“🎭 Samuel Le Bihan, un comédien aux multiples facettes : acteur, réalisateur, engagé… Découvrez comment cet homme aux talents variés a marqué le cinéma et les causes qu’il défend avec passion et détermination !”

Samuel Le Bihan, l’acteur de la très populaire série « Alex Hugo » revient sur sa carrière, évoque la start-up qu’il a créée pour recycler le plastique en carburant. Et s’inquiète pour le vivre-ensemble au lendemain de la Journée nationale de l’autisme.


Samuel Le Bihan incarne Alex Hugo depuis 2014. | MARC OLLIVIER/OUEST-FRANCE

 Ouest-France, le journal de mon enfance ! » s’exclame  Samuel Le Bihan. Des grands-parents agriculteurs en Normandie, à Avranches, côté maternel. Des pêcheurs bretons côté paternel, à Plougastel-Daoulas, dans le Finistère, où vit son père aujourd’hui.  Dans les années 1960, quand il a eu moins de travail dans la pêche, il est monté à Paris, pour travailler en usine puis comme laveur de vitres. C’est là que ma sœur et moi avons grandi, dans un milieu modeste, avec des valeurs ouvrières » sourit le comédien de 57 ans. Il incarne, depuis 2014, Alex Hugo, un enquêteur amoureux des grands espaces de montagne, dans la très populaire série policière du même nom.

 J’étais un enfant indiscipliné » reprend Samuel Le Bihan, décrivant  une sensation d’emprisonnement à l’école et une farouche volonté de changer d’environnement, de voyager. Attiré par les métiers artistiques, il envisage les Beaux-Arts. Mais une rencontre avec des gens de théâtre le porte vers les planches.  «  Il y a un truc de rencontre, de bande, d’aventures hors normes qui m’a plu. La difficulté a été de travailler » , sourit-il.

« Des périodes de doutes »

L’ancien timide serait-il devenu bavard ? Sans ambages, il raconte les petits boulots (gardien de nuit, barman…), la galère (même s’il n’emploie pas le terme) pour s’en sortir tout se formant au Cours Florent. Spectacles dans la rue, sur les plages, mime, cracheur de feu…

Enfin, l’entrée dans les écoles nationales, la Rue Blanche, le Conservatoire, qui lui donne accès à une bourse.  Je ne roulais toujours pas sur l’or mais ça a tout changé, je m’en suis servi comme d’un ascenseur social. J’avais un désir très très fort de réussir, beaucoup d’ambition, et je travaillais en conséquence. À 8 h, quand le Conservatoire ouvrait ses portes, j’étais là. Quand il fermait à 1 h du matin, j’étais encore là. 

 J’ai besoin d’être proactif 

En 1994, la Comédie française le propulse au cinéma. Bertrand Tavernier (Capitaine Conan), Alain Corneau (Le Cousin), Régis Wargnier (Henri), Tonie Marshall (Vénus Beauté)… « C’était lancé » et avec de grands noms de la réalisation.

Mais le métier n’a rien d’un long fleuve tranquille. Et les années fastes laissent place aux périodes de doutes, quand les propositions se font plus rares.  Vous êtes là, à attendre. Moi qui ai besoin d’être proactif, je ne supportais pas. 

Depuis trois ans, il dit avoir « renoué avec le plaisir » de jouer. Les projets s’enchaînent : au cinéma, avec la comédie Ma langue au chat (26 avril), Gueules noires (cet automne) ; à la télévision, dans Tu ne tueras point et Alex Hugo, diffusée sur France 3, qui continue (deux tournages cet été).

Les grands espaces

Dans quelques jours, Samuel Le Bihan prendra la mer pour incarner le navigateur Yves Parlier, qui a survécu et bouclé le Vendée globe en 2000 en mangeant des algues… Le tournage s’annonce éprouvant. Loin de déplaire au comédien qui assure lui-même ses cascades dans Alex Hugo, Comme son personnage dans cette série, l’acteur apprécie les grands espaces. «  Dans énormément de pays, il n’y a pas de ramassage des déchets. Vous retrouvez des arbres entièrement remplis de plastique, qu’on retrouve ensuite dans les rivières et les océans. C’est une plaie. 

Une start-up pour recycler le plastique

Il est à l’initiative d’un étonnant projet visant à offrir un avenir plus reluisant au plastique. En 2014, il a créé l’association Earthwake. Devenue une start-up, cette structure développe une technologie qui permet de recycler les déchets plastiques en carburant. « On éclate les molécules polymères et on les ramène à un état gazeux et ensuite liquide. En faisant ça, on fabrique du gasoil, un peu d’essence et du gaz qui sert à alimenter cette machine. Ce carburant peut faire fonctionner un générateur électrique. Dans les pays émergents, ce serait très utile » , souligne le comédien, qui consacre 30 % de son temps à Earthwake. La technologie, en cours de certification, sera commercialisable d’ici quelques mois.

Toujours une volonté de pragmatisme ». « Je pense que ça vient de ma culture familiale ouvrière. Mon père bricolait énormément. J’aurais pu être dans le plaidoyer, du fait de ma profession. Je suis plus à l’aise dans le concret. 

 Quel vivre-ensemble pour les adultes autistes ? 

Du concret aussi, avec Autisme Info Services, la plateforme d’écoute qu’il a lancée en 2019 (avec Florent Chapel, lire ci contre). Le comédien est très engagé sur le sujet depuis la naissance de sa fille autiste il y a onze ans.  Maintenant ça se vit très bien,souligne-t-il. Elle a extrêmement progressé, on vit heureux. Ils ont déménagé à Nice il y a trois ans : Ma fille, son élément, c’est l’eau. Et moi, la mer, c’est mon ADN. 

 De gros efforts ont été accomplis ces dernières années sur la détection et la prise en charge à l’école des enfants autistesmême s’il reste encore à faire, apprécie-t-il. Le prochain enjeu, ce sont les autistes adultes. Comment leur donner une autonomie, du travail, y a-t-il assez de centres pour les accueillir ? Les parents sont supposés mourir avant eux, mais que deviennent-ils ensuite ? C’est un problème qui concerne l’ensemble du handicap en France. Le vivre-ensemble est devenu compliqué dans une société où on demande de plus en plus aux gens de rentabilité, d’efficacité. Les vieux, les handicapés, ralentissent ceux qui sont productifs, on a tendance à les cacher » déplore Samuel Le Bihan.

Le 2 avril, Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme : don par SMS, en envoyant « AUTISME » au 92030.