Il fut l’un des visages les plus iconiques de la fin des années 80. Jean-Pierre François, avec ses cheveux blond platine, son regard ténébreux et sa voix éraillée, faisait chavirer les cœurs sur les rythmes mélodramatiques de Je te survivrai. Ancien footballeur devenu chanteur presque par accident, il est rapidement devenu une star éphémère, dont les posters ornaient les chambres d’adolescentes et les apparitions télévisées déchaînaient les foules. Puis, aussi vite qu’il est apparu, il a disparu. Silence médiatique. Plus de disques, plus de concerts, plus d’interviews. Le nom de Jean-Pierre François est devenu un mystère nostalgique. Mais que devient donc ce chanteur météore ?

Aujourd’hui, à 60 ans, Jean-Pierre François coule des jours paisibles… dans le Var. Fini les tournées, les projecteurs et les plateaux télé. Désormais, c’est derrière un comptoir, entre une assiette de lasagnes et un verre de rosé, qu’il accueille son public du quotidien. Avec sa compagne Sandrine, il tient un petit restaurant ouvrier à Grimaud, sobrement nommé Chez les Filles. Une adresse sans prétention, ouverte uniquement le midi du lundi au vendredi, qui affiche souvent complet. Les clients, majoritairement des habitués, viennent y chercher une cuisine simple, généreuse, et un accueil chaleureux. Beaucoup ignorent même que leur hôte fut un jour une idole nationale.

L’établissement, loin des modes et du luxe de la Côte d’Azur toute proche, incarne parfaitement la nouvelle vie choisie par Jean-Pierre : discrète, apaisée, sans artifices. Loin des caméras et des attentes du public, il a troqué les micros contre les marmites, les plateaux télé contre les menus du jour. Et si l’on tend bien l’oreille, peut-être entendra-t-on quelques notes de Je te survivrai flotter dans l’air… Mais uniquement lorsque Jean-Pierre chante à mi-voix pour Sandrine, dans le calme de leur cuisine.

Cette reconversion n’a rien d’un hasard ou d’un échec. Avant Chez les Filles, l’ancien chanteur avait déjà tenté une première aventure dans la restauration en reprenant un PMU à Ramatuelle. Une tentative modeste, mais révélatrice d’un désir profond : celui de revenir à l’essentiel. En 2016, il tourne définitivement le dos à la vie publique, choisissant un quotidien plus sobre, plus stable. « Il a compris que la célébrité n’était pas synonyme de bonheur », glisse un voisin du village. Depuis, Jean-Pierre s’occupe du comptoir, gère les stocks, échange des plaisanteries avec les habitués et, surtout, refuse toutes les interviews. Aucun désir de revenir sur le devant de la scène, aucun besoin de se justifier.

Car contrairement à d’autres étoiles filantes de la variété française qui cherchent à raviver leur flamme, Jean-Pierre François a fait un choix rare : celui de tirer sa révérence sans regret. Non pas par lassitude ou amertume, mais par lucidité. Il a connu la lumière, les cris, les paillettes… et il a choisi de s’en éloigner. Non pas pour fuir, mais pour se retrouver. Car le vrai luxe, à ses yeux, ne réside pas dans la gloire, mais dans le calme d’un déjeuner réussi, le sourire d’un client satisfait, ou le plaisir simple d’un moment partagé avec sa compagne.

L’histoire de Jean-Pierre François est celle d’un homme qui a pris conscience que le bonheur ne se trouve pas nécessairement sous les projecteurs. Il est peut-être même plus vrai, plus durable, derrière un comptoir, entre un plat du jour et un bon café. Il incarne une forme d’élégance rare : celle de savoir quand s’arrêter, quand quitter la scène, quand dire non au culte de l’image.

Et si aujourd’hui, il fait moins de bruit, Jean-Pierre François n’a jamais été aussi fidèle à lui-même. Il vit à son rythme, selon ses valeurs, sans artifice ni nostalgie déplacée. Il ne cherche pas à faire revivre son passé : il savoure pleinement son présent.

Une leçon de modestie et de liberté, que bien des célébrités pourraient méditer.