Eddy Mitchell Face à l’Ultime Rideau : La Confession de l’Idole sur Ses Addictions, Son Dernier Combat pour la Santé et Son Adieu Programmé

Eddy Mitchell Face à l’Ultime Rideau : La Confession de l’Idole sur Ses Addictions, Son Dernier Combat pour la Santé et Son Adieu Programmé

À 82 ans, Eddy Mitchell, le pionnier du rock français, se livre avec une franchise désarmante sur le sujet que ses fans redoutaient et que le public soupçonnait depuis des décennies : son combat contre la maladie, la mortalité, et le prix à payer pour une vie menée tambour battant. Dans une récente interview, l’artiste, de son vrai nom Claude Moine, n’a pas seulement évoqué sa convalescence après une pneumonie, il a surtout ouvert la porte sur son introspection la plus intime, révélant la manière dont il accepte l’inévitable avec une sérénité inattendue, planifiant même les détails de son adieu final.

Derrière la légende, se cache un homme qui a traversé d’intenses luttes personnelles. De ses débuts modestes à Belleville, à la célébrité fulgurante avec Les Chaussettes Noires, Mitchell a vécu sur une crête. Aujourd’hui, il brise le mythe du rockeur invulnérable pour parler de ses excès passés – le tabac depuis l’âge de 14 ans, l’alcool et même la cocaïne – qu’il qualifie avec réalisme de « compulsion plus que de plaisir ». Cette confession, rare et émotive, offre un aperçu de son état d’esprit à l’orée de ses dernières années : celui d’un homme qui, ayant tout donné à la scène, cherche désormais la paix, l’intimité et le contrôle sur sa fin.

Le Prix des Excès et le Virage Obligatoire

La vie d’Eddy Mitchell a été jalonnée d’excès, souvent synonymes de l’image du rock’n’roll qu’il a contribué à forger. Il a fumé depuis l’adolescence et a consommé jusqu’à « deux bouteilles de whisky par jour ». Dans les années 70, il a également lutté contre la toxicomanie, avouant avoir utilisé la cocaïne pour faire face à l’emploi du temps intense des concerts. À cela s’est ajoutée une grave addiction au jeu, le poussant à passer des nuits entières dans les casinos avant de remonter sur scène, un comportement qui a fini par lui valoir une interdiction personnelle de casino en 1983.

Aujourd’hui, les problèmes de santé ont sonné l’heure du virage. Récemment touché par une pneumonie, qui l’a contraint à reporter la sortie de son 40e album Amigos, Mitchell est entré dans une phase de convalescence lente. Les médecins ont été clairs : il doit impérativement faire des changements dans son mode de vie, notamment arrêter de fumer et de boire.

À 82 ans, Mitchell a pris la décision de se calmer, faisant des efforts « pour améliorer sa santé ». Il a cessé de boire complètement, tout en s’autorisant un verre de vin de temps en temps, et a entamé l’arrêt du tabac, un combat particulièrement difficile qu’il aborde avec un optimisme prudent. Ces ajustements, motivés par la fragilité de la vie, révèlent sa détermination à rester « debout » le plus longtemps possible, mais sans illusion sur les choix passés.

L’Ombre Protectrice de Muriel et les Regrets de la Paternité

Derrière l’icône, Eddy Mitchell est avant tout un homme de famille, bien que sa vie personnelle ait été tumultueuse. Son premier mariage s’est terminé en 1979, mais il a trouvé la stabilité auprès de sa seconde épouse, Muriel Bayen, qu’il a épousée en 1980. Cette relation, qui dure depuis plus de quatre décennies, a été un pilier fondamental de sa vie.

Muriel est créditée par le chanteur lui-même d’avoir été une force essentielle, notamment en l’aidant à se libérer de son addiction au jeu. Face à son grave problème, Muriel lui a donné un ultimatum : « elle ou le jeu ». Son intervention a été un tournant, et Mitchell lui exprime une immense gratitude pour l’avoir aidé à briser ce « cercle vicieux ».

Cependant, il se montre particulièrement franc concernant ses regrets de père. Il avoue avoir été un père souvent absent, absorbé par sa carrière exigeante et ses tournées incessantes. « Je n’ai pas été un bon père parce que je n’étais jamais là. Je n’ai pas vu mes enfants grandir », confie-t-il, un aveu poignant qui souligne sa conscience des ravages que son mode de vie a causés sur ses relations familiales. Avec l’âge, il affirme être devenu « un meilleur père », cherchant à réparer les erreurs du passé.

L’Adieu Programmé : Entre Humour et Sérénité

La confession la plus surprenante concerne son acceptation sereine de la mortalité. Loin de la peur, Mitchell a adopté un « réalisme serein ». Il espère une « sortie paisible, aussi tard que possible, avec le moins de souffrance possible ». Dans un moment d’humour noir, il révèle même son épitaphe idéal : « Ne pas déranger », soulignant son désir de tranquillité et de calme dans ses derniers instants.

Mitchell a également soigneusement planifié son lieu de repos final. Il a pris des dispositions pour être inhumé dans un cimetière de Saint-Tropez, un lieu qui lui est cher et qu’il affectionne pour sa tranquillité et sa beauté naturelle. Ce cimetière, qui surplombe la mer, reflète son attachement à la nature et son désir de paix. Son choix s’explique aussi par la présence d’amis enterrés là-bas, une pensée qu’il aborde avec légèreté : « on pourra discuter et jouer aux cartes ».

Ce souhait, simple mais profond – être face à la mer dans un lieu paisible – est l’extension de son attitude : une fuite de l’intense surveillance médiatique qui a défini sa vie de célébrité.

Un Retrait Digne de la Scène

Bien que Mitchell ait récemment sorti son 40e album, Amigos, il est en paix avec l’idée que ses jours de tournée et de performance sont probablement révolus. Il n’a « pas de projet précis ». Sa franchise se manifeste également par son refus catégorique de s’accrocher à la scène après sa période de gloire. Il ne veut pas devenir un « vieux performeur qui s’accroche », un aveu de lucidité rare dans le monde du show-business. Il privilégie la dignité du retrait, rappelant l’importance de « savoir quand partir ».

Aujourd’hui, Eddy Mitchell trouve sa satisfaction en passant du temps avec ses proches et en réfléchissant à son héritage. Sa carrière, marquée par des collaborations légendaires, notamment avec son « frère » Johnny Hallyday, est un pilier de sa vie. Mitchell, d’ailleurs parrain de Laura Smet (fille de Johnny) et Johnny parrain de Pamela (fille de Mitchell), a toujours entretenu un lien familial puissant et fraternel avec l’Idole.

Son hommage à Johnny, la chanson Un petit peu d’amour (2020), illustre la complexité de cette amitié, exprimant à la fois son affection et une certaine frustration face aux choix de vie de son ami. Malgré les différences de style et les tensions occasionnelles, leur amitié, forgée dans les excès et les succès, est restée l’une des plus emblématiques de la culture française.

Eddy Mitchell, en se confiant sur sa fin de vie, ne fait pas seulement un testament personnel. Il offre un dernier acte de sincérité à son public, leur rappelant que la grandeur réside autant dans la capacité à se réinventer que dans celle d’accepter l’inéluctable avec humour et dignité. L’Idole du rock français, qui a vécu pour le spectacle, choisit un dernier rideau tiré en douceur, loin du vacarme.