Nagui, seul face à la douleur : une Victoire de la musique sous haute tension

Ce jeudi 19 juin 2025, l’émission La bande originale a offert à ses auditeurs un moment aussi sincère qu’inattendu. Aux côtés de son invité du jour, le réalisateur et acteur Jalil Lespert, venu promouvoir son dernier documentaire Dakar Chronicles, Nagui s’est confié sur une mésaventure personnelle qui en dit long sur la dure réalité du monde de la télévision.

Alors que le film documentaire de Lespert s’attarde sur les efforts surhumains des participants du rallye Dakar, mettant en lumière leurs blessures, leur détermination et leur volonté de fer, Nagui a saisi l’occasion pour aborder une thématique rare à la radio : le dépassement physique et mental face à l’adversité. Et à travers cette discussion, l’animateur vedette a ouvert une parenthèse personnelle, révélant un épisode douloureux vécu dans les coulisses de la célèbre cérémonie des Victoires de la musique.

Une blessure aussi brutale qu’inattendue

“Je me suis fait les croisés, en plus ça fait vraiment crac”, a lâché Nagui, encore marqué par le souvenir de cette blessure. À quelques jours de devoir assurer la production et la présentation des Victoires de la musique, l’animateur subit une grave lésion au genou, nécessitant une attelle et un traitement médical rigoureux. “J’avais Les Victoires de la musique à produire et à présenter trois jours après”, a-t-il expliqué. Un timing catastrophique pour celui qui ne laisse rien au hasard dans ses projets.

Mais le plus surprenant dans son récit reste sans doute l’isolement qu’il a ressenti. Malgré la gravité de sa blessure et la pression de l’événement à venir, Nagui affirme avoir tout tenté pour se faire remplacer. En vain.

L’indifférence du milieu télévisuel

“J’avais tout fait pour me faire remplacer”, raconte-t-il. “J’avais demandé à plusieurs animateurs de venir en disant : ‘Tout est prêt, vous n’avez plus qu’à, venez’. Et qui très élégamment, avaient dit non.” Une réponse collective qui en dit long sur l’état d’esprit qui règne dans le milieu de la télévision : solidarité limitée, rivalités implicites, ou simple peur de l’échec sur une scène aussi prestigieuse que celle des Victoires de la musique ? Quelles qu’en soient les raisons, Nagui s’est retrouvé contraint d’assurer l’événement… malgré tout.

Et ce « malgré tout » a un prix. “Je suis resté pendant cinq mois sous cortisone, plus aucune voix”, confie-t-il. Non seulement il a dû supporter la douleur physique, mais il a également fait face à l’épuisement de ses capacités vocales, pourtant si essentielles à son métier.

L’acharnement des réseaux sociaux

À cette épreuve physique et à l’abandon de ses confrères, s’est ajoutée une autre blessure, plus sourde, mais non moins douloureuse : celle du jugement public. “Et le pire ça a été sur les réseaux sociaux, qu’il ne faut jamais regarder dans ces cas-là”, admet-il avec amertume. Malgré ses efforts surhumains pour maintenir le show, les critiques fusent.

“Regarde le mec, il n’est même pas en état de le faire, pourtant il s’accroche au rideau, il veut rester là, qu’il crève”, rapporte-t-il, citant les messages cruels reçus. Une attaque frontale contre un homme qui n’a pas cherché à briller, mais simplement à honorer ses engagements malgré une situation extrême.

Un témoignage rare et précieux

Si Nagui a l’habitude d’être celui qui fait parler ses invités, c’est avec une rare transparence qu’il s’est lui-même livré dans cette émission. Ce récit poignant résonne comme un écho aux thèmes abordés dans Dakar Chronicles, où la limite physique est sans cesse repoussée par ceux qui choisissent de ne pas renoncer.

Ce moment de vérité souligne aussi la solitude des figures médiatiques, souvent perçues comme intouchables, mais en réalité soumises à une pression constante et à une exigence quasi surhumaine. Même pour un animateur aussi expérimenté et aimé que Nagui, le soutien n’est jamais garanti.

Une leçon de résilience

Malgré la douleur, malgré l’abandon, malgré les critiques, Nagui n’a pas cédé. Il est monté sur scène, a assuré son rôle, et n’a jamais fait porter le fardeau de sa blessure au public. Il aurait pu se plaindre, annuler, ou se plaindre d’avoir été lâché — il a préféré faire ce que l’on attendait de lui, sans bruit, et à ses dépens.

Un témoignage qui dépasse le simple cadre du divertissement, et qui rappelle que derrière les paillettes, il y a parfois des cicatrices profondes.

Une parole libératrice ?

Il est rare que les animateurs se confient avec autant d’intimité sur les coulisses parfois cruelles de leur métier. En évoquant ce moment difficile, Nagui a peut-être ouvert la voie à une parole plus libre dans le monde du spectacle : celle de la fatigue, de la douleur, de la solitude, et du besoin, parfois, d’un peu de soutien.

Et si cette révélation pouvait faire réfléchir le milieu, mais aussi le public, sur les exigences inhumaines que l’on impose, souvent sans le dire, à ceux qui font le show ?