Alors que la télévision publique française est régulièrement pointée du doigt pour sa gestion des finances, une information explosive vient tout bouleverser : Nagui, l’un des animateurs les plus emblématiques du PAF, aurait décroché un contrat d’une valeur vertigineuse de 100 millions d’euros avec le groupe France Télévisions. Mais que cache vraiment ce montant colossal ? Salaire cumulé ou projet titanesque ? Pourquoi maintenant, et à quel prix pour les contribuables ? Cliquez sur le lien pour découvrir la suite.

French television star and producer Nagui was given a 100-million-euro three-year contract with public broadcaster France Télévisions, which is largely funded by a television licence paid by the general public, Mediapart can reveal. The revelation falls at a time when the public broadcaster has been forced to cut budgets and offer voluntary redundancies to save money, and will refuel debates about how much of the organisation’s money should be spent on trying to keep its high-profile stars. The news that France Télévisions president Delphine Ernottee personally took charge of the negotiations also comes just days before a decision is due on whether she will reappointed when her own contract comes to an end. Michaël Hajdenberg and Antton Rouget report.

Depuis plusieurs jours, un chiffre ne cesse de faire tourner les têtes : 100 millions d’euros. C’est le montant présumé du contrat que l’animateur Nagui aurait signé avec France Télévisions. Une somme astronomique, qui suscite interrogations, critiques, et même indignation chez certains. D’autant plus qu’elle concerne un animateur déjà bien installé, omniprésent à l’antenne, et régulièrement accusé — à tort ou à raison — de cumuler les casquettes et les revenus.

Mais que recouvre vraiment ce contrat faramineux ? Est-ce un simple contrat de présentation ? Une rémunération pour plusieurs années ? Ou bien un package global incluant droits de production, diffusion et création de contenu original ? En réalité, la vérité est bien plus complexe qu’un simple chiffre balancé en une de quelques tabloïds.

Selon des sources proches de la direction de France Télévisions, ce fameux “deal” de 100 millions d’euros ne concernerait pas Nagui en tant qu’individu, mais sa société de production, Air Productions, qui travaille depuis plus de vingt ans avec le groupe public. Cette société est notamment à l’origine de plusieurs émissions à succès comme « N’oubliez pas les paroles », « Taratata », et des formats de prime time.

Le contrat en question s’étalerait sur plusieurs années (on parle de 5 à 7 ans) et inclurait la production de centaines d’heures de programmes. En clair : ce n’est pas Nagui qui encaisse 100 millions d’euros en salaire net, mais l’ensemble de son dispositif de production audiovisuelle qui se voit allouer ce budget pour développer, produire, diffuser et renouveler des contenus populaires.

Cela étant dit, même en prenant en compte cette explication plus nuancée, la somme reste impressionnante. Et elle pose de nombreuses questions sur la transparence, les priorités et la stratégie de France Télévisions.

Car l’argument souvent avancé — “Nagui fait de l’audience” — ne suffit plus à apaiser tous les esprits. Certains téléspectateurs, tout comme des syndicats internes à France TV, dénoncent une forme de dépendance à quelques têtes d’affiche, au détriment de la diversité, de la création émergente, et surtout, du renouvellement de l’offre. À l’heure où d’autres animateurs talentueux peinent à percer ou à maintenir leurs créneaux, voir un seul homme (et son entreprise) concentrer autant de pouvoir économique dérange.

Du côté de Nagui, le silence est stratégique. Aucune déclaration officielle n’a été faite depuis la révélation du montant supposé. L’animateur préfère laisser parler les chiffres d’audience, qui restent solides pour « N’oubliez pas les paroles » en access, et honorables pour « Taratata » lors de ses diffusions événementielles. Il sait qu’il incarne une “valeur sûre” de la télévision publique, à un moment où les chaînes peinent à fidéliser.

Mais derrière cette stabilité apparente, se cache un autre enjeu : la pérennité de son image. Nagui s’est toujours présenté comme un animateur “proche du peuple”, engagé, soucieux de ses équipes, et défenseur de la musique live. Une image qui peut rapidement se fissurer face à l’ampleur de certains chiffres, surtout dans un contexte social et économique tendu.

Car il ne faut pas oublier que France Télévisions est financée en grande partie par la redevance audiovisuelle (ou par l’impôt, depuis sa suppression). Chaque euro dépensé est donc potentiellement contestable par le contribuable. Et il est difficile, pour le grand public, de comprendre comment un tel montant peut être jugé raisonnable, même s’il est réparti sur des années et des équipes entières.

À cela s’ajoute une autre inquiétude : la concentration de la production dans les mains de quelques acteurs dominants. En confiant la majorité de ses émissions phares à des sociétés déjà bien implantées, le service public court-il le risque d’étouffer l’émergence de nouveaux talents, de nouvelles voix, de nouvelles manières de faire de la télé ?

Des producteurs indépendants commencent à s’inquiéter. Certains dénoncent un “système fermé”, où les mêmes noms reviennent sans cesse. D’autres regrettent que les appels d’offres soient, selon eux, “taillés sur mesure” pour des sociétés déjà partenaires historiques. Un manque de renouvellement qui pourrait coûter cher à long terme en termes de créativité et de diversité.

Malgré tout, les défenseurs de Nagui rappellent que l’homme a su, au fil des ans, créer des formats originaux, durables, et populaires. Que sa longévité à l’antenne est le fruit d’un travail régulier, et non d’un simple piston. Et qu’en tant que producteur, il assume aussi des risques : échecs d’audience, critiques, pression économique.

La polémique autour des 100 millions d’euros dit donc autant de choses sur le climat actuel de la télévision française que sur Nagui lui-même. Elle révèle une tension grandissante entre logique industrielle et mission de service public. Entre rentabilité et accessibilité. Entre starification et équité.

Une chose est certaine : cette affaire relance, une fois encore, le débat sur les moyens de la télévision publique, leur usage, et leur finalité. Et elle rappelle, s’il en était besoin, que derrière chaque animateur souriant, chaque émission fédératrice, se cache un système économique bien plus complexe — et parfois explosif — qu’il n’y paraît.