“Jacqueline Bisset a maintenant plus de 80 ans et sa vie est triste : une icône du cinéma des années 70 et 80 qui traverse des épreuves difficiles, loin des projecteurs qui l’ont autrefois adorée.”

Jacqueline Bisset, icône de cinéma des années 60 et 70, fut une figure marquante d’une époque où Hollywood brillait de mille feux. Ses yeux verts perçants et ses pommettes saillantes n’étaient pas seulement un symbole de beauté, mais aussi un reflet d’une carrière tissée dans l’intensité et la complexité. Cependant, derrière ce glamour se cachait une histoire de sacrifices personnels et de solitude profonde, une réalité souvent masquée par la superficialité du succès.

Née Winnie Fred Jacqueline Fraser Bisset le 13 septembre 1944 à Waybridge, dans le Surrey, en Angleterre, elle grandit dans une famille marquée par la guerre et les bouleversements personnels. Sa mère, Harlette Alexander, avocate en France, s’échappa de Paris durant l’occupation allemande en 1940, un acte de courage qui devint une légende familiale. C’est de cette résilience que Jacqueline hérita, elle qui fut élevée dans un cottage du XVIIe siècle, entourée de livres mais privée des distractions modernes. Loin du tumulte d’Hollywood, elle développa très tôt une forte indépendance, un sens du devoir marqué par les responsabilités familiales.

À 15 ans, alors que ses camarades se préoccupaient des choses de l’adolescence, Jacqueline devait assumer le rôle d’aidante, prenant soin de sa mère atteinte de sclérose en plaques. Cette épreuve façonna sa force intérieure, mais la conduisit aussi à une solitude précoce. Le mannequinat devint son premier refuge, lui permettant de financer son rêve d’une carrière d’actrice. Mais malgré de nombreuses auditions et quelques petits rôles, la célébrité tarda à arriver.

Elle commença à se faire un nom avec The Knack and How to Get It en 1965, un film qui remporta la Palme d’or à Cannes. Cependant, ce n’est qu’en 1968, après avoir remplacé Mia Farrow dans The Detective, que Jacqueline Bisset se retrouva sous les projecteurs. Cette année-là marqua le début de son ascension fulgurante. Dans un Hollywood impitoyable, elle devint une star montante, admirée non seulement pour sa beauté, mais aussi pour sa capacité à jouer des rôles plus complexes.

La transition vers des rôles plus sérieux s’opéra lentement mais sûrement. En 1969, elle fut choisie pour The Sweet Ride, où elle joua une jeune femme perdue dans la désillusion de la jeunesse. Ce rôle, qui lui valut une nomination au Golden Globe, lui permit de se faire remarquer par un public plus large. Elle poursuivit son ascension en 1970, avec un rôle notable dans Casino Royale, la parodie de James Bond. Cette année-là, elle décrocha également son rôle dans Bullitt aux côtés de Steve McQueen, une performance qui renforça son image de star du cinéma d’action.

Mais si Jacqueline Bisset gagna la reconnaissance, elle dut aussi faire face à l’objectification constante à Hollywood. Sa beauté était souvent mise en avant, et ce fut parfois un fardeau. Le rôle de « sex-symbol » l’enferma dans des personnages stéréotypés qui ne reflétaient pas ses véritables aspirations. En 1970, son rôle dans Airport, où elle joua une hôtesse de l’air enceinte, fit d’elle une star internationale, mais ce rôle, bien qu’important pour sa carrière, la laissa frustrée par le manque de variété dans ses rôles.

Malgré ce succès grandissant, Jacqueline Bisset se retrouva souvent prise dans des relations tumultueuses et publiques. Elle vécut une longue romance avec l’acteur Michael Sarrazin, mais leur relation prit fin sans scandale, soulignant une fois de plus le désir de Bisset de préserver une certaine discrétion dans sa vie personnelle. Ses autres liaisons, notamment avec l’acteur Ryan O’Neal et le danseur Alexander Godunov, firent également les gros titres, mais jamais elle ne se laissa définir par ses relations.

Hollywood, malgré son admiration pour elle, ne parvint pas à la comprendre pleinement. Trop belle pour des rôles plus profonds, trop indépendante pour se conformer au système des studios, elle finit par chercher sa place ailleurs, notamment en Europe, où elle trouva des rôles plus sérieux. La Nuit américaine de François Truffaut en 1973 fut un tournant majeur dans sa carrière. Ce rôle, dans un film qui dépeignait les coulisses du cinéma, lui donna enfin l’occasion de démontrer son talent de comédienne. Elle acquit ainsi un respect que Hollywood lui avait longtemps refusé.

Cependant, malgré ses choix de carrière, la question du mariage et de la maternité demeura un sujet sensible. Bien que de nombreuses actrices de sa génération aient été définies par leurs époux et enfants, Jacqueline Bisset choisit de ne jamais se marier ni d’avoir d’enfants. Elle considérait que la maternité ne correspondait pas à ses aspirations personnelles et à sa carrière. Elle expliqua un jour qu’elle ne voulait pas élever d’enfants tout en poursuivant sa carrière, craignant que ses enfants ne soient accablés par une célébrité qu’ils n’avaient pas choisie.

Les années 80 et 90 furent plus difficiles. Bien que sa carrière n’ait pas toujours été en plein essor, Jacqueline Bisset rebondit avec des rôles importants, notamment dans Rich and Famous et Under the Volcano. Pourtant, son cœur resta marqué par ses expériences passées. Elle perdit tragiquement Alexander Godunov, un homme qu’elle aimait profondément, en 1995. Sa vie privée, bien que marquée par des relations intenses, demeura marquée par une profonde solitude.

À l’aube des années 2000, Jacqueline Bisset se réinventa encore. Elle se distingua par ses rôles dans des séries télévisées comme Nip/Tuck et Dancing on the Edge, ce qui lui valut en 2013 un Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle. Elle était désormais une actrice mûre et respectée, capable de jouer des rôles complexes, loin des stéréotypes qui l’avaient autrefois définie.

Aujourd’hui, même à l’âge de 80 ans, Jacqueline Bisset reste une figure emblématique, bien que marquée par les choix de sa vie personnelle et les sacrifices qu’elle a faits pour suivre son propre chemin. Elle incarne une femme qui a défié les attentes, une légende du cinéma dont le parcours est aussi marqué par la gloire que par la solitude. Son histoire témoigne de la complexité des vies menées sous les projecteurs et de la difficile quête de l’équilibre entre carrière, amour et indépendance.