Il est 78 ans, et pour des millions de Français, son visage est synonyme de réveil. William Leymergie, l’icône indéboulonnable de la télévision, l’homme qui a régné sur les matinées françaises pendant plus de trois décennies aux commandes de Télématin. Une carrière exemplaire, jalonnée de succès, de récompenses—Chevalier de la Légion d’honneur, Ordre des arts et des lettres—et d’une stabilité qui force l’admiration. Il est le père de trois enfants, Guéri, Sacha et Anna, et un professionnel accompli. Mais cette image publique, lisse et souriante, dissimule une blessure béante, un drame personnel que l’animateur a choisi de porter loin des projecteurs.

La “plus grande tristesse” de William Leymergie n’est pas un échec professionnel, ni même la fameuse “vive altercation” avec un chroniqueur en 2007. Sa plus grande tristesse, son chagrin incommensurable, c’est la perte de son épouse bien-aimée, Maryline Robin, en 2020.

Pour comprendre l’homme derrière le sourire, il faut comprendre la nature du vide laissé par Maryline. Elle n’était pas seulement sa femme ; elle était son ancre. Leur histoire commence en 1975. Pendant 45 ans, alors que William bâtit son empire médiatique, passant de Récré A2 au triomphe de Télématin, Maryline est son “soutien spirituel”, son “inspiration”. Ensemble, ils ont construit ce que l’argent et la gloire ne peuvent acheter : une famille heureuse, un refuge partagé, le “rêve d’une vie simple”.

Puis, en 2020, le cataclysme. La mort de Maryline, à l’âge de 70 ans, est un “départ brutal”. Une crise cardiaque foudroyante. Du jour au lendemain, l’homme de 73 ans (à l’époque) perd “une partie de lui-même”. Le vide est instantané et absolu.

C’est ici que le drame intime de William Leymergie prend une dimension poignante. Car l’animateur, lui, ne s’arrête pas. Le public le retrouve sur C8, aux commandes de William à midi. Le “sourire familier” est toujours là, l’énergie semble intacte. Mais c’est un masque. Ses proches le savent : il cache une “douleur inexprimée”.

Il l’a confié lui-même, dans ces rares moments où l’armure se fissure : il ne voulait pas que le public le voie “faible”. Pourquoi ? Parce que, pour lui, “la télévision était un lieu de joie et d’espoir, et non un lieu d’expression de la tristesse”. L’homme public avait un devoir de légèreté, même si l’homme privé était en train de suffoquer.

Son appartement parisien, autrefois “empli des rires de Maryline”, est devenu son sanctuaire de deuil. Les matins sont désormais “peuplés de silence et de souvenir”. C’est un homme qui se réveille seul, qui s’assied dans son salon pour contempler les peintures et les sculptures de sa femme, sentant “sa présence à chaque ligne”. Dans l’intimité, il avoue qu’il “ne se passait pas un jour sans qu’il ne pense à Maryline”, se demandant ce qu’il aurait pu faire pour la “garder plus longtemps”.

Cette douleur est ravivée par ce qu’elle a laissé de plus beau : ses enfants. En particulier sa fille, Anna, qui a hérité du “talent artistique de sa mère”. Chaque fois qu’Anna lui apporte une nouvelle œuvre, William voit “l’ombre de Maryline”. C’est un mélange complexe, un “réconfort” qui est en même temps un “douloureux souvenir de la perte”. C’est le rappel constant de ce qui n’est plus, mais aussi la preuve vivante de ce qu’ils ont construit ensemble.

La carrière de Leymergie, bien que brillante—il a même joué pour Claude Lelouche et chanté le générique de Pac-Man en 1984—est éclipsée par cette tragédie personnelle. L’homme qui a atteint près de 50% de part d’audience, qui a interviewé des présidents et des stars, est avant tout un veuf qui tente de survivre à la perte de l’amour de sa vie.

À 78 ans, William Leymergie continue son métier. Il continue de sourire à la caméra, fidèle à son engagement de n’offrir que “joie et espoir”. Mais le cœur n’y est plus de la même manière. Il vit désormais avec un “vide incommensurable”, un silence que seul lui peut entendre lorsque les projecteurs s’éteignent. Il n’est plus seulement l’animateur préféré des Français ; il est l’incarnation d’une résilience digne, celle d’un homme qui a tout eu, et qui a perdu l’essentiel.