Coup de tonnerre à Paris : Ziad Takieddine, témoin-clé du dossier explosif sur le financement libyen, affirme avoir personnellement livré trois valises pleines de billets à Claude Guéant et Nicolas Sarkozy — une déclaration qui relance les soupçons d’argent sale venu de Tripoli, met en péril la réputation de l’ancien président, et fait craindre une onde de choc judiciaire sans précédent, tandis que les services secrets, la justice et les médias se livrent à une véritable guerre de l’ombre pour savoir qui, parmi les puissants, tombera le premier.

Le visage de Ziad Takieddine est fatigué, mais son regard est déterminé. Devant la caméra, il n’hésite plus. Ce nom, déjà associé à tant de scandales politico-financiers, réapparaît aujourd’hui comme un spectre du passé. Ce qu’il vient de dire n’est pas une simple accusation, c’est une déflagration : trois valises pleines d’argent libyen auraient été livrées à Claude Guéant et Nicolas Sarkozy. Une phrase, lâchée d’un ton calme, qui fait trembler tout Paris.

Derrière cette déclaration se cache une histoire longue, complexe et explosive. En 2011 déjà, alors que la guerre en Libye faisait rage et que Kadhafi tombait, Takieddine avait été cité dans plusieurs affaires de financement occulte. À l’époque, beaucoup avaient cru que tout cela finirait dans l’oubli. Mais non. L’homme d’affaires franco-libanais revient à la charge, des années plus tard, affirmant que “la vérité n’a jamais été dite”.

Selon lui, ces valises auraient transité à Paris, dans un ballet discret orchestré entre 2006 et 2007, au moment où Sarkozy préparait sa campagne présidentielle. Des sommes colossales, entre cinq et sept millions d’euros, en provenance directe de Tripoli, auraient servi à financer les meetings, la logistique, les voyages. “Tout était organisé, tout était caché. Mais tout le monde savait”, lâche Takieddine.

Face à une telle affirmation, les réactions ne se sont pas fait attendre. Claude Guéant, ancien bras droit de Sarkozy à l’Intérieur, nie en bloc : “Je n’ai jamais vu ces valises, je n’ai jamais reçu un centime de Kadhafi.” Nicolas Sarkozy, de son côté, parle d’une “pure manipulation politique”, une tentative de salir son nom et de déstabiliser la droite française. Pourtant, certains observateurs notent que la chronologie des faits correspond étrangement à certains transferts financiers déjà repérés par la justice.

Les enquêteurs du Parquet national financier, eux, restent prudents. Ce n’est pas la première fois que Takieddine parle. Mais cette fois, il semble vouloir aller plus loin, apporter des preuves, des documents, des relevés bancaires. Il affirme avoir “gardé tout ce qu’il fallait” pour démontrer la véracité de ses dires. S’il dit vrai, c’est tout un pan de la Cinquième République qui pourrait vaciller.

Le plus troublant dans cette affaire, c’est la temporalité. Pourquoi maintenant ? Pourquoi reparler de ces valises quinze ans après ? Certains y voient un geste désespéré d’un homme marginalisé, d’autres un coup politique orchestré pour influencer l’opinion. Mais les confidences de Takieddine, diffusées en vidéo, paraissent trop précises pour n’être qu’une invention : “J’ai vu l’argent. Je l’ai compté. Et je l’ai remis moi-même.”

Dans les couloirs de l’Élysée, l’inquiétude monte. Les conseillers actuels refusent tout commentaire, mais reconnaissent en privé que “cette affaire risque de réveiller des fantômes qu’on croyait enterrés”. Les avocats de Sarkozy s’activent, préparant déjà une riposte juridique, tandis que les chaînes d’information en continu diffusent les images de Takieddine en boucle. La France entière redécouvre un homme qu’elle croyait disparu.

Les partisans de Sarkozy dénoncent une manipulation “venue d’ailleurs”, évoquant même la main de certains États étrangers hostiles à la France. Mais d’autres rappellent que ce n’est pas la première fois que des flux d’argent libyen sont évoqués. Les archives du régime Kadhafi, retrouvées après sa chute, contiennent en effet plusieurs lettres et notes mentionnant un “soutien financier” à un candidat français. À l’époque, ces documents avaient été jugés peu fiables. Aujourd’hui, ils reprennent tout leur sens.

Sur les réseaux sociaux, la tempête est immédiate. Le hashtag #ValisesLibyennes devient viral. Les internautes s’interrogent, s’indignent, s’amusent aussi parfois de cette “série politique sans fin”. Certains réclament la démission de responsables encore en poste, d’autres ironisent : “Et dire qu’on nous parlait de transparence.” Les débats s’enflamment sur les plateaux télévisés, chacun y allant de sa théorie. Coïncidence ou vérité enfouie ? Coup monté ou confession sincère ?

Ce qui semble clair, c’est que Takieddine a choisi son moment. En plein climat de méfiance envers les institutions, au cœur d’une période où les Français doutent de tout, cette révélation agit comme un accélérateur de colère. Elle rouvre les blessures d’une République secouée par les scandales : Bygmalion, Bettencourt, Karachi… Et maintenant, de nouveau, la Libye.

Dans une séquence de son entretien, Takieddine lâche une phrase qui glace : “J’ai eu peur pendant des années. Peur de parler. Peur de disparaître.” Ses mots résonnent comme ceux d’un homme au bord du gouffre, décidé à se libérer du poids du secret. Pourtant, certains rappellent qu’il a déjà changé de version par le passé, qu’il a tantôt accusé, tantôt disculpé Sarkozy. Son témoignage reste donc à prendre avec prudence, mais impossible d’ignorer la portée symbolique de cette nouvelle sortie.

La justice, elle, devra trancher. Mais le mal est déjà fait. La confiance est ébranlée, les débats relancés, et l’image d’un ancien président à nouveau fragilisée. Derrière cette affaire, c’est toute la question du financement des campagnes politiques qui refait surface : où s’arrête la stratégie, où commence la corruption ?

À mesure que la vidéo circule, un parfum de fin de règne flotte dans l’air. Les journaux titrent sur “le retour du spectre libyen”, les talk-shows décortiquent les moindres gestes de Takieddine, et les Français, entre fascination et écœurement, se demandent : que reste-t-il de la vérité ? Dans un monde où la parole vaut parfois plus que la preuve, la confession d’un homme peut-elle suffire à faire vaciller une République ?

Et si, derrière cette histoire de valises, se cachait autre chose — une guerre d’influence, un secret d’État, un règlement de comptes entre anciens alliés ? Les prochains jours s’annoncent décisifs. Car une chose est sûre : cette fois, le silence n’est plus une option.