Quand Nagui, figure incontournable du divertissement, s’allie au journaliste engagé Hugo Clément pour déposer des cadavres de poulets sur l’esplanade du Trocadéro, le message est clair : il est temps d’ouvrir les yeux sur les horreurs de l’élevage intensif – Mais que cache réellement cette action choc ? Pourquoi ces personnalités publiques prennent-elles des risques pour dénoncer ce système ? Et que révèle cette mise en scène macabre sur notre société et nos habitudes alimentaires ? Une provocation ? Une urgence humanitaire ? Un cri de détresse pour les animaux ? Cliquez sur le lien pour lire la suite.

Le jeudi 6 mars dernier, les passants du Trocadéro ont assisté à une scène pour le moins inhabituelle : des dizaines de cadavres de poulets alignés au sol, formant une fresque aussi saisissante qu’inconfortable. Au milieu de ce tableau choc, deux figures bien connues du grand public : Nagui, animateur phare de la télévision française, et Hugo Clément, journaliste reconnu pour ses enquêtes environnementales et ses engagements pour le bien-être animal.

L’objectif de cette action était simple, mais percutant : dénoncer l’élevage intensif, une pratique qui, selon les deux hommes, entraîne une souffrance massive et silencieuse dans les abattoirs et les exploitations agricoles françaises. L’événement, organisé avec l’association L214, s’est voulu une “mise en scène de la réalité”, selon les mots d’Hugo Clément.

“Il ne s’agit pas de choquer gratuitement”, explique-t-il au micro d’un journaliste présent sur place. “Mais de rendre visible ce qui est habituellement caché. Ces cadavres sont les mêmes que ceux que nous achetons en supermarché, la seule différence, c’est qu’ici, ils ne sont pas emballés sous cellophane.”

Pour Nagui, cette action s’inscrit dans une continuité de ses engagements personnels. Depuis plusieurs années, l’animateur ne cache plus son végétarisme, sa critique du système agro-industriel, ni son soutien aux causes environnementales. “Ce n’est pas parce que je fais des jeux télévisés que je n’ai pas le droit d’avoir des convictions fortes. Au contraire. Être connu, c’est une responsabilité”, a-t-il déclaré.

Sur l’esplanade du Trocadéro, les réactions ne se sont pas fait attendre. Certains passants, interpellés par la présence des deux personnalités, se sont arrêtés, choqués, intrigués ou parfois même bouleversés. D’autres ont manifesté leur incompréhension, voire leur désaccord : “Ce n’est pas le lieu pour ça”, a murmuré une touriste étrangère en détournant les yeux.

Mais c’est justement ce contraste entre le décor emblématique de la Tour Eiffel, symbole de beauté et d’élégance, et la brutalité de la réalité mise en scène, qui donne à cette action tout son impact. “On vit dans une société où l’on cache la mort, la souffrance, surtout celle des animaux. On ne veut pas voir comment est produit ce que l’on mange”, déplore Hugo Clément.

L214, l’association coorganisatrice, a précisé que les cadavres exposés provenaient d’un lot déjà destiné à la destruction, et qu’aucun animal n’avait été tué spécifiquement pour l’événement. L’objectif n’était donc pas de choquer gratuitement, mais de rappeler le sort quotidien de millions de poulets entassés dans des hangars, élevés dans des conditions inhumaines, et abattus à la chaîne.

Les chiffres sont effarants : en France, plus de 800 millions de poulets sont abattus chaque année, dont une grande majorité élevés en batterie, dans des espaces fermés, sans lumière naturelle, parfois sans jamais voir le jour. Beaucoup ne survivent même pas jusqu’à l’abattage, tant les conditions sanitaires et physiques sont extrêmes.

Face à cette réalité, Nagui et Hugo Clément assument leur rôle de lanceurs d’alerte. Pour eux, il ne suffit plus de faire des documentaires ou des émissions, il faut “descendre dans l’arène”, aller au contact direct du public, même au risque de susciter la controverse.

La démarche divise. Certains applaudissent le courage et la clarté du message, d’autres dénoncent une “mise en scène culpabilisante”. Un député de la majorité a même qualifié l’opération de “spectacle morbide qui infantilise les citoyens”. Nagui, interrogé sur cette critique, a répondu avec calme : “Si regarder la réalité vous gêne, alors peut-être faut-il s’interroger sur cette réalité, pas sur ceux qui la montrent.”

Le choix du Trocadéro n’est pas anodin. Lieu emblématique, à la fois touristique et chargé d’histoire, c’est un point stratégique pour alerter un large public. Là où défilent chaque jour des milliers de touristes, des familles, des enfants, l’action vise à provoquer une prise de conscience collective : “Ce que vous voyez ici, ce n’est pas exceptionnel. C’est quotidien. Et c’est légal.”

Ce n’est pas la première fois que Nagui s’implique dans ce type d’actions. Il avait déjà soutenu plusieurs campagnes contre la chasse, la fourrure, ou encore les delphinariums. Il a également consacré plusieurs séquences dans ses émissions à la cause animale, au risque d’en agacer certains. Mais cela ne l’ébranle pas. “Je préfère être critiqué pour ce que je défends que d’être applaudi pour rester silencieux.”

Hugo Clément, de son côté, continue d’enquêter sur les dérives du système agro-industriel. Il prépare actuellement un nouveau documentaire centré sur les alternatives à l’élevage intensif, qu’il souhaite plus visibles et accessibles. “Il ne s’agit pas de dire à tout le monde de devenir végétarien. Mais au moins de regarder en face ce qu’implique notre consommation.”

En fin de matinée, après plusieurs heures sur place, l’installation a été démontée, les carcasses récupérées dans des conditions sanitaires strictes, et les lieux nettoyés. Mais les images, elles, restent. Diffusées massivement sur les réseaux sociaux, elles ont déclenché une vague de réactions, de débats, de prises de position. Et c’était bien là le but.

Au-delà de l’événement, cette action questionne notre rapport à l’animal, à la nourriture, à la souffrance invisible. Elle met en lumière un paradoxe contemporain : nous aimons les animaux, mais nous fermons les yeux sur la manière dont ils sont traités avant d’arriver dans nos assiettes.

En un mot, Nagui et Hugo Clément n’ont pas seulement exposé des cadavres de poulets. Ils ont exposé nos contradictions. Et peut-être, ont-ils réussi à en réveiller quelques consciences.