« Je suis fatigué d’être forte » : Le Récit Bouleversant du Mari de Biyouna Révèle l’Agonie Secrète d’une Icône

« Je suis fatigué d’être forte » : Le Récit Bouleversant du Mari de Biyouna Révèle l’Agonie Secrète d’une Icône

Le silence, parfois, est plus lourd et plus éloquent que n’importe quel bruit. Et c’est dans un silence brisé, celui de son mari, que la vraie histoire de la disparition de Biyouna – l’icône algérienne au rire franc et à la présence flamboyante – trouve enfin sa lumière. Après des mois d’absence et de spéculations, l’époux de la diva a choisi de prendre la parole, non pas pour étaler sa douleur, mais pour honorer une promesse et réparer une injustice : celle d’une guerrière qui s’est éteinte en secret, épuisée par l’obligation d’être forte.

Le récit, d’une tendresse crue, s’ouvre sur l’instant fatal. « Elle a fermé les yeux dans mes bras en murmurant ces mots que je n’oublierai jamais : ‘Je suis fatigué d’être forte’ ». Ce sont les mots d’une combattante qui rend les armes, la phrase qui déchire le masque du rire et de la provocation que Biyouna avait porté durant toute sa vie. À 72 ans, l’artiste, qui n’était pas qu’une icône, mais une « guerrière silencieuse », a succombé à une longue souffrance, connue d’un seul homme : son époux.

La Prison du Silence

Durant de longs mois, Biyouna a vécu « enfermée dans notre maison devenue sa prison ». Une existence recluse, décidée par la star elle-même. Elle a exigé de son mari un secret absolu : « Quand elle m’a demandé de ne rien dire à nos enfants, de ne pas alerter les médias, j’ai obéi par amour ». La raison de cette discrétion radicale est déchirante : « Elle voulait disparaître loin des regards, dans le respect de sa dignité ».

C’est le fardeau de cette promesse qui a finalement poussé l’époux à rompre le silence. « Aujourd’hui je prends la parole parce que ce silence est devenu trop lourd ». Un silence qui, il l’avoue, est devenu son enfer. L’histoire de Biyouna n’est pas celle d’une disparition publique, mais celle d’une femme « fière qui a choisi de mourir comme elle a vécu : dans la discrétion et la force ».

De Baya Bouzar à l’Icône Intouchable

Pour saisir la complexité de cette femme, il faut remonter à ses origines. Bien avant d’être « Biyouna aux yeux du monde », elle était Baya Bouzar, une jeune femme vive, « insolente », née et élevée dans le quartier populaire de Bellecour, à Alger. Dans ce foyer modeste, entre les odeurs de pain chaud et de charbon, elle a vu grandir des femmes « fortes mais résignées ». Mais elle, elle refusait la résignation.

Sa carrière a décollé des théâtres amateurs aux cabarets d’Alger, où elle dansait, chantait et improvisait des sketchs. Repérée par la télévision algérienne, son personnage comique, mélange de provocation et de tendresse, a conquis un public avide de légèreté dans un pays blessé par l’histoire. Elle osait rire de tout, même de ce qui était tabou. Elle était libre, et c’est ce qui l’a rendue « si précieuse et si redoutée ».

L’Art de tout Donner et tout Garder

Le succès, cependant, a creusé un fossé entre la Biyouna publique et la Baya intime. Son mari témoigne : « Elle avait ce don de tout donner au public et de tout garder pour elle dans l’intimité ». Sa douleur, ses doutes, ses peurs, il devait les deviner, car elle ne les offrait à personne, pas même à lui.

Pourtant, cette carapace indomptable s’est fissurée sous la pression. Le « regard des autres, les rumeurs, la violence médiatique parfois l’avait peu à peu usée ». Elle disait souvent : « Les gens veulent que tu sois forte, pas que tu sois vraie ». Elle jouait donc, même à la maison. L’époux se souvient d’une soirée en 2023, après une émission à Paris, où elle s’est effondrée dans la loge, prise d’un violent vertige, et a murmuré : « Il me faut pas que ça se voit ». Elle s’est remariée, est sortie, le sourire impeccable.

À partir de 2024, le déclin s’accélère. Biyouna refuse de sortir, refuse les contrats et les invitations. La maison se transforme en « sanctuaire ou une cellule ». Elle s’isole dans la chambre d’amis, volets fermés, écoutant le monde de loin. Son plus grand souci n’était pas la mort, mais la mémoire qu’elle laisserait. « Je veux qu’ils se souviennent de moi debout, pas couchée ». Elle refusait que ses enfants la voient « abîmée ».

