par Jordan Bardella suite à la condamnation boucle la boucle de sa communication. Elle lui permet de se positionner à la fois comme celui qui avait raison dès le début, pointant du doigt ce qu’il considère être la source du mal, et comme celui qui respecte la décision de justice, une justice qui a prononcé une peine d’une sévérité absolue.

Au-delà de la joute verbale, cet incident BFM révèle la difficulté, voire l’impossibilité, d’un dialogue apaisé en France sur ces sujets. L’affaire Lola n’est plus seulement un fait divers tragique ; elle est devenue un symbole, un point de ralliement pour deux France qui ne se comprennent plus. D’un côté, ceux qui voient un crime. De l’autre, ceux qui voient un symptôme. Et au milieu, le souvenir d’une enfant de 12 ans, dont le nom est désormais gravé dans la mémoire collective, non seulement pour l’horreur de sa mort, mais aussi pour la tempête politique qu’elle a déchaînée.