L’Héritage Hallyday : Le Cri de Jean-Marie Périer – “Jamais Johnny n’a voulu déshériter ses gosses, je n’y crois pas !”

« Johnny a marqué sur un testament qu’il renie deux de ses gosses… Je le crois pas. Il fait pas ça avec ses gosses. C’est pas possible. Je ne le crois pas. »

Ces mots, lourds de sens, ne viennent pas d’un chroniqueur en quête de buzz ou d’un fan éploré. Ils viennent de Jean-Marie Périer. À 84 ans, le photographe légendaire, l’homme qui a capturé l’âme des années yé-yé et qui fut l’un des plus proches amis de Johnny Hallyday, a décidé de briser un silence assourdissant. Sa conviction, martelée comme un mantra, est simple et dévastatrice : Johnny n’a jamais, au grand jamais, voulu déshériter David et Laura.

Cette déclaration, lâchée pour la première fois en 2019, n’est pas une simple opinion. C’est une accusation. Une accusation qui, sans jamais la nommer, désigne une coupable idéale : Laeticia Hallyday. Car si Johnny n’a pas voulu, cela signifie qu’on l’a voulu pour lui. Que quelqu’un a profité de ses derniers moments, de sa faiblesse, pour tirer les ficelles d’un testament qui a choqué la France.

Pour comprendre le poids sismique des paroles de Périer, il faut comprendre qui il est. Jean-Marie Périer n’est pas un “paparazzi opportuniste”. Né dans le sérail, fils biologique d’Henri Salvador et élevé par l’acteur François Périer, il a toujours su décoder les apparences du showbiz. Devenu photographe officiel de “Salut les copains” en 1962, il n’a pas seulement photographié une génération, il l’a définie. Les Beatles, les Rolling Stones, Françoise Hardy, et bien sûr, Johnny.

Son œuvre la plus célèbre, la “photo du siècle” du 12 avril 1966, réunissant 46 vedettes, place Johnny en son centre. Mais sa relation avec l’idole dépassait de loin le cadre professionnel. Périer était un ami, un intime. Il fut le témoin de Johnny à son mariage avec Sylvie Vartan. Il les a même accompagnés en voyage de noces. C’est une amitié de cinquante ans, une vie de confidences, de triomphes et de doutes partagés.

Alors, quand cet homme, ce témoin privilégié, observe la bataille posthume qui déchire le clan Hallyday, son malaise est palpable. Le 5 décembre 2017, la mort de Johnny bouleverse la France. Quelques semaines plus tard, l’onde de choc du testament californien, qui exclut totalement David et Laura, transforme le deuil national en un spectacle sordide.

Pendant des mois, Périer se tait. Par respect. Mais en février 2019, il accorde une interview au journal suisse Le Temps et vide son sac. Le mot qu’il utilise pour qualifier cette guerre d’héritage est “sinistre”. Il concède que Johnny est “un peu fautif” de ne pas avoir “réglé les choses avant”, de ne pas avoir su “gérer le quotidien”. Mais il ajoute immédiatement la phrase qui deviendra son leitmotiv : “Mais jamais il ne s’est dit qu’il allait déshériter ses gosses. Ça je n’y crois pas.”

Cette affirmation est une bombe. Périer, qui a vu David naître, qui a photographié Laura adolescente, qui connaît l’amour, certes imparfait et souvent absent, que Johnny portait à ses enfants, ne peut accepter cette réalité testamentaire. Pour lui, c’est une aberration, une impossibilité morale.

S’il en est si convaincu, c’est que Périer a sa propre théorie sur les derniers mois de l’idole. Lui, le “fils de” qui a “vu tout petit le rôle des courtisans”, affirme avoir reconnu les mécanismes à l’œuvre. Il parle d’un Johnny “encerclé”, “isolé”, “coupé de ses vrais amis”. Une “bulle” aurait été méthodiquement construite autour du rockeur, le coupant de ceux qui auraient pu s’opposer à ce testament.

