« C’est très particulier de quitter un pays, de quitter ses racines » : quand Nagui revient, la voix tremblante, sur son départ d’Égypte, ses premières années en France et les blessures invisibles du déracinement. De l’hostilité silencieuse aux insultes racistes directes, l’animateur emblématique lève enfin le voile sur les humiliations vécues et les luttes identitaires intimes qu’il a dû affronter pour s’imposer. Que cache son éternel sourire ? Une confession bouleversante à ne pas manquer… Cliquez sur le lien pour découvrir l’histoire complète.Nagui se confie avec émotion : un exil, des racines arrachées, et le combat pour être accepté en France

Ce n’est pas tous les jours que Nagui, animateur phare du paysage audiovisuel français, laisse tomber le masque de l’humour et du divertissement pour se livrer à cœur ouvert. Et pourtant, dans une récente interview, il a accepté de revenir sur une partie de son passé qu’il évoque rarement : son départ d’Égypte, son installation en France, et les marques indélébiles laissées par le racisme.

Un déracinement précoce et douloureux

Né à Alexandrie en 1961 dans une famille cultivée, Nagui Fam passe les premières années de sa vie sous le soleil d’Égypte, entre une mère professeure de lettres et un père professeur de médecine. Mais à la fin des années 1960, le climat politique devient instable et les minorités, notamment d’origine étrangère, commencent à être perçues comme des intrus. La famille Fam prend une décision difficile : quitter le pays.

« C’est très particulier de quitter un pays, de quitter ses racines, surtout quand on est encore enfant », confie-t-il avec émotion. Le petit Nagui arrive alors à Cannes, sans comprendre totalement ce qui se joue. « Je pensais qu’on partait en vacances. Je ne savais pas que je ne reverrais plus jamais ma maison d’enfance. »

Ce déracinement, il le vit comme une rupture brutale. En quelques semaines, il change de langue, de climat, de culture. Et très vite, il comprend que son prénom, sa couleur de peau, son accent sont autant de raisons d’être pointé du doigt.

La découverte d’une France pas toujours accueillante

« Je croyais arriver dans un pays de liberté, d’égalité, de fraternité. Mais la réalité a été plus nuancée », explique-t-il. À l’école, Nagui subit des moqueries sur son nom, des remarques sur sa différence, des interrogations récurrentes : « Tu viens d’où ? T’es pas vraiment français, hein ? »

Il raconte une anecdote marquante : « Un jour, un professeur m’a dit devant toute la classe que je ne pourrais jamais percer à la télévision avec un nom pareil. » Cette phrase, il ne l’a jamais oubliée. Pire, elle l’a hanté longtemps.

Adolescent, il traverse une période de rejet identitaire. Il tente d’effacer ses origines, de gommer son accent, d’« être plus français que les Français ». Mais cette stratégie, loin de l’apaiser, le plonge dans une forme de double vie où il ne se sent ni totalement égyptien, ni complètement français.

Le racisme ordinaire, silencieux mais constant

Nagui insiste : il n’a jamais été victime de violences physiques. Mais il parle d’un racisme plus insidieux, quotidien, difficile à dénoncer. « Ce sont les regards dans la rue, les contrôles de police plus fréquents, les refus dans certains castings. Ce sont ces silences qui en disent long. »

Même à la télévision, il n’était pas rare d’entendre des remarques déplacées, parfois déguisées en blagues. « On m’a souvent dit que j’étais l’animateur “exotique”, comme si j’étais un décor. »

Mais plutôt que de se replier, il choisit la confrontation par l’humour. Il développe une autodérision fine, utilise son intelligence pour désarmer les préjugés. C’est cette posture, mi-détachée, mi-provocatrice, qui va faire de lui une figure incontournable du petit écran.

Une réussite malgré les obstacles

Aujourd’hui, Nagui est l’un des animateurs les plus populaires de France. Il a présenté des émissions cultes comme Taratata, N’oubliez pas les paroles ou Tout le monde veut prendre sa place. Son succès, il ne le doit à personne d’autre qu’à lui-même. Mais il sait que ce parcours aurait pu être encore plus difficile pour d’autres.

« J’ai eu de la chance. Mais combien d’autres jeunes issus de l’immigration ont renoncé à leurs rêves à cause d’une remarque, d’un regard, d’un refus injustifié ? »

C’est aussi pour eux qu’il parle aujourd’hui. Pour casser les tabous, pour briser les silences, pour montrer qu’on peut réussir sans renier ses origines.

Un rapport complexe à l’identité

Interrogé sur sa double culture, Nagui avoue avoir mis du temps à l’accepter. « Il m’a fallu des années pour comprendre que je n’avais pas à choisir. Je suis égyptien et français. Mes deux identités ne s’opposent pas, elles se complètent. »

Aujourd’hui, il n’hésite plus à évoquer ses origines, à parler arabe dans certaines émissions, à défendre la diversité. Il milite aussi pour plus de représentativité à la télévision, convaincu que les médias ont un rôle essentiel à jouer dans la perception de l’autre.

Un message d’espoir

Malgré les blessures, malgré les années de silence, Nagui se dit optimiste. « Les choses évoluent. Lentement, mais elles bougent. Il y a plus de diversité, plus de dialogues, plus d’écoute. »

Son témoignage, sincère et poignant, résonne comme un appel à la bienveillance. Il rappelle que derrière chaque visage public, il y a une histoire souvent méconnue, faite de luttes, de douleurs mais aussi de résilience.

Et si aujourd’hui il a décidé de parler, c’est pour tendre la main à ceux qui traversent ce qu’il a vécu. Pour leur dire que la honte n’est pas à leur place. Que leurs racines, si elles sont parfois lourdes à porter, sont aussi leur plus grande richesse.

Car, comme il le dit lui-même, avec un sourire teinté d’émotion :
« On ne choisit pas d’où l’on vient, mais on peut choisir ce qu’on devient. »