Pendant des décennies, il a incarné le héros américain parfait : un regard sincère, une voix calme, des rôles qui touchaient à l’âme. Mais aujourd’hui, à 88 ans, Robert Redford a fait une déclaration que personne n’attendait. Dans une lettre personnelle rendue publique par ses proches collaborateurs, l’acteur et réalisateur a décidé de nommer cinq personnes qu’il ne pourra jamais pardonner. Cinq noms, cinq trahisons, cinq silences trop lourds à porter. Derrière son élégance discrète, un poids immense semblait l’écraser. Pourquoi maintenant ? Pourquoi rompre un silence qu’il avait soigneusement construit toute sa vie ? Et surtout, que s’est-il passé dans l’ombre des studios hollywoodiens, sur les plateaux feutrés ou dans les coulisses de Sundance, pour qu’un homme aussi réservé décide enfin de parler ? Ce que nous allons découvrir pourrait bien changer à jamais l’image que le monde avait de cette légende.

El cine debe contar sus historias” | Robert Redford inauguró la edición 2017 del festival Sundance, cumbre del cine independiente | Página|12

Robert Redford est né le 18 août 1936 à Santa Monica, en Californie, dans une famille modeste. Très jeune, il perd son père, un événement qui façonne sa volonté de réussir par ses propres moyens. Il entame des études d’art, voyage en Europe, puis revient aux États-Unis où il décide de se consacrer au théâtre. C’est à Broadway qu’il se fait remarquer, avant que le cinéma ne le propulse au rang de star avec “Butch Cassidy and the Sundance Kid” en 1969. Le public découvre un acteur charismatique, à la beauté saisissante, mais aussi au jeu nuancé. Les années 70 et 80 sont marquées par une série de succès critiques et commerciaux, notamment “The Way We Were”, “All the President’s Men”, “The Sting” ou encore “Out of Africa”. Il incarne l’élégance morale à Hollywood, un homme droit dans un monde souvent cynique.

Mais ce que beaucoup ignorent, c’est que derrière cette image parfaite, Redford a toujours mené un combat plus profond : celui pour l’indépendance artistique. En 1981, il fonde le Sundance Institute, avec pour mission de soutenir un cinéma libre, audacieux, loin des impératifs commerciaux des grands studios. À travers ce projet, il offre une voix aux cinéastes émergents, redéfinissant le paysage du cinéma indépendant américain. Ce geste, salué publiquement, apporte l’irritation de nombreux producteurs et décideurs hollywoodiens qui voyaient en lui une menace silencieuse.

En parallèle, sa vie privée reste d’une discrétion presque monastique. Marié une première fois à Lola Van Wagenen, il partage avec elle une vie de famille marquée par des drames, notamment la perte de leur fils Scott à l’âge de 2 mois, mais aussi par un attachement profond à des valeurs humaines. Leur divorce, survenu en 1985 après 27 ans de mariage, fut discret mais douloureux. Plus tard, il partagera la vie de Sibylle Szaggars, artiste peintre, avec qui il trouvera une forme de sérénité. À l’écran, il choisit ses rôles avec minutie, préférant incarner des personnages moralement complexes, souvent engagés, toujours humains. Il refuse les chemins faciles, les suites lucratives, les rôles stéréotypés. Il préfère des films comme “The Candidate”, “All Is Lost” ou encore “The Old Man & the Gun”, dans lequel il signe sa dernière apparition. Pour lui, chaque projet doit avoir du sens. Ce refus du compromis lui vaut le respect du public mais aussi, discrètement, l’hostilité de certains de ses pairs. Si l’Amérique l’a adoré, Robert Redford n’a jamais cherché à plaire à tout prix. Il a toujours été, dans l’ombre, un homme de conviction, parfois même un intransigeant. Et c’est peut-être là que se cachent les premières fissures, celles qui mènent aux noms qu’il désignera plus tard comme irrémédiablement impardonnables.

Derrière les projecteurs, les applaudissements et les hommages, une autre histoire se jouait en coulisse. Car si Robert Redford a su préserver son image publique, les tensions ont existé, bien réelles, parfois insidieuses. L’une des premières remonte à sa collaboration avec Barbra Streisand dans “The Way We Were”. Le film est un succès, mais le tournage est éprouvant. Streisand, alors au sommet de sa gloire, cherche à établir une proximité intime avec son partenaire. Redford, lui, préfère la distance professionnelle. Il avouera plus tard, en termes voilés, avoir dû se protéger face à une forme d’invasion émotionnelle qu’il n’avait pas choisie. Leur relation, jamais conflictuelle en public, laisse pourtant des cicatrices discrètes, suffisamment profondes pour qu’il la cite aujourd’hui parmi les noms qu’il ne peut pardonner.

