« Instagrammeur » contre Avocat : Le KO Fatal de Jordan Bardella à Charles Consigny qui a exposé la fracture entre l’élite et le peuple

« Instagrammeur » contre Avocat : Le KO Fatal de Jordan Bardella à Charles Consigny qui a exposé la fracture entre l’élite et le peuple

Dans l’arène médiatique française, où le débat est souvent une question de positionnement social avant d’être une affaire d’idées, certains duels atteignent une intensité rarement égalée. Le face-à-face récent entre Charles Consigny, avocat, chroniqueur et représentant d’une certaine « droite intellectuelle », et Jordan Bardella, figure de proue du Rassemblement National (RN), n’est pas seulement un échange politique. C’est une confrontation symbolique, un choc frontal entre la légitimité traditionnelle du diplôme et du « CV Capé » et la légitimité crue et populaire du vote de masse. Ce qui devait être un piège tendu par l’élite s’est transformé en un « K.O. fatal », où une seule statistique a suffi à pulvériser l’argumentaire de l’agresseur. L’enjeu n’était pas le programme du RN, mais la question fondamentale de savoir qui, en France, est désormais autorisé à gouverner.

La Nostalgie des « Types Ultra Capés » : Le Piège Consigny

Charles Consigny, en ouvrant les hostilités, a adopté une stratégie aussi classique que dangereuse : l’attaque sur l’expérience et le pedigree. Son argumentaire se déploie comme une généalogie déclinante de la classe politique française. Il évoque d’abord une nostalgie de l’ère Giscard, celle des « ingénieurs », des « types ultra capés, haut de gamme », dont la compétence technique était jugée garante de la bonne marche du pays.

Cette élite est ensuite remplacée par les « avocats », des personnalités certes brillantes, mais qui « cherchent des causes » et n’ont pas « sur tous les sujets très techniques des connaissances très précises ». L’avocat Consigny se positionne déjà à un niveau de déclin par rapport à l’ingénieur.

Mais c’est en visant la génération actuelle qu’il frappe le plus fort, désignant Jordan Bardella et, par extension, Gabriel Attal, comme des figures appartenant à « l’ère des Instagrammeurs ». L’attaque est claire : le leader du RN n’est qu’un maître de l’image, un créateur de tendances politiques sur la forme, à l’instar d’un « Jacquemus » dans la mode. Il lui concède un « talent oratoire » et une « très bonne maîtrise de l’image », mais lui dénie toute substance et toute légitimité à diriger.

L’accusation ultime est celle de la « déconnexion ». Consigny, se faisant le porte-parole des « millions de petits chefs d’entreprise qui galèrent » et des « millions de gens qui se tapent des métiers très durs », pose la question qui se veut imparable : « comment pensez-vous pouvoir gouverner des gens alors que vous n’avez aucune expérience d’aucune réalité concrète et difficile ? ». Le piège est tendu : le « pur produit » politique est jugé indigne par le représentant de la méritocratie classique.

Le K.O. du Vote : Quand le Peuple Juge l’Élite

Face à cette attaque en règle, Jordan Bardella aurait pu emprunter le chemin classique de la justification : vanter un parcours, citer un diplôme manquant, ou lister des fonctions exercées. Il a choisi la voie de l’affrontement direct et de la légitimité populaire, une stratégie rhétorique qui a instantanément retourné le rapport de force.

Sans même prendre la peine de défendre son CV, Bardella sort une statistique, un chiffre brut, que l’avocat chroniqueur ne peut que confirmer : « monsieur Consigny, je suis sur mon portable là depuis quelques minutes. J’étais en train de regarder le score que vous avez fait la dernière fois que vous êtes présenté à une élection ». La sentence tombe, glaciale : « vous avez fait 12 % ».

Le contraste est immédiat et dévastateur. En une seconde, l’intellectuel qui s’autoproclamait juge de la compétence est exposé comme un perdant électoral, sans aucune légitimité populaire pour dénigrer le succès de son adversaire. Bardella enfonce le clou, citant son propre score écrasant : « moi qui ai fait, disons, 32 % des voix aux élections européennes et 11 millions de voix lors des élections législatives ».