Des rumeurs, que le photographe ne confirme pas mais qui abondent dans son sens, circulent. Des amis de longue date, comme Pascal Obispo, parlent de messages restés sans réponse. Eddie Mitchell évoque un Johnny “gouroutisé”. Sylvie Vartan, la mère de David, affirme ne pas avoir pu lui parler. Tous décrivent ce même “mur”, cette même “bulle hermétique”. Et au centre de cette bulle, Laeticia.

Pour Jean-Marie Périer, l’objectif de cet isolement était clair : tenir à distance tous ceux qui auraient pu dire : “Non Johnny, tu ne peux pas faire ça à tes enfants.” Dans ce vide, dans ce silence imposé, le testament a pu être signé. Les rumeurs vont plus loin, évoquant un homme diminué par un cancer et des médicaments puissants, dont les “capacités de jugement étaient altérées”, un homme à qui “on aurait pu lui faire signer n’importe quoi”.

Mais la révolte de Périer ne s’arrête pas à l’injustice faite à David et Laura. Elle est aussi nourrie par une blessure intime et profonde. L’histoire de sa propre filiation est complexe. Rejeté par son père biologique, Henri Salvador, il sait la douleur de ne pas être reconnu. “Pour cela je le maudis et je ne lui pardonnerai jamais”, dira-t-il de Salvador. En voyant David et Laura rejetés symboliquement par leur père, même post-mortem, Périer revit son propre “trauma”. Pour lui, c’est “impardonnable”. Un père ne fait pas ça.

Au-delà du drame familial, c’est aussi la gestion de l’héritage artistique qui scandalise le photographe. Dans une interview à Paris Match en 2022, il dénonce une trahison de l’esprit même de Johnny. L’homme qu’il a connu était “généreux”, il “aimait que les artistes reprennent ses chansons”. Aujourd’hui, Périer voit une œuvre “contrôlée, verrouillée, monétisée à l’extrême”.

Il fustige la “monumentalisation” de son ami. La statue érigée devant Bercy, une Harley sur un manche de guitare, est qualifiée de “ridicule” par Périer, tout comme par Eddie Mitchell. “Johnny détestait ça. Il n’aimait pas les statues”, confie le photographe. Il voit les expositions payantes, les “reliques”, et ne reconnaît plus l’homme simple que Johnny était dans l’intimité.

Cette version officielle, cette icône commerciale que Laeticia tente de vendre, ne correspond pas à la vérité de Jean-Marie Périer. Et il en paie le prix. Lui, le témoin de 50 ans, n’est jamais “consulté pour les projets d’exposition organisés par Latitia”. Ses milliers de photos, ses clichés intimes qui racontent une autre histoire, sont ignorés.

Pourquoi ? La réponse, pour Périer, est évidente. Il est devenu un “témoin gênant”. Ses images “ne correspondent pas à la version que Latitia veut présenter”. Elles montrent un Johnny différent, plus complexe, peut-être moins contrôlable.

Aujourd’hui, Jean-Marie Périer s’est retiré en Aveyron, loin de la frénésie du showbiz. Il écrit, il se souvient. Il n’a plus peur de rien. Il n’a plus rien à prouver. S’il parle, ce n’est pas pour la lumière, mais par “conviction”, par “dette” envers la mémoire de son ami.

Il ne prononce jamais le nom de Laeticia comme l’instigatrice d’une manipulation. Il n’en a pas besoin. Le sous-entendu est limpide, l’insinuation écrasante. En affirmant que Johnny n’a pas déshérité ses enfants, il accuse forcément quelqu’un d’autre de l’avoir fait à sa place.

Ses mots – “Jamais il ne s’est dit qu’il allait déshériter ses gosses” – sont désormais gravés dans l’histoire de l’affaire Hallyday. Ils continueront de résonner, de peser dans la balance, tant que la vérité sur les derniers mois de l’idole ne sera pas entièrement connue, et tant que David et Laura n’auront pas, aux yeux de tous, obtenu justice. Jean-Marie Périer a choisi son camp : celui de la vérité, celui des enfants, et celui de l’homme qu’il appelait “son ami”.