« Colère et désespoir : 110 acteurs de France Télévisions dénoncent les coupes budgétaires ! “La culture n’est pas un chiffre dans un tableau Excel” — le cri de révolte d’une profession au bord de la rupture ! »

Face à la baisse annoncée du budget du groupe audiovisuel public, plus de 110 acteurs et actrices des fictions de France Télévisions défendent la création comme “un bien public essentiel” et appellent à préserver la diversité culturelle et le lien social qu’elle incarne.

Nous sommes quelques-uns des visages que les téléspectateurs de France Télévisions retrouvent régulièrement sur les antennes du service public“. Dans une tribune publiée par “Le Parisien”, plus de 110 comédiens et comédiennes emblématiques de France Télévisions — parmi lesquels Thierry Godard, Cécile Bois, Laure Calamy, Samuel Le Bihan, Miou-Miou ou encore Mathieu Madénian — tirent la sonnette d’alarme.

“À partir du moment où on ampute la culture, l’heure est grave”

“Candice Renoir”, “Astrid et Raphaëlle”, “Alex Hugo”, “Des vivants” ou encore “Rivages”, des fictions plébiscitées par le public, sont aujourd’hui menacées par des coupes budgétaires inédites. En 2025, France Télévisions a déjà dû économiser 112 millions d’euros, réduisant drastiquement la production de programmes et multipliant les rediffusions.  En 2026, le groupe pourrait devoir se serrer davantage la ceinture, avec 140 millions d’euros d’économies supplémentaires à réaliser. La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, avait déjà alerté sur ce danger lors du Festival de fiction de La Rochelle : “Il y a un réel danger pour notre profession. Nous risquons de devoir arrêter des projets.

Selon elle, la baisse envisagée équivaut à une perte de 60 millions d’euros pour la création, soit “80 épisodes de 52 minutes, une soirée de fiction en moins par semaine“. Un chiffre confirmé par Iris Bucher, présidente de l’Union syndicale de la production audiovisuelle, qui avertit : “Tous les projets sont en stand-by chez France Télévisions. Ils ne peuvent pas engager de l’argent qu’ils n’ont pas encore.

C’est dans ce contexte que les signataires de la tribune s’unissent pour défendre la création française : “Ne mettons pas en péril la diversité de la création, la qualité et l’étendue de l’offre gratuite proposée tous les jours à des millions de Français. Ne laissons pas aux autres le soin de raconter nos histoires, d’éveiller nos consciences. Continuons à donner à France Télévisions la possibilité de défendre nos valeurs de diversité, de démocratie et de lien social“.

L’actrice Cécile Bois, héroïne de “Candice Renoir”, a confié au “Parisien” les raisons de son engagement. “Le rétrécissement des points de vue” l’inquiète profondément : “Le service public, comme son nom l’indique, est un service rendu au public. Enlever 60 millions signifie une soirée fiction de moins par semaine. Ça veut dire qu’on supprime le choix, qu’on ferme des portes, qu’on installe des visières. Ça atteint la culture, les avis, les points de vue et la connaissance, ce dont on manque le plus.

Pour elle, cette baisse est aussi un recul démocratique. “Ce n’est pas parce qu’on divertit qu’on ne doit pas être pris au sérieux. Le service public propose des témoignages qui permettent d’éveiller les consciences, de mieux comprendre le monde. On a une fonction utile dans la société.” “À partir du moment où on ampute la culture, l’heure est grave. L’histoire en témoigne. C’est une atrophie de la pensée, un signe grave contre la liberté d’expression“, ajoute-t-elle. “Le service public propose des témoignages qui, intégrés à la fiction, permettent d’éveiller les consciences, de se situer par rapport à une époque, de mieux comprendre le monde. On a une fonction utile dans la société.

“La création est un bien public essentiel”

Ses inquiétudes sont partagées par Thierry Godard, figure de “Engrenages” ou “Un Village français”, qui souligne le rôle économique et social de la fiction : “Avec l’Angleterre, nous avons une télévision publique d’exception. La fiction fait vivre les régions.” L’acteur rappelle que ces tournages mobilisent des centaines de techniciens, artisans et figurants dans toute la France.

Même constat chez Mathieu Madénian, qui s’élève contre une logique purement comptable : “On ne peut pas réduire la culture à un tableau Excel. Les fictions sociétales, suivies de débats, sont des risques que les chaînes commerciales ne prendraient pas. Est-ce que ce n’est pas ça, l’exception culturelle française ? Que la création échappe aux logiques de marché ?

Pour Iris Bucher, productrice du “Bazar de la charité” et des “Combattantes”, la situation menace l’équilibre même de la fiction française : “Il y va de l’intérêt des téléspectateurs qui s’évadent, qui rêvent, qui réfléchissent grâce à elle, et du rayonnement culturel de la France à l’étranger.

Les signataires espèrent désormais que cette mobilisation touchera les parlementaires et l’opinion publique. “Défendons les histoires que nous proposons au jeune public afin de ne pas le pousser définitivement vers les contenus proposés sur les réseaux sociaux et Internet, souvent moins responsables” concluent-ils dans la tribune. “La création est un bien public essentiel, défendons-la.