« Être une femme et faire de la musique sans être féministe, ce n’est pas possible », estime Marguerite : ses déclarations audacieuses secouent le monde de la musique, lançant une polémique intense sur la place des femmes et du féminisme dans l’industrie musicale !

INTERVIEWRévélée lors de la dernière saison de « Star Academy », l’artiste de 24 ans sort ce vendredi « Grandir », un EP dont les chansons évoquent chacune à leur manière la condition féminine et l’émancipation face aux injonctions sociétales


Le premier EP de Marguerite s’intitule « Grandir ». - Marina Germain

L’essentiel

«Grandir », le premier EP de Marguerite, sort le vendredi 26 septembre 2025.

« Le féminisme transpire dans tout ce que je fais, depuis toujours. J’ai toujours été fascinée par ces questions, peut-être parce que je suis la dernière fille après trois garçons et que ma grand-mère maternelle est une femme extrêmement forte », explique l’artiste de 24 ans, dont les chansons parlent à leur manière d’émancipation.

L’ex-candidate de « Star Academy » a un conseil pour la prochaine promotion du télécrochet de TF1 : « Il faut vraiment boire deux à trois litres d’eau par jour. Et que le sommeil soit parfait. L’émission est un marathon. Ce qui m’a permis de tenir dans la durée, c’était de me concentrer sur l’hygiène de vie. »

Marguerite s’est vite épanouie dès sa sortie de « Star Academy » cet hiver. « Comme le dit Héléna [également révélée par le télécrochet de TF1] dans sa chanson, c’est un peu “tout a changé, rien n’a changé”. J’ai changé de métier et de quartier. Mes journées sont complètement différentes de celles d’avant. Mais je reste la même personne, j’ai le même entourage. J’ai juste un autre quotidien, d’autres habitudes », lance-t-elle à 20 Minutes. Ce vendredi, l’artiste de 24 ans sort Grandir, son premier EP porté par le tube Les filles, les meufs. Rencontre avec celle qui, on le pressent, est partie pour durer dans le paysage musical français.

Cet EP s’intitule « Grandir ». Pourquoi ?

Il est venu naturellement. J’ai écrit plein de chansons et j’ai choisi celles que je préférais, qui, pour moi, avaient une cohérence ensemble. J’ai constaté qu’elles parlaient de thèmes clés correspondant à la définition de « grandir » : trouver qui on est, comprendre comment on fonctionne, comment s’accomplir…

« Emancipation » pourrait aussi être un mot fil rouge de l’EP. Il y est beaucoup question de se tenir à distance des injonctions faites aux femmes…

Complètement. C’est aussi ce que j’ai cherché toute ma vie pour me sentir grande, me sentir moi-même et me sentir femme aussi, selon mes propres définitions. Je viens d’une famille très soudée. Quand j’ai compris que mes proches, en plus d’être mes héros, étaient des êtres humains, ça a été un gros sujet. Il faut chercher à se détacher. Ça, c’est vertigineux. C’est ce dont je parle dans la chanson La maison.

Le qualificatif de féministe, qui revient beaucoup à votre sujet, vous le revendiquez ?

Je le suis profondément. Le féminisme transpire dans tout ce que je fais, depuis toujours. Ma maman raconte que je suis née avec des banderoles dans les mains (elle rit) ! J’ai toujours été fascinée par ces questions, peut-être parce que je suis la dernière fille après trois garçons et que ma grand-mère maternelle est une femme extrêmement forte. Dans les librairies, ce sont les livres sur le féminisme qui m’intéressent. J’ai découvert qu’il y avait toute une partie de l’histoire et énormément de femmes qui ont été complètement invisibilisées. Je pense aussi qu’être une femme et faire de la musique sans être féministe, ce n’est pas possible.

Quels livres comptent particulièrement pour vous ?