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Jane Fonda, autre icône hollywoodienne, partage avec lui plusieurs films et des décennies d’amitié fluctuantes. S’ils apparaissent soudés à l’écran, en privé, leurs visions du métier, du militantisme et de la notoriété divergent. Fonda, plus frontale et politisée, reproche parfois à Redford sa réserve et son refus de s’engager publiquement lors de certaines crises sociales. Il lui reproche en retour son goût de la confrontation médiatique. À force de vouloir préserver leur complicité, ils évitent la discussion honnête, mais la tension s’accumule. Redford confie à un proche que Jane l’a “trahi en public”, là où le respect aurait imposé le silence.

Mais c’est à Hollywood même qu’il trouve ses opposants les plus coriaces. Producteurs, distributeurs, investisseurs : nombreux sont ceux qui voient d’un mauvais œil la montée en puissance du Sundance Institute. Certains lui reprochent d’avoir encouragé des films trop sombres, trop lents, trop subversifs. En coulisse, des pressions s’exercent pour couper ses financements. Redford découvre que des anciens alliés sabotent discrètement certains projets du festival. Il note leurs noms, n’en parle à personne, mais décide de ne jamais oublier.

À cette liste silencieuse s’ajoute un journaliste vedette d’un grand magazine américain. En 1996, ce dernier publie un portrait cruel, insinuant que Redford n’est qu’un “acteur en retraite déguisé en messie”, un homme usé, dépassé, anachronique. L’article blesse profondément l’acteur, non pas pour ce qu’il dit, mais pour la manière dont il trahit une conversation privée tenue des années plus tôt. Ce sentiment d’avoir été trahi encore une fois par quelqu’un qu’il considérait comme digne de confiance le ronge.

Enfin, il y a cet ancien ami, réalisateur de renom, avec qui il partageait des idéaux artistiques à leurs débuts. Une dispute éclate lorsqu’ils coproduisent un film indépendant dans les années 2000. Redford découvre que son partenaire a secrètement modifié le montage final pour le rendre plus accessible, plus “vendable”. La trahison est artistique, donc impardonnable. “Il a détruit l’âme du projet”, dira-t-il en privé.

Ce qui relie ces cinq figures, c’est moins la haine que l’irréversibilité des blessures. Redford n’a jamais crié vengeance, il a continué dignement. Mais au fil des années, ces noms ont formé une mosaïque d’amertume, une cartographie des désillusions qu’il n’a jamais vraiment digérées. Et aujourd’hui, alors que le monde le regarde comme une légende tranquille, lui décide enfin de lever le voile sur cette part d’ombre que personne ne voulait voir. Un dernier geste de lucidité, ou peut-être de justice.

Le silence a toujours été l’arme favorite de Robert Redford, non pour fuir, mais pour se protéger. Pourtant, dans les années 2010, ce silence commence à se fissurer. Certains épisodes reviennent hanter la légende à mesure que les médias se penchent sur sa carrière et que ses ennemis d’autrefois se sentent à nouveau libres de s’exprimer. Un producteur anonyme, interrogé en marge du Festival de Cannes, déclare à propos de Redford : “Un génie, oui, mais un homme impossible. Vous ne pouviez rien lui imposer, il méprisait les compromis.” Ces mots, qui auraient pu passer inaperçus, atteignent leur cible. Redford les lit, garde tout à Sundance.

Les tensions se font plus palpables. Une grande entreprise de streaming propose un rachat partiel du festival. Redford refuse catégoriquement. Il voit dans cette offre une tentative de désacralisation de son œuvre. Certains collaborateurs lui reprochent son entêtement, sa “peur du changement”. Lui y voit au contraire une fidélité à l’idéal d’origine. Un bras de fer s’engage. Il en ressort blessé, marginalisé, mais debout. La presse spécialisée, elle aussi, commence à douter. Un article paru en 2015 dans le “Hollywood Reporter” décrit Redford comme “l’homme d’une autre époque”, devenu inapte au rythme de l’industrie actuelle. Cette phrase, rédigée par un journaliste qu’il avait autrefois accueilli chez lui lors d’un week-end privé au Montana, le frappe en plein cœur. Il n’y répond pas, ne dira rien publiquement, mais ses proches affirment qu’à partir de ce jour, Redford a changé : moins ouvert, plus vigilant.

