Ce n’est pas une chanson. Ce n’est pas un couplet rageur de plus, ni une balade mélancolique à la guitare sèche. C’est un cri. Un cri brut, viscéral et douloureux, poussé par un homme de 73 ans qui, après une vie passée à chanter les “paumés” et les “oubliés”, regarde en arrière et dresse une liste. Pas une liste de courses, mais une liste de noms, de visages, de blessures indélébiles. Renaud, l’éternel rebelle au foulard rouge et à la voix cassée, l’idole d’une génération, révèle aujourd’hui ceux qu’il ne pourra jamais pardonner. Derrière les refrains que la France entière a fredonnés, se cachent des trahisons que le temps n’a pas effacées, des silences plus lourds que des insultes, et une colère froide que même les excès n’ont jamais réussi à noyer.
Car oui, même les poètes ont leurs ennemis. Et parfois, ces ennemis ne se cachent pas. Ils applaudissent en façade tout en poignardant dans le dos.
Pour comprendre la profondeur de ses blessures, il faut se souvenir de qui il était. Né en mai 1952 à Paris, Renaud Séchan, ce “fils à papa” d’une famille intellectuelle de gauche, a très tôt développé une méfiance instinctive envers les institutions. Il est le Gavroche du 14e arrondissement. Dans les années 70, il impose sa voix nouvelle. “Amoureux de Paname”, son premier album, dépeint un Paris sans filtre, peuplé de “clodos” et de “CRS”. Son verbe est tranchant, son accent est celui de la rue. Il devient l’icône de la jeunesse qui rejette le conformisme. “Hexagone”, “Marche à l’ombre”, “Laisse béton” : ses chansons sont des pamphlets. Il est drôle, irrévérencieux, engagé.

Le succès est fulgurant. Les années 80 sont les siennes. “Mistral Gagnant”, en 1985, le consacre. Cette chanson, dédiée à sa fille Lolita, mêle poésie et désespoir avec une tendresse qui devient sa signature. Il est adulé, mais déjà mal à l’aise. Il refuse la Légion d’Honneur, raille les cérémonies, fuit les studios et boit trop. Il se décrit comme un “anar au cœur tendre”, un homme à vif. Le public l’aime parce qu’il est vrai, parce qu’il ne triche pas. Même après ses disparitions, il revient. “Boucan d’enfer” en 2002 est un triomphe. Il est un survivant, un homme brisé mais debout, qui a traversé les tempêtes, les chagrins d’amour et les cures de désintoxication.
Mais c’est précisément là que le drame commence. Car Renaud, malgré sa désinvolture apparente, a toujours eu un besoin vital d’amour. Il chantait pour être entendu, reconnu. Et ce besoin, lorsqu’il n’est pas comblé, se transforme en rancune.
La première entaille vient de la presse. Dans les années 90, alors que son succès est plus inégal, les journalistes, qu’il croyait intellectuellement proches, commencent à le railler. Le journal Libération le dépeint en “clown triste”, évoque son alcoolisme, ironise sur ses textes. Le choc est brutal. Renaud n’est pas seulement critiqué, il est humilié. Il répondra en chanson avec “Où c’est que j’ai mis mon flingue ?”, une déclaration de guerre à cette élite qui l’a renié. Il ne pardonnera jamais cette hypocrisie, ce mépris de classe des “bobos” parisiens qui, après l’avoir adulé, se moquent de sa “gueule marquée” et de son accent populaire. Il comprend qu’il est devenu un “has-been”, un souvenir encombrant.
La deuxième blessure est politique et personnelle. Elle a un nom : Margaret Thatcher. En 1986, il écrit “Miss Maggie”, une satire féroce de la Dame de Fer, la “seule femme” qu’il méprise. Il déteste son cynisme, sa politique de fer, son mépris des faibles. Pour Renaud, elle incarne une société froide, sans compassion. Cette haine est viscérale. Il ne lui pardonnera jamais d’avoir “piétiné les plus faibles”.
La troisième blessure se joue à l’étranger. En 1985, il est invité à chanter à Moscou. Au cœur de l’Union Soviétique, il choisit d’interpréter “Déserteur”, son hymne pacifiste. La réaction est glaciale. Le public, composé de jeunes communistes, quitte la salle. Renaud est bouleversé. Lui qui croyait en l’universalité de son message découvre un rejet violent. Ce moment le hante. Il dira que ce jour-là, quelque chose s’est brisé en lui.
Mais les plaies les plus profondes sont infligées par les siens. Sa “famille” artistique. Lorsque ses démons deviennent trop visibles – l’alcool, la voix défaillante, l’apparence fatiguée – les moqueries fusent. Le transcript mentionne Benjamin Biolay, qui aurait “ironisé sur lui” dans une interview. Pour Renaud, qui a toujours aidé les jeunes artistes, la trahison est totale. Il voit sa générosité bafouée.
Pourtant, la blessure ultime, la cinquième, celle qu’il ne pardonnera jamais, est plus silencieuse. C’est l’indifférence. Avec les années, pendant ses hospitalisations, ses cures, le téléphone ne sonne plus. Le soutien public est inexistant. Le monde de la musique qui l’a tant applaudi semble avoir tiré un trait sur lui. Et c’est ce silence-là, ce silence d’abandon, de désertion, qui fait le plus mal. Le poète du peuple s’est senti abandonné de tous.

Les attaques, elles, continuent. Alors qu’il est hospitalisé, des journaux publient des articles sarcastiques. Lors de la sortie de son album “Toujours debout” en 2016, l’attente est immense, mais certaines critiques s’acharnent. “Un zombie qui chante”, écrit un chroniqueur. Ces mots, Renaud les lit. La colère cède la place à une immense lassitude. Il ne s’agit plus de se battre, mais de survivre à l’humiliation.
Il coupe les ponts, nourrit une paranoïa. “Je ne fais plus confiance à personne”, dit-il. Dans une rare interview en 2018, il lâche cette phrase glaçante : “J’ai attendu des excuses pendant toutes ces années. Elles ne sont jamais venues.” À travers cette confession, c’est tout le poids des rancunes qui surgit. Il reconnaît ses erreurs, mais il accuse aussi ceux qui, au lieu de l’aider, ont préféré le piétiner. Il confesse ses regrets de père : “Mon fils a grandi sans son père à ses côtés… parce qu’on m’a laissé tomber.” Il ne demandait pas la pitié, il demandait le respect de ses failles. Il a récolté la moquerie.
Et puis, contre toute attente, un frémissement. Pas des ennemis d’hier, mais des fans. Le public de toujours. Celui qui n’a jamais oublié “Mistral Gagnant”. Lors d’un concert intimiste en 2022, sa voix est fragile, tremblante. Il peine à chanter. Mais les spectateurs chantent pour lui, à l’unisson. Une marée de voix qui le porte. Renaud, les larmes aux yeux, murmure : “Merci. Vous êtes ma famille.”
Ce soir-là, il a compris. Le pardon ne viendra pas des coupables, et il n’est peut-être pas nécessaire. La douceur est venue d’ailleurs. Son entourage le dit, depuis, il est apaisé. Il ne nomme plus les traîtres. Il n’a pas pardonné, il n’a pas oublié. Mais il a accepté. Il a cessé d’attendre des excuses.
À 73 ans, Renaud ne cherche plus à plaire. Il y a ceux qu’il ne pardonnera jamais, non par vengeance, mais parce que l’indifférence est le plus cruel des adieux. Il ne nous donne pas de réponse sur le pardon. Il nous offre l’exemple d’un homme qui a aimé, crié, chuté, et qui, malgré tout, continue de marcher. Tant bien que mal.
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