“Avant d’être l’animateur incontournable des jeux TV, Jean-Luc Reichmann offrait en 1995 une performance devenue culte : le fameux ‘raggababa’, séquence aussi absurde qu’hilarante qui a marqué toute une génération. Entre improvisation rythmée, mimiques improbables et énergie contagieuse, cette sortie a propulsé l’animateur dans une autre dimension du comique. Une pépite télé oubliée qui mérite d’être redécouverte. 𝗖𝗹𝗶𝗾𝘂𝗲𝘇 𝗶𝗰𝗶 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗿𝗲𝘃𝗶𝘃𝗿𝗲 𝗹𝗲 𝗺𝗼𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲́𝗷𝗮𝗻𝘁𝗲́ 𝗾𝘂𝗶 𝗮 𝗳𝗮𝗶𝘁 𝗲́𝗰𝗹𝗮𝘁𝗲𝗿 𝗹𝗲 𝗿𝗶𝗿𝗲 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗮𝗻𝗻𝗲́𝗲𝘀 𝟵𝟬.”

En 1995, la télévision française vivait une époque d’expérimentation, d’improvisation libre et de moments de pure folie. Dans ce contexte, Jean-Luc Reichmann, alors voix-off adulée de Les Z’amours et chroniqueur facétieux du PAF, offrait l’un des instants les plus absurdes – et donc les plus cultes – de sa carrière : le fameux “raggababa”.

Mais d’où vient ce cri étrange, cet enchaînement de syllabes tribales, cet instant de lâcher-prise total ? C’était au cours d’un passage improvisé dans une émission de divertissement, dont personne ne se souvient vraiment du contenu… sauf de lui, au centre du plateau, lançant les bras dans les airs, hurlant ce mot inconnu avec une intensité proche de la transe, le tout en dansant comme un sorcier fou.

« Raggababa ! » scandait-il, les yeux écarquillés, dans une gestuelle qui mêlait capoeira, hip-hop, et danse folklorique improvisée. Le public, d’abord interloqué, se met rapidement à rire, puis à applaudir, puis à scander le mot avec lui. Le plateau, littéralement, explose de joie absurde.

Ce moment dure à peine 30 secondes. Mais il entre instantanément dans la mémoire collective. On le retrouve des années plus tard dans des compilations de fous rires, dans les bêtisiers du réveillon, dans les débuts des YouTube Poops, et même dans des remix techno sur Skyrock ou Fun Radio.

Pourquoi ce moment fascine-t-il autant ?

Parce qu’il incarne la spontanéité totale, le droit à l’absurde, le plaisir pur de faire n’importe quoi devant une caméra. C’est du Jean-Luc Reichmann dans sa forme la plus brute : chaleureux, imprévisible, foncièrement humain. À cette époque, il n’était pas encore le présentateur star des “12 coups de midi”, mais il en posait déjà les bases : jouer avec le public, créer la surprise, casser le cadre.

Ce “raggababa”, c’est une révolte joyeuse contre le formatage. Une manière de dire : la télé peut encore surprendre, choquer, faire rire sans explication. Reichmann ne cherche pas à faire une blague. Il est la blague. Il incarne le rire, le geste libre, l’enfant qui s’échappe du carcan de l’adulte.

En coulisses, après le tournage, les techniciens racontaient que cette improvisation n’était absolument pas prévue. « Il a entendu un son rythmique dans l’oreillette et est parti en vrille », confiera l’un d’eux. Un cadreur racontera plus tard : « On a cru à un bug. Mais en fait c’était juste… lui. »

Et c’est peut-être ce qui rend ce moment si précieux : il n’a rien de calculé. À l’heure où tout est millimétré, chronométré, filtré, le “raggababa” reste un espace de liberté totale. Un cri dans la nuit du média. Une expression de l’anti-script.

Des années plus tard, Jean-Luc Reichmann lui-même y fait parfois référence avec tendresse. Dans une interview sur Europe 1 en 2015, il dira :
« On a tous un ‘raggababa’ en nous. Il suffit juste d’oser le sortir. »

Et si c’était vrai ?