Le Dernier Voyage, Anonyme

Le matin de février 2025, elle se lève difficilement, les jambes tremblantes. À la fenêtre, elle murmure : « Je crois que c’est bientôt l’heure ». Malgré les supplications de son mari, elle refuse de prévenir les enfants : « Non, ils n’ont pas besoin de ça. Laisse-les tranquille. Je suis leur mère, pas leur fardeau ».

Son hospitalisation, le lendemain, fut le point culminant de cette quête de discrétion. Elle a exigé une condition : que son nom ne soit pas transmis aux services de presse et qu’elle soit la seule accompagnée de son mari. Les infirmières de la clinique privée de Marseille ne savaient même pas qui elle était vraiment. Elle avait demandé qu’on inscrive son nom de naissance : Baya Bouzar. Personne ne l’avait appelée ainsi depuis 40 ans.

Ses derniers jours furent un échange intime. Elle demandait à son époux de lui raconter ses propres souvenirs, de lui dire comment elle avait changé sa vie, « peut-être pour se convaincre qu’elle avait bien vécu ».

2h18 du matin : Le Silence Absolu

Le soir du 24 février 2025, elle l’a tenu plus fort que d’habitude. Elle transpirait, mais refusait toute assistance supplémentaire. Sa dernière demande était une promesse de discrétion, même après sa mort : « Promets-moi que tu ne diras rien. Promets que même après, tu resteras discret. Pas de télé, pas d’article ».

Vers 2 heures du matin, elle a déliré, croyant être dans leur maison de Bellecour, enfant, avec sa mère. Elle appelait : « Maman, apporte-moi du lait avec du pain grillé ». Puis elle s’est mise à chanter doucement une vieille chanson kabyle. L’heure exacte de sa mort fut 2h18 du matin.

Dans cette chambre blanche, elle était « nue, vulnérable, mais étrangement lumineuse ». Ses lèvres ont bougé une dernière fois : « J’ai dû m’approcher tout près pour entendre. Elle a murmuré : ‘Je suis allé au bout’ ». C’est dans les bras de son mari, sous un « silence épais, absolu », qu’elle a rendu son dernier souffle.

Le plus dur pour son époux, avoue-t-il, n’était pas de la perdre, « c’était de la perdre seule ». Il a attendu sept jours pour annoncer la nouvelle à leurs enfants, sans donner de détails.

Un Héritage de Discrétion et de Dignité

Biyouna avait tout préparé avec une « précision presque clinique ». Elle voulait une crémation discrète, sans cérémonie publique. Ses cendres devaient être dispersées au large de Tipaza, là où elle avait tourné son tout premier film. « Si un jour tu veux me revoir, va là-bas, regarde l’horizon et je serai la lumière dans l’eau ».

Son héritage matériel a également été géré avec une dignité rare. Son compte bancaire personnel a été vidé, l’argent réparti en « dons anonymes » pour des œuvres sociales en Algérie et des soutiens à de jeunes comédiennes en galère. Elle ne voulait pas que sa mort devienne « une affaire d’héritage ». Elle a déposé une lettre manuscrite chez un notaire de Marseille, demandant que rien de ce qu’elle possédait ne soit utilisé pour nourrir la curiosité publique.

Elle n’avait pas de villa luxueuse. Tout ce qu’elle avait, elle l’avait « dépensé en vie ». Quant à sa maison, elle a fait promettre à son mari de ne pas en faire un « lieu de pèlerinage » : « Brûle mes lettres, mes journaux intimes. Ce qui reste de moi est dans ta mémoire, pas dans ces murs ».

Ses enfants ont respecté son choix, ne demandant ni compte, ni objet, juste une copie d’une dernière chanson enregistrée en secret sur un vieux dictaphone. Il n’y a pas eu de conflit, pas de tribunal. C’était exactement ce qu’elle voulait.

Biyouna n’a pas eu d’hommage national, pas de fanfare, ni de tapis rouge pour son départ. Mais elle a eu « mieux : le respect du silence ». Son mari, qui porte aujourd’hui seul ce fardeau, conclut son témoignage par une requête poignante : « si vous pensez à elle, ne la pleurez pas trop fort. Fermez les yeux, écoutez le silence et vous entendrez peut-être cette voix rauque et douce vous dire : ‘J’ai fait ce que j’ai pu. Maintenant, reposez-vous pour moi’ ». L’histoire de Biyouna est celle d’une star qui a conquis le monde par son bruit et qui a retrouvé sa dignité en choisissant le silence. Elle a tout donné, même la solitude de son dernier souhait, porté avec amour par celui qui l’a aimée jusqu’à l’ultime soupir.