Dans un documentaire consacré à Jane Fonda diffusé sur Netflix, une séquence évoque leur collaboration avec des mots doux, mais aussi un regard de Fonda appuyé, presque ironique, lorsqu’elle dit : “Bob était parfois un mur. Beau, solide, mais hermétique.” Un rire gêné suit. Redford voit l’extrait. Il ne montre rien à personne. Il dira plus tard : “C’est dans les silences que les vraies blessures s’installent.” Mais le plus troublant intervient en 2017, lorsqu’un ancien membre du conseil d’administration de Sundance révèle dans une interview radio que Redford aurait étouffé des propositions modernes pour préserver sa vision “conservatrice” de l’art. Ce mot “conservateur” lui est insupportable. Il l’associe à tout ce qu’il a combattu : le dogme, la peur, la tiédeur. Que son nom soit lié à cette étiquette suffit à raviver toutes les blessures du passé.

Dans ses mémoires non publiées, un passage manuscrit circule parmi ses proches. Il y écrit : “J’ai attendu des excuses pendant toutes ces années. Elles ne sont jamais venues. Je ne voulais pas qu’on me flatte, je voulais qu’on me respecte.” Un aveu rare, douloureux. Il parle peu, mais quand il écrit, chaque mot est pesé. Cette note intime semble refermer un cycle : il n’a pas pardonné, il n’a pas oublié. Et même à l’approche de la fin, il choisit la loyauté à ses principes, quitte à rester seul.

C’était un matin clair du 10 septembre 2025. Dans sa résidence de Sundance, nichée au cœur des montagnes de l’Utah, Robert Redford s’était levé plus tôt que d’habitude. Il avait passé la nuit à relire d’anciens carnets, ceux qu’il appelait ses “journaux de silence”. Une employée du domaine entre dans le salon pour préparer le petit-déjeuner. Elle le découvre assis dans son fauteuil préféré, une couverture sur les genoux, le regard fixe vers la baie vitrée. Il était parti calmement, sans bruit, comme il avait vécu. Sur la table basse, un cahier à spirales posé ouvert à la page du 15 août, une simple ligne manuscrite : “Je ne pourrai jamais oublier ce que ces cinq personnes m’ont pris. Pas des choses, mais des élans.” Il n’avait pas mentionné de nom, mais autour de lui, ceux qui le connaissaient savaient. Les blessures n’avaient jamais guéri, elles s’étaient installées.

Dans les heures qui suivent, la nouvelle de sa disparition se répand comme une onde de choc. Les hommages affluent. Jane Fonda publie un message ému, évitant soigneusement toute mention personnelle. Barbra Streisand écrit simplement : “Je pleure un homme qui, jusqu’au bout, a voulu garder son mystère.” Les médias évoquent son immense héritage, sa discrétion, son engagement pour un cinéma libre. Mais peu parlent de cette part d’ombre, ce jardin intérieur dans lequel il avait enfermé ses colères muettes.

Lors de la veillée privée organisée deux jours plus tard, dans l’intimité d’un cercle restreint, sa compagne Sibylle Szaggars lit à voix haute un extrait des notes qu’il lui avait laissées. Il y était écrit : “J’ai tout fait pour ne pas haïr, mais le pardon, ce n’est pas un devoir, c’est un choix. Et j’ai choisi de ne pas l’offrir.” Un silence s’installe. Certains pleurent, d’autres détournent les yeux. Ce moment restera dans la mémoire de tous ceux présents ce jour-là. Redford n’a jamais été un homme de grands gestes. Il a préféré les silences lourds aux éclats publics. Et dans cette dernière déclaration, il offre une vérité brute, sans artifice. Le cinéma lui avait permis d’exprimer mille émotions, mais il avait gardé pour lui les plus douloureuses. À 15h03 le même jour, alors que le soleil descend doucement derrière les montagnes, une brise légère soulève les rideaux du salon. L’image est saisissante : une page se tourne, non pas d’un artiste, mais d’un homme qui, jusqu’à son dernier souffle, a refusé de trahir ce qu’il était.

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Aujourd’hui encore, alors que le monde du cinéma continue d’évoquer l’héritage monumental de Robert Redford, une question demeure suspendue : que vaut un pardon que l’on ne ressent pas ? Peut-on demander à un homme, même admiré de tous, de renoncer à sa douleur pour satisfaire l’image qu’on veut garder de lui ? Redford a refusé ce marché. Il n’a pas crié sa rancune, il l’a simplement reconnue. Et en cela, il a offert au public une ultime leçon : l’élégance n’est pas l’oubli, c’est l’honnêteté. Son refus de pardonner ne ternit pas son héritage. Au contraire, il le rend plus humain, plus réel. Nous découvrons un homme profondément cohérent, fidèle à lui-même jusqu’au bout. Il laisse derrière lui des films, un festival, des combats artistiques, mais aussi une invitation à réfléchir à nos propres limites, à nos propres blessures non guéries.