“Grégory m’aimait et me protégeait, et moi idem !” : Les révélations poignantes de Leslie Lemarchal sur le pacte secret qui la liait à son frère

Dans le panthéon des artistes partis trop tôt, le visage de Grégory Lemarchal occupe une place à part. Celle d’un jeune homme qui, en l’espace d’une saison télévisée et d’un album fulgurant, a prouvé au monde entier que la maladie n’était pas une identité, mais un obstacle à franchir avec la voix pour seule arme. Dix-huit ans après sa disparition, son souvenir ne faiblit pas. Mais derrière l’icône publique, derrière la lutte acharnée menée par ses parents, Pierre et Laurence, se tient une figure essentielle, plus discrète mais tout aussi combattive : sa sœur, Leslie.

Dans un témoignage d’une rare intensité, Leslie Lemarchal, aujourd’hui pilier de l’Association qui porte le nom de son frère, a mis des mots sur le lien indicible qui les unissait. Une relation qui dépassait le simple amour fraternel pour devenir un pacte de protection mutuelle face à l’adversité. “Grégory m’aimait et me protégeait, et moi idem !”, a-t-elle confié.

Cette phrase, d’une simplicité désarmante, lève le voile sur la dynamique complexe et fusionnelle qui existait entre le frère aîné et sa cadette. Loin d’être une simple déclaration d’amour posthume, elle est la clé de voûte pour comprendre non seulement qui était Grégory en privé, mais aussi pourquoi Leslie continue, près de deux décennies plus tard, à porter son combat avec une telle détermination.

Car si le public a vu un jeune homme fragile se battre contre la mucoviscidose, Leslie, elle, voyait un protecteur.

Dans l’imaginaire collectif, la personne malade est celle qui reçoit la protection. Mais dans l’intimité de la famille Lemarchal, les rôles étaient fluides, presque inversés. Comment Grégory, dont le souffle même était un combat, pouvait-il “protéger” sa jeune sœur ? Il la protégeait par sa force de vie. Il la protégeait en refusant d’être réduit à sa pathologie. En montant sur la scène de la Star Academy, en poursuivant son rêve avec une détermination féroce, Grégory ne se battait pas seulement pour lui ; il se battait pour offrir à sa famille, et à Leslie, des moments de joie pure, des parenthèses de normalité volées à la maladie.

Il la protégeait en la traitant comme une sœur, pas comme l’infirmière d’un malade. Leurs disputes, leurs éclats de rire, leur complicité étaient ceux de n’importe quelle fratrie. Il la protégeait du chagrin en affichant un courage qui forçait l’admiration et interdisait la pitié. Chaque victoire de Grégory était un bouclier pour Leslie, une façon de lui dire : “Ne t’inquiète pas, je gère. Vis ta vie.”

Cette protection, c’était aussi celle d’un grand frère qui, malgré la conscience aiguë de sa propre finitude, s’inquiétait pour l’avenir de sa petite sœur. Il la protégeait de la dureté du monde extérieur, un monde qui ne comprenait pas toujours la réalité de leur quotidien.

Et puis, il y a la seconde partie de la phrase, ce “et moi idem !” qui sonne comme une promesse éternelle.

Le “moi” de Leslie était tout aussi complexe. Comment une adolescente, puis une jeune femme, protège-t-elle son frère aîné ? Elle le protégeait en étant son ancrage, son lien indéfectible avec une vie “normale”. Quand les caméras de la Star Academy s’éteignaient, quand les médecins quittaient la chambre, il restait Leslie. Elle était celle à qui il pouvait tout confier, ses peurs comme ses espoirs les plus fous, sans filtre et sans crainte d’être jugé.

Elle le protégeait en absorbant ses angoisses, en devenant le réceptacle silencieux de sa souffrance. C’est un rôle ingrat, souvent invisible, que celui de la fratrie “en bonne santé”. Un rôle qui s’accompagne d’une culpabilité sourde, celle que Leslie a déjà évoquée par le passé : “Pourquoi lui, pourquoi moi ?” Cette “culpabilité du survivant” est née de cet amour immense. Pour la compenser, elle s’est investie d’une mission : le protéger, par tous les moyens.

Elle le protégeait en veillant sur lui, mais aussi en lui rappelant qu’il n’était pas seul. Leur amour était une forteresse. Quand Grégory était à l’hôpital, leur relation ne se distendait pas ; elle se renforçait. Elle devenait son souffle lorsque le sien venait à manquer.

Aujourd’hui, ce “et moi idem” a pris une dimension nouvelle. Il est devenu la mission d’une vie. La protection que Leslie offrait à Grégory de son vivant, elle l’offre désormais à sa mémoire. En s’engageant corps et âme dans l’Association Grégory Lemarchal, Leslie n’est plus seulement “la sœur de”. Elle est le soldat qui continue la guerre que son frère a commencée.

Chaque don récolté, chaque patient aidé, chaque avancée dans la recherche sur la mucoviscidose, chaque Maison Grégory Lemarchal qui ouvre ses portes, c’est Leslie qui accomplit son “idem”. Elle protège l’héritage de son frère contre l’oubli. Elle protège son nom contre la récupération. Elle protège son message contre la banalisation.

Ce témoignage bouleversant n’est pas l’évocation d’un passé douloureux ; c’est l’affirmation d’un présent combatif. L’amour incommensurable qui unissait ce frère et cette sœur n’a pas été brisé par la mort le 30 avril 2007. Il s’est transformé. Il est devenu le carburant d’une lutte qui les dépasse.

Quand Leslie dit “Grégory m’aimait et me protégeait”, elle parle d’hier. Quand elle ajoute “et moi idem”, elle parle d’hier, d’aujourd’hui, et de demain. C’est le serment d’une sœur qui, après avoir marché dans l’ombre d’un géant, se tient désormais debout dans sa lumière, non pas pour elle-même, mais pour tous ceux qui, comme Grégory, attendent un nouveau souffle.

Cette relation fusionnelle est la preuve que l’amour le plus pur n’est pas celui qui empêche de tomber, mais celui qui donne la force de se relever. Grégory a donné à Leslie la force de vivre ; Leslie donne à Grégory l’éternité.