“‘Cyril Hanouna a envie de faire comme Donald Trump’ : Jean-Michel Aphatie décrypte sa mécanique – Une analyse incisive du comportement de l’animateur, comparé à celui de l’ex-président américain, qui fait débat !”

À l’occasion de la sortie de son livre « T’es une merde frère, signé Hanouna », Jean-Michel Aphatie explique au HuffPost pourquoi il le compare au président américain.


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Chroniqueur pour l’émission Quotidien sur TMC, Jean-Michel Aphatie publie « T’es une merde frère, signé Hanouna », un livre dans lequel il compare la mécanique de l’animateur français à celle de Donald Trump.

TÉLÉVISION – Jean-Michel Aphatie l’a constaté tout au long de son enquête : « Cyril Hanouna fait vraiment peur. Et à beaucoup de gens ». Résultat, très peu de personnes ont accepté de témoigner publiquement dans le livre T’es une merde frère. Signé Hanouna qu’il publie ce jeudi 18 septembre.

Le journaliste signe une autopsie de la présence de Cyril Hanouna sur C8 jusqu’à la disparition de cette chaîne à la fin de l’hiver dernier. « À partir du moment où Vincent Bolloré lui a procuré un confort financier, il va se laisser aller à des comportements jamais vus jusqu’alors et qu’aucun autre patron de chaîne n’aurait laissé faire, constate Jean-Michel Aphatie qui s’interroge : Ce populisme télévisuel qui existe, peut-il devenir un populisme politique ? »

Dans un entretien au HuffPost, il décrit cette mécanique dangereuse, pointe des responsables (notamment politiques) et fait même un mea culpa. Car oui, même pour lui, le plateau de TPMP n’a pas toujours été infréquentable.

En 2021, quand vous allez une seconde fois dans TPMP, l’émission a déjà beaucoup fait parler d’elle en mal. Pourquoi y être retourné ?

J’y suis allé car je n’avais pas conscience de ce qu’était Cyril Hanouna. Je connaissais certaines de ses frasques mais je ne le prenais pas au sérieux. C’était une erreur. Je l’ai ensuite regardé différemment à partir de l’affaire Lola et ce livre est le point d’aboutissement du choc que j’ai ressenti à ce moment-là. C’est en enquêtant que j’ai pris conscience de l’intensité du problème et de tout ce qu’il avait pu instiller dans les têtes pendant ces années.

En quoi son traitement de l’affaire Lola marque-t-il une bascule ?

Une des idées importantes en démocratie est que quel que soit le crime que l’on vous reproche, vous devez pouvoir trouver un avocat pour que vos droits soient respectés. Cela assure que les règles sont appliquées de manière équitable ; c’est la seule manière de rendre la sanction acceptable.

Alors quand, à propos de ce meurtre singulièrement épouvantable, j’ai entendu Cyril Hanouna dire « pas de procès, pas d’avocat et la perpétuité direct », je me suis dit que nous étions face à un discours populiste, pratiquement barbare auquel il fallait être plus attentif. Et comme il était capable de réunir de la sympathie autour de ce discours, j’ai considéré qu’il devenait un objet d’étude pour le journaliste politique que je suis.

Comment la politique est-elle devenue centrale dans son émission ?

Le slogan initial de TPMP c’est « ce n’est que de la télé ». L’émission est bon enfant mais le succès aidant, il va se sentir à l’étroit dans ce champ d’analyse. La première étape que je relève est franchie avec ce débat qui a eu lieu en 2018 : « avortement, pour ou contre ? ».

On voit qu’il est attiré par les sujets de société mais c’est la crise des Gilets jaunes qui lui permet d’entrer significativement dans le débat politique. Il commence en étant le pont entre ceux qui manifestent et ceux qui décident. Mais il ne reste pas longtemps un trait d’union et devient un influenceur politique. On voit l’évolution : au début ce n’est que de la télévision, puis il s’intéresse aux problèmes de société, puis à la politique, ensuite il donne son avis sur la politique et enfin, il a envie d’être candidat.


TPMP
Après avoir dénoncé l’élection de Donald Trump en 2016, Cyril Hanouna s’est félicité de sa victoire en 2024.

Est-ce pour cela que vous parlez de Trump à la française ?

Exactement. Cyril Hanouna a envie de faire comme Donald Trump, c’est-à-dire convertir sa célébrité télévisuelle en capital politique. Et il le fait avec les mêmes armes : virilisme, autoritarisme avec l’humiliation comme marque, l’insulte et la dévalorisation des gens qu’il n’aime pas. Derrière cette attitude, c’est une vision de la société qu’il développe. Et l’avis qu’il donne nourrit la sympathie qu’il a pour Éric Zemmour, l’amitié pour Jordan Bardella et le respect qu’il affiche pour Bruno Retailleau. On voit de quel côté il penche.

Dans le livre, vous accusez certains politiques d’être « des complices ». En quoi Marlène Schiappa en est-elle une ?

Marlène Schiappa est à peine installée au ministère des Droits des femmes quand elle demande à Cyril Hanouna de venir le voir. Le sketch homophobe venait de se produire et elle ne trouve pas autre chose à lui dire qu’il devrait agir en bon père de famille. Ce n’est pas ainsi qu’une ministre doit réagir. Et pendant les Gilets jaunes, dans une confusion des genres qui n’est pas souhaitable, elle se retrouve à égalité avec lui en animant une émission pendant laquelle le président de la République lui envoie des SMS en direct.

Je cite aussi Ségolène Royal qui a accepté d’être payée par Cyril Hanouna. Et elle l’a fait peu après qu’il a insulté un député et la maire de Paris. Quelqu’un qui s’est battu toute sa vie pour le respect des femmes en politique n’aurait jamais dû accepter. Enfin Gérald Darmanin était ministre de l’Intérieur au moment de l’affaire Lola. Et quelques jours seulement après la sortie épouvantable de Cyril Hanouna, il accepte d’être son invité dans Face à Baba ; c’est une manière de cautionner ses propos.


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Jean-Michel Aphatie publie « T’es une merde frère Signé Hanouna » aux éditions Robert Laffont.

L’Arcom a sanctionné plusieurs fois TPMP mais après l’arrêt de C8, Cyril Hanouna a très vite rebondi ailleurs. Craignez-vous qu’il continue ?

Il faut d’abord une conscience partagée que 10 ans de TPMP ont produit un résultat épouvantable et que sur ce plateau se sont déroulées des scènes qui sont en rupture avec ce que l’on juge important dans la société. Pour le moment, je ne suis pas sûr que ce constat soit partagé.

J’aurais bien aimé que David Larramendy qui l’a embauché sur M6 détaille ce qu’il a jugé inacceptable pendant ces années TPMP et qu’il explique pourquoi il l’a tout de même fait venir. Mais il ne m’a pas répondu, pas plus que Vincent Bolloré qui l’a laissé faire. Je note tout de même que lorsque le groupe M6 l’a fait venir, c’est en lui demandant de ne plus faire de politique. Donc est-ce que M6 a réglé le problème ? Peut-être, on le verra dans les mois qui viennent.