« C’est grâce à lui que je suis là » : Kendji révèle l’identité de l’ex-Star Academy qui a lancé sa carrière (et qu’il n’a jamais rencontré)

On pense souvent connaître la genèse des grandes stars. On imagine une ambition dévorante, des auditions passées par dizaines, une volonté de fer pour forcer les portes du destin. L’histoire de Kendji Girac, on la croyait limpide : un jeune prodige gitan, une reprise de “Bella” qui explose sur YouTube, et la consécration logique via The Voice. Pourtant, la réalité est parfois plus surprenante, plus humaine, et infiniment plus belle. Ce lundi 3 novembre 2025, sur le plateau de Télématin, le chanteur, venu promouvoir ses nouveaux projets, a laissé tomber une révélation qui redessine les contours de sa propre légende.

Non, Kendji Girac n’a jamais postulé de lui-même au célèbre télécrochet de TF1. S’il est devenu le phénomène que l’on connaît, c’est grâce à un coup de pouce, un geste providentiel venu d’un homme qu’il ne connaît même pas.

Invité de l’émission matinale de France 2, l’artiste de 29 ans s’est ouvert comme rarement. Alors que les animateurs revenaient sur son parcours fulgurant depuis sa victoire en 2014, Kendji a tenu à rétablir une vérité essentielle, un détail qui change tout. “C’est lui qui a donné mon numéro à Bruno Berberes [le directeur de casting de The Voice], qui m’a ensuite appelé”, a-t-il expliqué avec une émotion palpable.

Mais qui est ce “lui” ? L’identité de ce bienfaiteur secret a de quoi surprendre. Il ne s’agit pas d’un producteur influent ou d’un manager avisé, mais d’un ancien candidat d’un autre télécrochet mythique : Gaël Garcia, participant de la Star Academy en 2006.

Ce nom ne dit peut-être rien aux plus jeunes, mais Gaël Garcia avait marqué sa saison. Lui aussi issu de la communauté gitane, il était connu pour sa voix puissante, mais surtout pour sa décision fracassante d’abandonner l’aventure de lui-même, fuyant une pression médiatique qu’il ne désirait pas. Ironie du sort, c’est cet homme, qui a tourné le dos à la lumière des projecteurs, qui a choisi de pousser un autre vers elle.

Le lien entre les deux ? Ces racines communes. Cette fierté gitane. En 2013, lorsque la reprise de “Bella” par un jeune Kendji de 18 ans devient un phénomène viral sur internet, Gaël Garcia tombe dessus. Il y voit plus qu’un simple buzz. Il y décèle un talent brut, une authenticité, peut-être un reflet de sa propre culture. Il décide alors d’agir. Plutôt que de simplement “liker” ou “partager”, il décroche son téléphone et appelle l’un des hommes les plus puissants des castings en France, Bruno Berberes. Un simple coup de fil, un nom glissé, un numéro transmis. Le destin était en marche.

La gratitude de Kendji, plus d’une décennie plus tard, est immense et intacte. “C’est grâce à lui que je suis là aujourd’hui”, a-t-il martelé sur le plateau, la voix chargée de reconnaissance. Mais la partie la plus folle de cette histoire, celle qui lui donne des allures de conte moderne, est encore à venir. “Je sais qu’il est originaire du Sud mais on ne s’est jamais rencontré”, a avoué Kendji, créant la stupeur.

L’homme qui a initié sa carrière, l’inconnu qui a changé sa vie, il ne l’a jamais vu. Il ne lui a jamais serré la main. La star aux millions d’albums vendus doit son succès à un fantôme bienveillant, un “frère” de communauté qu’il n’a jamais pu remercier en personne. “Il faudra qu’on se voie un jour !”, a-t-il lancé comme une bouteille à la mer, un appel public plein d’espoir et d’humilité.

Cette révélation nous transporte en 2013, à Périgord. Kendji n’est alors qu’un adolescent talentueux, passionné de guitare, mais encore loin, très loin, du show-business parisien. Le téléphone sonne. C’est Bruno Berberes, le “papa” de The Voice. L’offre est incroyable, mais elle fait peur. Comme l’avait raconté le directeur de casting lui-même il y a quelques années, la mère de Kendji était particulièrement “frileuse à l’idée de voir son fils partir faire de la télé à Paris”.

C’est là que la cellule familiale, si centrale dans la vie de l’artiste, a joué son rôle. Le jeune homme de 18 ans, soudainement courtisé, a posé une condition, une seule, non négociable, qui en dit long sur ses valeurs. Il n’ira pas à Paris, il ne passera pas cette audition, sans son roc. “Que mon père m’accompagne !”, avait-il exigé, comme il le confiait à Gala en 2021. Son père, fan de l’émission, a su trouver les mots pour rassurer sa mère. Le reste appartient à l’Histoire.

Mais que serait devenue cette Histoire sans Gaël Garcia ? C’est la question vertigineuse qui se pose aujourd’hui. Sans ce geste altruiste, sans cette solidarité communautaire, le phénomène Kendji n’aurait peut-être jamais existé. “Color Gitano”, “Andalouse”, “Les yeux de la mama”… tous ces tubes qui ont rythmé la dernière décennie n’auraient peut-être jamais vu le jour. La musique française aurait un visage différent.

Ce qui rend l’acte de Gaël Garcia encore plus noble, c’est son apparente gratuité. Lui qui avait choisi l’ombre n’a pas cherché à tirer profit de sa “découverte”. Il n’a pas demandé à devenir son manager, il n’a pas réclamé sa part du gâteau. Il a simplement agi comme un passeur, un maillon essentiel et désintéressé dans une chaîne de destinée. Il a vu un talent et a ouvert une porte, avant de s’effacer.

Cette anecdote, révélée aujourd’hui alors que Kendji sort d’une période personnelle tumultueuse, éclaire sa personnalité d’une lumière nouvelle. Elle rappelle à quel point l’artiste, malgré l’immense succès, reste profondément ancré dans ses valeurs de gratitude et de famille. Il n’oublie pas d’où il vient, et il n’oublie pas ce premier coup de main, venu d’un inconnu.

En promotion pour son livre Mi vida (“Ma vie”), Kendji Girac vient d’en écrire, sans le vouloir, l’un des chapitres les plus touchants. Sa vie, son succès, tout cela a tenu à un fil : la bienveillance d’un ex-candidat de la Star Academy qui a vu en lui un “petit gitan” qui méritait d’être entendu. C’est une leçon magistrale sur le hasard, la solidarité, et sur ces rencontres manquées qui, paradoxalement, peuvent forger un destin exceptionnel. Quelque part dans le Sud, un homme doit sourire en se disant qu’il a, un jour, changé la vie d’un jeune homme et, avec elle, un peu de la musique française.