Elle est l’un des visages les plus sérieux et impénétrables du paysage audiovisuel français. Sonia Mabrouk, 47 ans, journaliste à la poigne de fer sur CNews et Europe 1, a bâti sa réputation sur la rigueur, l’élégance intellectuelle et une maîtrise parfaite de ses émotions. Incarnation de la réussite et de la droiture, elle semblait glisser sur le monde médiatique, protégée par une armure de professionnalisme. Mais en novembre 2022, l’armure se fissure. L’annonce de sa séparation d’avec le célèbre chef Guy Savoy, son compagnon de longue date, ouvre les vannes d’un déferlement public inattendu.

Pour une personnalité publique, un divorce n’est jamais une affaire privée. Il devient un récit, une histoire à sensation que le public s’arrache. Et lorsque les protagonistes, comme Sonia Mabrouk, choisissent la dignité du silence, l’imagination collective s’enflamme et comble les vides. C’est ici que l’histoire de la journaliste bascule dans une dimension parallèle, un univers de “fake news” et de spéculations contradictoires qui en disent long sur notre époque.

Car la “vérité” sur la vie post-divorce de Sonia Mabrouk est devenue un monstre à deux têtes, deux récits sensationnels et totalement exclusifs qui ont circulé dans l’ombre du web, chacun peignant un portrait radicalement différent de la journaliste.

Le premier récit est celui de la libération, un drame shakespearien version 2024. Dans cette version, quelques jours après l’annonce “glaciale” de la rupture par son ex-compagnon, Sonia Mabrouk aurait pris la parole “à cœur ouvert”. Dans une confession bouleversante, elle aurait renversé la table, dynamité les codes et révélé sa vérité la plus intime : “Je suis une femme libre et aujourd’hui je peux enfin le dire, je suis une femme qui aime les femmes.”

Dans cette fiction, la journaliste devient instantanément un “symbole”, une icône du courage, “plus brillante encore”, affranchie des carcans d’un mariage “construit sur le respect mais sans passion”. Son mari lui-même y est décrit comme “digne”, ayant “compris avant elle”. C’est une histoire parfaite, hollywoodienne : la femme puissante qui brise ses dernières chaînes pour vivre enfin le “véritable amour”.

Puis, comme si un scénariste avait changé d’avis, un second récit, totalement opposé, émerge. Oubliez la libération, place au scandale. Dans cette version, pas de “coming-out”, mais une “chute inattendue”. Le masque tombe, mais ce qu’il révèle est bien plus sombre. On parle d’un “secret éventé par les médias”, d’une “liaison extraconjugale” non pas avec une femme, mais “avec un autre homme”.

Ici, l’histoire n’est plus celle d’une icône, mais d’une “femme tiraillée”. Le divorce n’est plus une compréhension mutuelle, mais une “sentence immédiate” face à une “trahison” que son mari n’a pu “surmonter”. Le public, qui dans la première version l’adulait, devient un “tribunal sans pitié”. Sonia Mabrouk, “trahie, jugée, dévastée”, doit affronter non seulement l’effondrement de sa vie privée mais aussi le regard du public qui la “scrute à travers le prisme du soupçon”.

Ces deux narratifs, bien qu’étant le fruit d’une imagination sensationnaliste, sont fascinants. Ils représentent les deux destins que notre société réserve aux femmes puissantes qui dévient de la norme : soit elles deviennent des martyres courageuses (l’icône gay), soit elles deviennent des fautives impardonnables (l’épouse infidèle). Dans les deux cas, la femme réelle disparaît, remplacée par un personnage de fiction.

Mais alors, où est la vraie Sonia Mabrouk dans tout cela ? La vérité, comme souvent, est à la fois plus simple et bien plus profonde. Elle n’est dans aucune de ces fictions. En vérifiant les faits, on ne trouve nulle trace de ce “coming-out” fracassant. De même, le “scandale” d’une liaison adultère n’a jamais été étayé par la moindre source crédible. Ce sont des fabrications, des rumeurs nées du vide.

La véritable histoire, le véritable “séisme intime” de Sonia Mabrouk, s’est joué totalement ailleurs, loin des caméras et des plumes empoisonnées. Car pendant que l’opinion publique s’écharpait sur des fictions, la journaliste vivait un bouleversement réel, un “chapitre nouveau”. En mai 2024, Sonia Mabrouk a annoncé quitter l’antenne pour plusieurs mois. La raison ? Un congé maternité.

À 46 ans, la journaliste est devenue mère pour la première fois.

Voilà le véritable “amour véritable”. Voilà la “nouvelle histoire” que personne n’avait vu venir. Alors que les rumeurs lui inventaient des amants et des amantes, elle construisait en silence le projet le plus important de sa vie. La femme que l’on disait “dévastée” était en fait en train de bâtir un foyer. La femme que l’on disait “perdue” avait trouvé le sens de son existence.

Cette révélation, la seule qui soit factuelle et vérifiée, vient pulvériser les deux récits fabriqués. Elle expose l’ironie cruelle de la célébrité : le public, affamé de scandales, est passé à côté de l’essentiel. L’histoire de Sonia Mabrouk n’est ni celle d’une libération sexuelle ni celle d’une chute morale. C’est celle d’une femme moderne, puissante et farouchement privée, qui a choisi de ne pas laisser sa vie personnelle devenir un spectacle.

Elle continue d’apparaître à l’écran, professionnelle, droite, “presque intacte”. Mais quelque chose a changé. Ce n’est pas l’éclat terni de la “femme déchue” ni la flamme nouvelle de la “libérée”. C’est la profondeur sereine d’une femme qui sait. Qui sait ce qui est important. Qui sait que pendant que le monde s’agitait sur son passé, elle construisait son avenir.

L’énigme Sonia Mabrouk est résolue. Elle n’est ni l’icône ni la cible. Elle est une mère. Et dans ce “tribunal sans pitié” qu’est l’opinion publique, elle vient de remporter la seule victoire qui compte : celle de sa propre vie.