Sur les conseils de mon père, j’ai lu Les années d’Annie Ernaux. J’ai ainsi été confrontée à l’écriture d’une femme qui parle de femmes et de sujets qui ne concernent que les femmes ou, du moins, le corps féminin. Cela a été un bouleversement parce que je n’avais jusque-là jamais lu un livre en éprouvant dans mon corps exactement ce que le personnage ressentait, en sachant qu’il s’agissait d’un vécu que je pouvais partager avec l’autrice. Et ça, ça a été un vrai déclic. Depuis, je ne lis quasiment plus d’œuvres écrites par des hommes. Je me suis penchée sur la littérature féministe en commençant par Lauren Bastide. C’est elle qui m’a sensibilisée à l’intersectionnalité des luttes, par exemple. Ça a ouvert une brèche. J’ai continué avec Ovidie, un peu plus radicale et passionnante également.

Lancer votre carrière musicale avec « Les filles, les meufs », qui est votre coming-out bisexuel, c’était évident pour vous ?

Je ne me souviens pas avoir pensé qu’il fallait que je le dise avant de faire quoi que ce soit d’autre. C’est juste que c’était la chanson de l’EP que j’aimais le plus et qui me faisait le plus de bien. Je crois que j’aurais aimé entendre cette chanson quand j’étais plus jeune. Cela m’aurait beaucoup aidée.

On parlait de l’invisibilisation des femmes en littérature… L’invisibilisation des personnes bi existe aussi alors qu’elles représentent une grande partie de la communauté LGBT+. Vous avez déjà subi la biphobie ?

Honnêtement, à mes yeux, c’est une partie de la communauté LGBT qui est très privilégiée quand même. Mais ce qui m’a marquée, c’est que quand j’ai fait écouter la chanson à une amie, elle m’a dit qu’elle ne connaissait pas d’autres morceaux sur la bisexualité. Après, concernant les expériences de biphobie, je n’ai pas forcément très envie d’en parler. Mais c’est arrivé. Il y a eu des choses désagréables, comme en subit toute personne qui sort du cadre.

Dans « Snipeuse », vous chantez « Je tombe amoureuse de chaque jolie gueule ». C’est un propos qu’on entend peu dans des chansons interprétées par des femmes…

C’était important de parler du désir féminin, qui est aussi très peu représenté et soumis à énormément de jugements. J’espère que la chanson permettra à des personnes de se sentir fortes. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai pris l’image de la snipeuse, un mot que l’on entend peu au féminin.

Vous avez donc un côté cœur d’artichaut ?

Oui et c’est marrant que vous disiez ça parce que, au départ, la chanson aurait dû s’appeler comme ça et on s’est dit que ce n’était pas assez puissant. L’enjeu du texte est d’exprimer la possibilité de ressentir dans mon corps la fascination et l’attirance, éphémères ou non, que je peux éprouver pour des gens. Snipeuse questionne aussi ce désir permanent et cette ardeur : qu’est-ce que ça raconte de la solitude et du besoin d’aller toujours chercher chez les autres une forme de force pour soi ?

Veuillez fermer la vidéo flottante pour reprendre la lecture ici.

Est-ce qu’il y a quelque chose de comparable avec le fait d’être artiste et de chercher l’amour, platonique certes, du public ? De trouver une validation en existant dans son regard ?

C’est une très bonne question, que je ne me suis jamais posée. Je ne sais pas, parce que je me sens quand même très aimée. Mon entourage est hypersain, je reçois beaucoup d’amour au quotidien de mes amis, de ma famille… Je ne crois pas avoir été suffisamment abandonnée dans ma vie pour avoir besoin de chercher l’amour dans un public que je ne connais pas personnellement. Par contre, ce que je cherche vraiment, c’est ce partage, cette communion, vivre ensemble et donner des rendez-vous.

Lors de cette tournée, vous chanterez les titres de l’EP, mais encore ?

Les chansons de l’EP auront droit à des arrangements live mais l’idée, c’est aussi de révéler des chansons qui ne sont pas encore sorties et de faire des reprises. Tout cela en racontant quelque chose qui ait du sens.

Représenter la France à l’Eurovision, ça vous tenterait ?

C’est trop marrant, cette question ! Je suis flattée qu’on me la pose. Pour moi, c’est quand même un concours où, vocalement, il faut être super performant. Je n’ai pas une voix très puissante, et je ne sais pas si ça correspondrait à ce qui est attendu… Peut-être que ça pourrait m’intéresser dans quelques années. Mais là, dans l’instant, je ne me sentirais pas le faire, ce serait trop de pression.