Au bord de la rupture, il s’est tiré dessus. Un an et demi plus tard, Kendji et Soraya sont plus forts que jamais. Comment ont-ils sauvé leur amour de l’enfer ? L’artiste se livre sans filtre sur sa renaissance. Lisez l’histoire complète en commentaire !

Octobre 2025. Le visage est familier, mais quelque chose a changé. Lorsque Kendji Girac s’est assis face à Isabelle Ithurburu ce 25 octobre sur le plateau de “50’inside”, les téléspectateurs n’ont pas seulement vu l’artiste aux millions d’albums vendus. Ils ont vu un homme transformé, apaisé, presque nouveau. À 29 ans, avec un septième album intitulé “Vivre… Encore” et une autobiographie “Mi Vida” qui viennent de sortir, le mot “renaissance” n’est pas un simple outil marketing. C’est la description littérale d’un homme qui, il y a 18 mois, a touché le fond de l’abîme.

Il y a un an et demi, la France se réveillait avec une nouvelle sidérante. Dans la nuit du 21 au 22 avril 2024, Kendji Girac, le prodige gitan révélé par “The Voice” dix ans plus tôt, s’était grièvement blessé par balle. Le drame s’est produit à Biscarrosse, dans les Landes, sur une aire d’accueil de gens du voyage. Dans sa caravane se trouvaient sa femme, Soraya, et leur fille. L’onde de choc fut immédiate. L’idole des Français, le “Gitano” au sourire éclatant, l’ami de Vianney et Mika, était entre la vie et la mort.

Pendant des jours, les rumeurs les plus folles ont circulé. S’agissait-il d’un règlement de comptes ? D’un accident domestique ? La vérité, révélée par l’enquête, fut encore plus sombre et infiniment plus humaine. L’enquête a été classée sans suite, concluant que l’artiste de 29 ans s’était “volontairement” tiré dessus.

Le procureur de la République avait levé le voile sur une nuit d’angoisse. Kendji Girac était fortement alcoolisé. Une dispute avait éclaté avec sa compagne, Soraya, qui aurait évoqué l’idée de le quitter. Dans un acte de désespoir tragique, le chanteur avait alors voulu “simuler un suicide” pour la retenir. Le coup est parti, lui perforant la poitrine, frôlant des organes vitaux.

Cet acte a fait voler en éclats l’image publique du chanteur. Le lauréat de “The Voice” 2014, devenu le plus gros vendeur de disques de l’histoire du télé-crochet, l’homme aux quatre NRJ Music Awards et au fauteuil de juré de “The Voice Kids”, cachait une facette tourmentée. La pression du succès, les démons de l’alcool, une vie de couple en crise… le tableau parfait s’était fissuré, révélant un homme à la dérive.

La carrière, si fulgurante, fut mise sur “pause”. Le silence s’installa, nécessaire pour “se reconstruire”, comme il le dit lui-même. Il fallait affronter les conséquences physiques, mais surtout psychologiques. Face à Isabelle Ithurburu, il l’a avoué avec une humilité désarmante : la honte et la peur l’ont rongé. “Tout ça, c’était irréel, ce n’était pas moi”, a-t-il confié, la voix chargée d’émotion. “Et de montrer ce côté-là, j’avais peur que les gens y croient vraiment. J’ai dit : ‘Mince, j’ai dû décevoir’”.

Cette déception, il l’a d’abord ressentie pour lui-même et pour les siens. Mais c’est précisément de ce point de rupture qu’est née sa transformation. Le Kendji d’octobre 2025 n’est plus celui d’avril 2024. “C’est le même Kendji mais en mieux”, assure-t-il. Un “mieux” qui n’est pas une simple parole, mais un mode de vie radicalement nouveau.

Le premier pilier de cette reconstruction a été la sobriété. “Cela fait un an et demi qu’il n’a pas touché une goutte d’alcool,” précise la journaliste. Depuis la nuit du drame. L’alcool, qui a failli tout lui coûter, a été banni de sa vie. Avec cette sobriété retrouvée, c’est une discipline de fer qui s’est installée. Fini les excès. “6 heures du matin debout, couché très tôt, il mange beaucoup mieux, beaucoup de sport”, énumère-t-il. Une ascèse nécessaire pour guérir le corps, mais surtout l’esprit.

Le second pilier, peut-être le plus puissant, a été la vie. Peu de temps après le drame, Kendji et Soraya ont accueilli leur deuxième enfant, un petit garçon prénommé Darel. L’arrivée de ce fils a agi comme un baume, une ancre dans la tempête. Le chanteur décrit un moment d’une puissance symbolique inouïe : “Faire le peau à peau avec mon garçon après tout ça, c’était un peu l’acceptation de tout ça”. Tenir cette nouvelle vie dans ses bras, c’était accepter sa propre faillite pour mieux embrasser sa seconde chance. C’était la preuve tangible que la vie continuait, plus forte que la pulsion de mort.

Mais la reconstruction la plus spectaculaire est sans doute la plus intime : celle de son couple. Le drame était né d’une menace de rupture. La simulation de suicide était une tentative désespérée de retenir Soraya. Paradoxalement, cet acte terrible, qui aurait dû signer la fin de leur histoire, a forcé les deux à tout mettre à plat. Ils ont dû affronter ensemble la vérité la plus crue : l’addiction de Kendji, le désespoir de Soraya, la communication rompue.

Ils ont choisi de rester et de se battre. Aujourd’hui, Kendji parle de sa relation avec une sérénité qu’on ne lui connaissait pas. “On se comprend beaucoup mieux”, confie-t-il. Le drame a balayé les non-dits, les faux-semblants. Il n’y a plus de “côté-là” à cacher. Tout a été exposé, tout a été dit. De ce chaos est née une nouvelle harmonie. “Il y a une légèreté maintenant dans cette maison, dans cette famille qui est incroyable, qui est parfaite”, assure-t-il. Le mot “parfaite” n’est plus celui de l’image publique, mais celui d’une authenticité chèrement acquise.

Cette “légèreté”, il la transpose désormais dans sa musique. Son nouvel album, au titre évocateur, “Vivre… Encore”, et son autobiographie “Mi Vida” (Ma Vie), sont les témoins de ce parcours. Il ne chante plus seulement l’amour et la fête ; il chante la résilience, le pardon, la valeur de chaque instant. Il a repris possession de “sa vie”.

À 29 ans, Kendji Girac a vécu plusieurs vies. Celle de l’ascension fulgurante, celle de la chute brutale, et celle de la reconstruction patiente. Loin d’avoir détruit sa carrière, cette épreuve lui a donné une profondeur nouvelle. Le jeune homme qui chantait “Color Gitano” a mûri. Il prépare une nouvelle tournée pour janvier 2026, non pas comme si rien ne s’était passé, mais précisément parce que tout s’est passé.

Son public ne retrouvera pas seulement un artiste, mais un homme qui a regardé la mort en face, qui a combattu ses démons, et qui a choisi la vie, la sobriété et l’amour. Le “même Kendji”, oui, mais en mieux. Un Kendji plus vrai.