Ce faisant, Bardella ne se défend pas : il attaque la légitimité démocratique même de son accusateur. Le pourcentage électoral n’est pas qu’un chiffre, c’est un mandat. Il signifie que des millions de Français « trouvent un intérêt à ce que je sois dans la vie politique ». La question de l’expérience est ainsi renvoyée à la question de la représentation. Qu’est-ce qui est plus important : l’expérience d’un cabinet d’avocats ou la confiance de onze millions d’électeurs ?

Le Peuple, Juge Suprême : La Démocratie Contre le Plateau Télé

L’argument central développé par Bardella dans la foulée de ce K.O. est une dénonciation cinglante de la « bulle » élitiste et médiatique : « Je pense qu’en démocratie, les juges ne sont pas les journalistes ou les observateurs de plateau télé, mais ce sont les Français ».

Cette déclaration est la pierre angulaire de l’affrontement. En réduisant Consigny au rôle d’« observateur de plateau télé », Jordan Bardella lui ôte toute autorité politique. La légitimité d’un homme politique ne se trouve pas dans l’approbation des médias ou des intellectuels, mais dans l’urne.

Consigny est alors renvoyé à sa propre « déconnexion ». Lui qui se prétendait proche des petits patrons et des ouvriers est dépeint par Bardella comme celui qui ne comprend rien à la vie des gens simples, vivant dans un « petit confort ». L’avocat tente de se défendre en évoquant son statut d’« avocat indépendant », gérant un cabinet difficilement, partageant le quotidien des PME, mais son argument est déjà éteint. Dans la perception publique, le score électoral de 12 % a validé l’accusation de « déconnexion » bien plus que ses paroles de défense. L’élitisme n’est plus une question de revenu, mais de confiance populaire.

La Chute dans l’École : L’Humiliation Personnelle

La fin de l’échange s’est enlisée dans une querelle de cour d’école, preuve ultime de la déroute de Charles Consigny. Bardella a brandi une anecdote personnelle, l’accusant de lui avoir « couru derrière dans les loges » pour l’implorer de prendre des photos avec son équipe pendant les élections législatives.

Cette humiliation est un coup de maître rhétorique. Elle suggère que l’intellectuel qui le traite d’« Instagrammeur » en direct est secrètement fasciné par sa popularité et son pouvoir d’image. L’attaque de Consigny n’est plus une critique politique ; elle devient une preuve d’hypocrisie et de jalousie sociale. Consigny a nié avec véhémence, mais le mal était fait. La question n’était plus de savoir qui avait raison, mais qui avait humilié l’autre.

La Crise de Légitimité de la France

Ce duel, au-delà de l’anecdote télévisuelle, est un puissant révélateur de la crise de légitimité que traverse la classe politique et intellectuelle française. La confrontation Bardella-Consigny symbolise l’impuissance croissante de l’élite traditionnelle face à la vague populiste.

L’ère des “types ultra capés” de Giscard est révolue, non pas par manque de compétence technique, mais par manque de représentation. L’ingénieur et l’avocat ont perdu le lien émotionnel et social avec le « peuple » qui se sent oublié, et dont les préoccupations (pouvoir d’achat, sécurité, identité) ne trouvent plus d’écho dans les débats feutrés des plateaux.

Le leader du RN, même qualifié d’« Instagrammeur » en raison de son jeune âge et de sa maîtrise des réseaux sociaux, incarne cette nouvelle forme de légitimité : celle qui est directement accordée par le vote populaire, sans filtre médiatique ou académique. Le fait que l’argument le plus puissant de Bardella ait été un simple score électoral démontre que, dans la démocratie française d’aujourd’hui, la voix du peuple l’emporte sur l’autorité du diplôme. Le débat est terminé, la victoire est nette : face au verdict de l’urne, l’élite intellectuelle n’a plus de droit de parole.