Intervilles détourné ? Le jeu culte relancé par Nagui au cœur d’un scandale juridique : sa société attaque les Arènes d’Arles pour parasitisme et exige 270 000 € – entre plagiat, tensions juridiques et guerre des formats, l’affaire choque le monde de la télévision, cliquez ici pour en savoir plus.

Intervilles détourné ? Le jeu culte relancé par Nagui au cœur d’un scandale juridique : sa société attaque les Arènes d’Arles pour parasitisme et exige 270 000 € – entre plagiat, tensions juridiques et guerre des formats, l’affaire choque le monde de la télévision

Intervilles : la société de production du jeu de Nagui attaque les Arènes  d'Arles et leur réclame 270 000 euros pour "parasitisme" - ladepeche.fr

L’univers du divertissement français est à nouveau secoué par une affaire retentissante mêlant justice, création télévisuelle et querelle de droits. Cette fois, c’est Intervilles, le jeu mythique des années 60, qui se retrouve au centre d’un contentieux juridico-médiatique d’ampleur nationale. La société Air Productions, propriété de l’animateur vedette Nagui, vient d’engager une action en justice contre les Arènes d’Arles, accusées de parasitisme commercial.

Selon les documents officiels déposés devant le tribunal de commerce, Air Productions reproche aux organisateurs d’un événement d’été dans les Arènes d’avoir repris le concept, les codes, l’esprit, et même certaines épreuves d’Intervilles, sans avoir obtenu ni licence, ni autorisation. Le tout dans un but lucratif, selon la plainte, et au détriment du format original.

Un concept trop proche pour être innocent ?

La reconstitution estivale organisée à Arles présentait, à première vue, un simple spectacle familial dans une ambiance bon enfant. Pourtant, plusieurs éléments ont alerté l’équipe juridique de Nagui : duel entre communes, épreuves physiques sur structures gonflables, animateurs déguisés, mascottes animales… le tout dans un style rappelant furieusement les heures de gloire d’Intervilles.

Mais surtout, des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré des extraits de l’événement, où certains jeux – comme les « dalles savonneuses », les « ponts tournants » ou les séquences de jets de mousse – semblaient copiés quasi mot pour mot des épreuves emblématiques de l’émission culte.

Une plainte pour parasitisme, pas pour contrefaçon

Intervilles : pourquoi la société de production de Nagui porte plainte  contre les arènes d'Arles | Télé 7 Jours

Plutôt que de poursuivre pour plagiat direct ou contrefaçon, la société de Nagui a choisi un angle juridique plus subtil mais potentiellement plus redoutable : le parasitisme. Dans le langage juridique, il s’agit d’une stratégie consistant à bénéficier indûment de la notoriété ou des efforts économiques d’un tiers, sans créer de valeur propre.

Dans sa requête, Air Productions souligne que l’événement arlésien n’a pas été simplement « inspiré » d’Intervilles, mais en a exploité les éléments-clés pour attirer un large public, vendre des billets, et capitaliser sur la nostalgie télévisuelle – sans contrepartie financière ni reconnaissance des ayants droit.

Une demande de 270 000 euros… et peut-être plus

Air Productions réclame 270 000 € de dommages et intérêts, un montant calculé sur les bénéfices estimés de l’événement litigieux, mais aussi sur le préjudice d’image que cela aurait causé au format Intervilles. Car si Nagui avait relancé le programme en 2020, son retour avait été suspendu à cause de la crise sanitaire. Le jeu reste cependant en développement actif pour une prochaine saison, et toute exploitation parallèle non encadrée pourrait semer la confusion auprès du public et des partenaires commerciaux.

« On ne peut pas laisser faire ce genre d’abus. Intervilles, ce n’est pas qu’un nom, c’est un format structuré, pensé, produit avec des droits. C’est du patrimoine télévisuel », a déclaré un proche collaborateur de Nagui à Télé-Loisirs.

La société de production d'"Intervilles", le jeu repris par Nagui et  diffusé sur France 2, assigne en justice les Arènes d'Arles pour  "parasitisme" | Jean-Marc Morandini

Les Arènes d’Arles se défendent

Du côté des organisateurs, la surprise est réelle, mais pas la panique. Le directeur de l’événement a réagi dans La Provence :

« Nous n’avons jamais eu l’intention de plagier quoi que ce soit. Il s’agissait d’un spectacle local, monté par une équipe artistique autonome, dans un esprit bon enfant et ludique. »

Mais l’argument pourrait ne pas suffire devant la justice. Les juges devront déterminer si la somme des ressemblances est suffisante pour constituer un parasitisme manifeste, même sans reproduction exacte.

Un précédent dangereux pour les petits producteurs ?

Cette affaire soulève une question délicate dans le monde du spectacle et de l’événementiel : à partir de quand une idée tombe-t-elle dans le domaine public ? Peut-on encore organiser un jeu d’été entre communes sans risquer un procès, si les codes en sont devenus « trop ressemblants » à ceux d’un format télévisé connu ?

Plusieurs producteurs indépendants ont confié leur inquiétude :

« Ce genre de poursuite crée une jurisprudence qui pourrait museler la créativité locale. On finit par ne plus savoir ce qu’on peut faire ou non », confie l’un d’eux sous anonymat.

Nagui, défenseur du patrimoine télé

Cette démarche judiciaire n’est pas une première pour Nagui, qui s’est souvent exprimé sur la nécessité de préserver les formats historiques de la télévision française. Lui-même très attaché à l’identité d’Intervilles, il avait pris la décision controversée de retirer les vachettes lors de la relance du jeu, dans une volonté de modernisation et d’éthique.

Son engagement va bien au-delà d’un simple intérêt financier : il s’agit, selon lui, de défendre une certaine idée du divertissement populaire, conçu avec exigence et respect.

Une décision attendue avec tension

Le tribunal de commerce devrait statuer d’ici la fin de l’année. En attendant, l’événement arlésien ne pourra probablement pas se tenir sous la même forme l’an prochain, au risque de sanctions financières plus lourdes.

Quoi qu’il en soit, ce bras de fer entre un géant du divertissement comme Nagui et une structure événementielle régionale illustre la fragilité des frontières entre hommage, inspiration et appropriation dans le paysage médiatique actuel.

La justice devra trancher : l’Arlesienne version Intervilles a-t-elle franchi la ligne rouge ?