Nagui avoue : « Vous allez vous foutre de moi ! » — Derrière le sourire et les vannes, l’animateur préféré des Français révèle ses peurs les plus insoupçonnées. Pendant des années, il a refusé plusieurs concepts aujourd’hui cultes, persuadé qu’ils allaient “flopper”. De “Que le meilleur gagne” à “N’oubliez pas les paroles”, découvrez comment il a failli passer à côté de ses plus grands succès. Un témoignage sincère, drôle et parfois douloureux, qui dévoile l’envers du décor d’une carrière marquée par le doute, le flair et l’autodérision.

Nagui fait la morale à une candidate qui va au travail en voiture

Lorsqu’on pense à Nagui, on imagine immédiatement un homme à l’humour facile, au sourire contagieux, et à cette aisance naturelle qui semble rendre la télévision aussi simple qu’une conversation entre amis. Pourtant, derrière cette image solaire se cache un homme longtemps rongé par le doute, obsédé par la peur de se tromper. Et s’il est aujourd’hui l’un des animateurs les plus respectés du paysage audiovisuel français, il n’a pas toujours cru en son instinct.

Dans une récente interview donnée sans fard, Nagui a lâché une phrase devenue virale : « Vous allez vous foutre de moi ». Ce qu’il s’apprêtait à raconter faisait sourire, bien sûr, mais révélait aussi une facette méconnue de sa personnalité : celle d’un perfectionniste hanté par l’échec. “Je suis quelqu’un qui doute tout le temps”, confie-t-il. “Même quand tout va bien, j’ai besoin de vérifier que rien ne va se casser la figure.”

Tout commence dans les années 90, lorsque France Télévisions lui propose un concept un peu étrange : un jeu musical où des candidats chanteraient pour compléter les paroles manquantes d’une chanson. L’idée de base de “N’oubliez pas les paroles” existait déjà au Japon, mais personne n’était certain que cela fonctionnerait en France. Nagui, prudent, hésite. “J’ai dit non. Franchement, je trouvais ça trop kitsch. Je me disais : personne ne va chanter à la télé, c’est la honte !”, raconte-t-il en riant.

Pourtant, quelques années plus tard, il change d’avis. “Un jour, j’ai assisté à une soirée où tout le monde chantait, sans se connaître. C’était joyeux, spontané. Là, j’ai compris que ce jeu, c’était exactement ça : un moment de partage, pas de performance.” Ce revirement marque le début d’un immense succès. “N’oubliez pas les paroles” devient un phénomène, une institution familiale du soir, et propulse Nagui au sommet. Mais il garde encore en tête cette première réaction de rejet. “Je me dis souvent : heureusement que j’ai fini par écouter les autres.”

Ce n’est pas la première fois que Nagui passe à deux doigts de rater le coche. “Taratata”, son autre fierté, a failli ne jamais voir le jour. “Personne n’en voulait”, se souvient-il. “On me disait : la musique live à la télé, ça ne marchera jamais. Moi-même, j’ai douté. Je me disais que je faisais une émission pour moi et trois copains mélomanes.” Pourtant, l’émission devient culte. “Taratata”, c’est aujourd’hui des centaines d’artistes internationaux, des duos improbables, et cette atmosphère unique où la passion prime sur le marketing. “Ce que j’aime, c’est le moment où la musique parle d’elle-même, sans effet, sans chichi. C’est pour ça que j’ai tenu bon.”

Nagui révèle ce que Jarry lui avait dit bien avant l'annonce de son départ  de Tout le monde veut prendre sa place

Mais derrière les succès, Nagui avoue avoir souvent dit “non” par peur. Peur d’échouer, peur du ridicule, peur du regard des autres. “Je suis mon pire ennemi”, reconnaît-il. “Je peux saboter un projet avant même de lui donner une chance.” Il cite en exemple “Que le meilleur gagne”, un jeu qu’il trouvait “stupide” à l’époque. “Je trouvais ça trop scolaire, trop cadré. Et finalement, c’est devenu l’un de mes plus gros cartons. Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais.”

Ce mélange d’humour et de lucidité, c’est ce qui rend Nagui si attachant. Car il ne se contente pas de raconter ses réussites : il rit aussi de ses erreurs. “J’ai refusé au moins cinq concepts qui sont devenus des succès ailleurs. Parfois, je regarde la télé et je me dis : mince, ça, c’était pour moi à la base !” plaisante-t-il. Parmi ces émissions qu’il a déclinées, certaines ont fait des scores historiques. “Mais je ne regrette pas. Chaque choix raté m’a appris quelque chose. Et puis, ça nourrit mon autodérision. Si je commence à me prendre trop au sérieux, je suis foutu.”

Ce rapport au doute, Nagui le cultive presque comme une philosophie. “Le doute, c’est sain. C’est ce qui empêche de devenir arrogant. Si tu crois que tu sais tout, tu ne progresses plus.” Une leçon qu’il applique aussi dans sa vie personnelle, notamment auprès de ses enfants. “Je leur dis souvent : soyez curieux, soyez inquiets. C’est mieux que d’être sûrs de tout.”

Sur le plateau, cette fragilité se transforme en une énergie unique. Jean-Luc Reichmann, ami et collègue de longue date, le décrit ainsi : “Nagui, c’est un mec brillant, mais surtout un mec vrai. Il n’a pas peur de dire qu’il s’est trompé. C’est rare à la télé.” Et c’est sans doute cette sincérité qui explique l’attachement du public. “Les gens sentent quand tu joues un rôle”, explique Nagui. “Moi, je préfère être moi, même si parfois, c’est un peu désordonné.”

L'école de la vie - 19 avril

Derrière les caméras, il reste fidèle à la même ligne : travailler avec passion, ou ne pas travailler du tout. “Je ne fais jamais une émission pour l’argent ou la gloire. Si je m’ennuie, le public va s’ennuyer aussi.” Et s’il a appris une chose en trente ans de carrière, c’est que la télévision n’est qu’un miroir. “Ce que tu donnes, elle te le renvoie. Si tu mens, ça se voit. Si tu ris vraiment, ça se sent.”

Aujourd’hui, Nagui regarde son parcours avec tendresse. “Quand je repense à toutes ces fois où j’ai dit non, je me dis que j’étais idiot. Mais en même temps, sans ces refus, je ne serais pas devenu celui que je suis.” Ce mélange d’humilité et de confiance tranquille, c’est sans doute la clé de sa longévité. “J’ai appris à ne plus avoir peur du ridicule. Le ridicule, c’est ce qui fait qu’on est humain.”

Et de conclure, dans un éclat de rire : “Au fond, si vous vous foutez un peu de moi, c’est que j’ai réussi à vous faire sourire. Et c’est déjà beaucoup.”