C’est un crash que personne n’avait vu venir : la version modernisée d’Intervilles, portée par Nagui, s’effondre dès les premières diffusions. Malgré une communication tapageuse, des moyens techniques colossaux et la promesse d’un esprit festif, l’émission n’a pas trouvé son public. Les fans de la première heure crient à la trahison, les jeunes boudent, et France Télévisions doute. Pourquoi ce retour attendu s’est-il transformé en désillusion collective ? Et que pense Nagui de cet échec brutal ? Enquête sur un naufrage télévisuel. Cliquez sur le lien pour en savoir plus.

Intervilles : l’émission de Nagui se casse la gueule

L’annonce avait suscité un mélange d’excitation et de nostalgie : Intervilles, l’émission culte des étés français, allait faire son grand retour sur France Télévisions. Aux commandes, un duo prometteur : Nagui, pilier du divertissement populaire, et Bruno Guillon, animateur apprécié pour son humour bon enfant. Pourtant, quelques mois après le lancement, le constat est amer : le programme est un échec cuisant.

Dès les premiers épisodes diffusés, les audiences déçoivent. Malgré une campagne de communication ambitieuse et le souvenir encore vif des soirées endiablées autour des vachettes, le public ne répond pas à l’appel. L’émission, diffusée en prime time, n’atteint jamais les chiffres espérés. Pire encore, elle chute de semaine en semaine. Les réseaux sociaux s’enflamment, mais pas dans le bon sens : moqueries, déceptions, critiques sur la forme et le fond. Beaucoup dénoncent une version « aseptisée », « sans âme » ou encore « ridiculeusement modernisée ».

Le choix d’abandonner les célèbres vachettes – pour des raisons liées au bien-être animal – avait déjà divisé. Certains applaudissaient la décision, d’autres y voyaient une trahison de l’esprit original. « Intervilles sans vachettes, c’est comme Fort Boyard sans les tigres », écrivait un internaute. Le débat s’enflamme rapidement. Pour les producteurs, il fallait adapter le format aux nouvelles sensibilités. Mais le cœur de cible, lui, semble ne pas s’y retrouver.

À cela s’ajoutent des critiques sur le rythme de l’émission. Jugée trop lente, trop formatée, trop “propre”, elle ne parvient pas à capturer l’énergie chaotique qui faisait le charme de l’original. Les jeux eux-mêmes, bien que modernisés, manquent d’imprévu. Les candidats, souvent très médiatisés à l’avance, peinent à incarner l’enthousiasme spontané d’autrefois.

Nagui, très impliqué dans le projet, se retrouve au centre des reproches. Lui qui avait misé sur un retour festif et rassembleur doit désormais assumer un flop public et critique. Dans une interview donnée après les premières diffusions, il tente de relativiser : « Il faut oser, prendre des risques. Tous les projets ne fonctionnent pas, mais au moins, on essaie. » Une déclaration digne, mais qui ne cache pas une certaine amertume.

En coulisses, plusieurs sources évoquent des tensions au sein de l’équipe. Le tournage aurait été marqué par des désaccords sur le ton à adopter, le format à suivre, et même sur le montage final. France Télévisions, de son côté, ne commente que très peu. Une phrase laconique apparaît dans un communiqué : « La chaîne évalue les retours pour améliorer l’expérience des prochaines émissions. » Une manière polie de dire que le projet est sur la sellette.

Bruno Guillon, plus discret, n’a pas pris publiquement la parole. Selon certaines rumeurs, il aurait été déçu par le peu de liberté laissée à l’animation. Lui qui excelle dans l’improvisation aurait été bridé par un conducteur d’émission trop rigide. Le contraste avec l’esprit potache et foutraque de l’Intervilles des années 1990 est frappant.

Le décor, pourtant impressionnant, n’a pas suffi à séduire. Les épreuves se déroulent dans des lieux emblématiques, les effets spéciaux sont soignés, mais rien n’y fait. Les téléspectateurs parlent d’un « écran trop lisse », d’un « enrobage qui cache le vide ». Un avis partagé par plusieurs critiques télé qui saluent l’intention mais déplorent une absence d’âme.

Ce naufrage pose une question plus large : peut-on réellement faire revivre des formats télévisuels emblématiques dans une époque si différente ? Les souvenirs des téléspectateurs sont puissants, parfois idéalisés. Tenter de les reproduire à l’identique semble impossible ; les adapter est risqué. Dans le cas d’Intervilles, le dosage n’a visiblement pas été trouvé.

Pour Nagui, c’est un revers notable dans une carrière jalonnée de succès. Habitué aux cartons d’audience, il doit ici faire face à une désillusion. Mais ceux qui le connaissent savent qu’il rebondira. Ce passionné de musique, de jeu et de culture populaire a toujours su transformer les échecs en tremplins. Il l’a fait avec “Taratata”, sauvé in extremis de la déprogrammation. Il l’a fait avec “N’oubliez pas les paroles”, devenu l’un des plus gros succès de l’access prime time. Il le fera, sans doute, à nouveau.

En attendant, Intervilles version 2020 entre dans la catégorie des retours ratés. Trop attendu, trop modifié, trop éloigné de son essence. Le public, lui, a déjà tourné la page. Peut-être que certaines émissions appartiennent à une époque, et qu’il faut les laisser reposer en paix.