Intervilles détourné ? La société de Nagui porte plainte contre les Arènes d’Arles pour parasitisme – entre accusations de plagiat, millions d’euros en jeu et guerre d’ego, l’affaire prend des proportions insoupçonnées – cliquez ici pour tous les détails croustillants.

Intervilles détourné ? La société de Nagui porte plainte contre les Arènes d’Arles pour parasitisme – entre accusations de plagiat, millions d’euros en jeu et guerre d’ego, l’affaire prend des proportions insoupçonnées

L’affaire fait grand bruit dans le petit monde du divertissement télévisuel français : la société de production Air Productions, fondée et dirigée par Nagui, vient de déposer une plainte retentissante contre les organisateurs d’un événement estival organisé aux Arènes d’Arles. Motif ? Parasitisme économique et atteinte à un format protégé, celui du mythique jeu télé Intervilles, que Nagui a contribué à faire renaître ces dernières années.

Le dossier, que nos confrères du Parisien ont pu consulter, accuse la structure organisatrice – la régie des Arènes en partenariat avec une société privée locale – d’avoir repris sans autorisation de nombreux éléments emblématiques d’Intervilles : épreuves gonflables, mascottes ressemblant étrangement aux vachettes cultes, musique quasi identique, présentation très inspirée des séquences originales… Pire encore, le concept même de faire s’affronter deux communes dans des jeux loufoques aurait été repris dans son intégralité, sans qu’aucun accord de licence n’ait été signé avec Air Productions.

Une plainte à plusieurs volets

La plainte, déposée auprès du tribunal de commerce de Paris, vise à la fois pour “reproduction servile d’un format protégé”, “atteinte à la valeur économique d’un concept”, et surtout “parasitisme”, un chef d’accusation lourd dans le monde de la propriété intellectuelle. Air Productions réclame plus de 1,2 million d’euros de dommages et intérêts, considérant que la tenue du spectacle à Arles aurait détourné à son profit la notoriété et la popularité du format Intervilles, au détriment de la production officielle.

Dans un communiqué transmis à la presse, le porte-parole d’Air Productions affirme :

« Intervilles est un format unique, fruit de décennies de création, d’améliorations, de travail artistique et technique. Voir ce patrimoine être copié sans vergogne dans un cadre non autorisé est une atteinte à l’intégrité de notre travail. »

Du côté des Arènes : l’incompréhension… ou presque

Les organisateurs locaux, eux, se défendent de toute mauvaise intention. Contacté par La Provence, le directeur artistique du spectacle en question répond :

« Nous avons voulu créer un spectacle estival ludique pour les familles, inspiré de l’esprit des jeux d’antan. Il ne s’agit pas d’une copie d’Intervilles, mais d’un hommage librement interprété. Il n’y a aucune volonté de nuire à qui que ce soit. »

Mais les photos, vidéos et témoignages recueillis par les avocats d’Air Productions montreraient une ressemblance frappante, voire troublante, avec le programme original. Une séquence montrant une équipe municipale se faire arroser de mousse en traversant un pont instable ressemble trait pour trait à une épreuve culte d’Intervilles.

Une affaire de format… et d’ego ?

Si la justice devra trancher sur le fond juridique – à savoir si le concept d’Intervilles bénéficie d’une protection suffisante pour être défendu en justice –, l’affaire révèle aussi un choc d’ego entre le très médiatique Nagui et des organisateurs régionaux qui se présentent comme « artisans de la culture populaire ».

Nagui, très engagé dans la préservation des formats historiques de la télévision, a déjà plusieurs fois exprimé son refus de voir des créations emblématiques tomber dans l’oubli ou être « dénaturées ». Il avait lui-même milité pour relancer Intervilles en 2020, avec un casting modernisé et un ton plus éthique (suppression des vachettes, par exemple). Ce projet, avorté à cause de la crise sanitaire, reste un sujet sensible pour l’animateur.

Le parasitisme, une notion floue mais redoutée

Le parasitisme, dans le langage juridique, désigne le fait pour une entreprise ou un individu de se placer dans le sillage économique d’un autre sans effort créatif propre, afin de capter une partie de sa valeur. Contrairement au plagiat ou à la contrefaçon, le parasitisme peut être établi même sans copie mot pour mot, s’il est prouvé que l’ensemble des éléments constitutifs d’un succès ont été répliqués dans un but commercial.

Dans le cas des Arènes d’Arles, les juges devront déterminer si les éléments repris sont suffisamment similaires pour caractériser une « stratégie d’appropriation ». Une tâche complexe, mais qui pourrait faire jurisprudence.

Le public au cœur du débat

Sur les réseaux sociaux, les réactions sont partagées. Certains internautes dénoncent « une querelle d’élites » et estiment que Nagui « ferait mieux d’aider les initiatives locales que de les attaquer ». D’autres, en revanche, soutiennent sa démarche, rappelant que la création audiovisuelle mérite d’être protégée, surtout quand elle repose sur des décennies d’histoire et d’identité populaire.

Plusieurs personnalités du petit écran ont pris position. Julien Courbet a tweeté :

« Quand un boulanger invente une recette, on ne la copie pas sans autorisation. Pourquoi ce serait différent pour un concept TV ? »

Une affaire qui pourrait rebondir

Le procès n’aura pas lieu avant plusieurs mois, mais ses conséquences pourraient être lourdes : si Air Productions obtient gain de cause, de nombreux événements « inspirés » de formats télévisés devront revoir leur copie, sous peine de poursuites similaires. À l’inverse, un rejet de la plainte renforcerait l’idée que les concepts de divertissement relèvent du domaine public une fois diffusés.

Quoi qu’il en soit, cette affaire démontre une chose : à l’ère des réseaux, du buzz local et de la multiplication des formats « live » inspirés de la télévision, la frontière entre hommage et parasitisme devient plus floue que jamais.

Et Nagui, en protecteur intransigeant de ses créations, semble bien décidé à faire valoir ses droits.