Séisme à France 2 : Léa Salamé définitivement écartée du 20h, Baptiste Marteau triomphe et s’installe

C’est une secousse sismique dont les couloirs de France Télévisions se souviendront longtemps. Une nouvelle qui, bien que murmurée ces derniers temps, vient de prendre la forme d’une confirmation brutale : Léa Salamé, l’une des figures de proue de l’information de la chaîne publique, ne reviendra pas à la présentation du prestigieux journal de 20 heures. La nouvelle est tombée comme un couperet, mettant fin à des semaines de spéculations et confirmant ce que beaucoup n’osaient croire : le “joker” a détrôné la reine.

Le “joker” en question n’est autre que Baptiste Marteau. Celui qui assurait l’intérim, dans un premier temps perçu comme un simple remplacement temporaire, a transformé l’essai en une véritable prise de pouvoir, douce mais implacable. La source est formelle : « Elle ne reviendra pas ». Une phrase courte, définitive, qui scelle le sort de l’intervieweuse politique de choc au sein de la grand-messe du soir.

Mais comment en est-on arrivé là ? Pour comprendre ce revirement spectaculaire, il faut remonter à l’absence initiale de Léa Salamé. La journaliste, qui cumule les rendez-vous à haute responsabilité – de la matinale de France Inter à son talk-show à succès “Quelle Époque !” – avait, selon les informations, pris congé « un peu plus tôt » que prévu. Une pause, peut-être pour se recentrer sur ses autres activités, peut-être simplement pour souffler après une saison éprouvante. Une absence qui, dans le monde impitoyable de la télévision, a ouvert une brèche.

Baptiste Marteau s’y est engouffré. Et il n’a pas fait que “garder la boutique”. Il l’a fait prospérer.

Le terme clé de cette affaire est « remontée ». Alors que les remplaçants se contentent souvent de maintenir les audiences, Baptiste Marteau a réussi l’exploit de les faire progresser. Dans la guerre acharnée que se livrent TF1 et France 2 à cette heure stratégique, chaque point d’audimat est une victoire. Marteau n’a pas seulement gagné des batailles ; il semble avoir remporté la guerre de l’adhésion.

Son style, différent de celui de Léa Salamé, y est pour beaucoup. Là où Salamé est connue pour son approche incisive, son énergie parfois clivante et ses interviews politiques musclées, Marteau offre un visage différent. Plus posé, plus lisse peut-être, mais perçu comme plus proche, plus accessible. Son ton est celui de la pédagogie tranquille, son sourire celui du “gendre idéal” qui vous explique le monde sans vous agresser. En ces temps d’anxiété collective, il semblerait que les téléspectateurs aient plébiscité cette forme de sérénité informative.

La sanction du public a été immédiate et sans appel. Les réseaux sociaux, caisse de résonance des humeurs populaires, se sont enflammés. « Comme de nombreuses personnes le réclament », précise la source. Ce n’est donc pas seulement une décision prise dans le secret des bureaux de la direction ; c’est une décision poussée, presque exigée, par la base. Les commentaires louant la “fraîcheur”, le “professionnalisme” et la “clarté” de Baptiste Marteau ont fleuri, éclipsant peu à peu le souvenir de la titulaire.

Face à cette “remontée” de popularité et d’audience, la direction de France Télévisions s’est retrouvée face à un dilemme cornélien. D’un côté, une star maison, Léa Salamé, une marque de fabrique de l’info, puissante et installée. De l’autre, un “joker” qui fait soudainement mieux que la star, porté par un véritable plébiscite. Dans le cynisme feutré du PAF (Paysage Audiovisuel Français), la règle d’or reste celle de l’audience. Et les chiffres de Marteau parlaient pour lui.

La décision a donc été prise. « Celui-ci va continuer l’antenne ». Ce n’est plus un intérim, c’est une installation. L’information va plus loin : il va « potentiellement prendre la place ». L’usage du terme “potentiellement” semble ici être un euphémisme prudent pour ne pas officialiser une éviction qui ressemble pourtant en tout point à un fait accompli. Car si « elle ne reviendra pas » au 20h, la place n’est, de fait, plus “potentiellement” à prendre. Elle est prise.

Pour Léa Salamé, le coup doit être rude. Être remplacée est une chose. Être remplacée avec un tel succès, au point que votre retour devienne indésirable aux yeux du public et de votre direction, en est une autre. C’est une leçon cruelle sur la volatilité de la popularité médiatique. La journaliste, réputée pour sa force de caractère et son ambition, ne disparaît évidemment pas des écrans. Ses autres émissions cartonnent et son poids dans le paysage médiatique reste considérable. Mais la perte du 20h n’est pas anecdotique. C’est une perte de pouvoir, une perte de visibilité sur la tranche la plus exposée du service public.

Pour Baptiste Marteau, c’est la consécration d’un parcours patient. Longtemps cantonné aux remplacements, que ce soit à Télématin ou aux JT, il était l’éternel “bon élève”, le professionnel fiable sur qui l’on compte, mais jamais celui sur qui l’on mise en premier. Il a saisi sa chance avec une efficacité redoutable, prouvant qu’il n’était pas seulement un remplaçant, mais un titulaire en puissance. Il a su créer un lien direct avec les téléspectateurs, un rendez-vous. Il a transformé le statut précaire de “joker” en celui, convoité, de “pivot”.

Ce drame en trois actes – l’absence de la star, la révélation du remplaçant, l’éviction de la première – est un cas d’école de la manière dont la télévision moderne fonctionne. Elle est de moins en moins une affaire de statuts acquis et de plus en plus une validation permanente par le public. La direction de France 2 a écouté les chiffres, mais elle a surtout écouté la voix des téléspectateurs qui, massivement, réclamaient la continuité de Baptiste Marteau.

Désormais, la question est de savoir comment cette nouvelle dynamique va s’installer. Léa Salamé concentrera-t-elle son énergie sur “Quelle Époque !” pour en faire une franchise encore plus puissante ? Ou cherchera-t-elle une revanche, sur une autre chaîne ou un autre créneau ? Quant à Baptiste Marteau, parviendra-t-il à maintenir cette performance sur la durée ? La pression est désormais sur ses épaules. Il n’est plus l’outsider sympathique ; il est le titulaire, celui que l’on attend au tournant.

Une chose est certaine : le 20h de France 2 a changé de visage, non pas à cause d’un mercato planifié, mais à cause d’un alignement des planètes inattendu : l’absence d’une titulaire, la performance d’un remplaçant et le verdict souverain du public. Le trône est occupé. Et pour Léa Salamé, au 20h, la porte est désormais fermée.