Patrick Sébastien : “Beauf”, “inculte” ? L’animateur se défend

Après un demi-siècle de carrière dans le paysage audiovisuel français, Patrick Sébastien continue de diviser. Adulé par certains pour son énergie débordante et sa capacité à rassembler, moqué par d’autres pour son image populaire, l’animateur au franc-parler s’est livré sans détour dans les colonnes de La Dépêche du Midi. À 71 ans, l’ancien roi des samedis soir sur France 2 revient sur les critiques qui l’ont suivi toute sa carrière — et celles qui, parfois, lui font encore mal.

Un artiste clivant, mais toujours debout

Patrick Sébastien est une figure familière du petit écran. Pendant des années, il a incarné la fête, le rire, les chansons paillardes et les imitations. Loin du politiquement correct, il a toujours revendiqué son goût pour le divertissement populaire, au sens le plus noble du terme. Mais cette proximité avec “le peuple”, cette joie de vivre bruyante et décomplexée, ont aussi nourri bon nombre de critiques.

Qualifié de “beauf”, de “blaireau”, ou encore d’”inculte”, il reconnaît que certains de ces qualificatifs l’ont blessé, surtout lorsqu’ils ont touché sa famille. Car derrière le masque du bon vivant se cache un homme sensible, profondément attaché à ses proches.

Une culture revendiquée

S’il y a bien une critique qui l’agace profondément, c’est celle de l’inculture. “Alors inculte… Je dois être le seul mec qui a gagné trois fois Question pour un champion, j’ai une culture générale assez costaud”, répond-t-il, visiblement piqué. Il faut dire que l’animateur, passionné de littérature et d’histoire, a souvent été sous-estimé à cause de son personnage public haut en couleur.

Ses émissions grand public, ses chansons festives comme Les Sardines ou Le Petit Bonhomme en mousse, n’ont rien arrangé à l’affaire. Pourtant, Patrick Sébastien rappelle qu’il n’a jamais prétendu être autre chose qu’un homme simple, sincère, avec ses contradictions. Un homme qui, malgré les apparences, a su nourrir son esprit tout autant que son envie de faire rire.

“Être un beauf ? Je vous le souhaite à tous”

Sur l’étiquette de “beauf”, Patrick Sébastien ne se défile pas. Au contraire, il prend le contre-pied de l’insulte. “Je ne bois pas, je ne me drogue pas, je ne suis pas violent, je suis un humaniste, je soutiens la cause LGBT”, énumère-t-il, presque incrédule face aux clichés qu’on lui colle. “Le cul, j’en parle, je le vis comme beaucoup de gens, sans plus. C’est ça être un beauf ? Je vous le souhaite à tous.”

Il assume donc totalement cette identité populaire, souvent mal vue dans les sphères médiatiques élitistes. Et il la revendique avec fierté, comme une forme de résistance culturelle. Car au fond, ce qui dérange chez Patrick Sébastien, ce n’est peut-être pas tant ce qu’il dit, que le fait qu’il le dise avec le sourire, sans honte et sans filtre.

Une vie marquée par les drames

Au-delà de l’image festive, Patrick Sébastien est un survivant. Il le rappelle d’ailleurs dans cet entretien : “Je suis arrivé à 71 ans sans came, sans psychiatre, sans alcool, en ayant vécu des drames affreux.” Une allusion pudique à une vie marquée par des pertes, notamment celle de son fils Sébastien, décédé dans un accident de moto en 1990. Un drame intime qu’il a toujours porté en silence, mais qui l’a profondément façonné.

Cette résilience, il la revendique comme une victoire personnelle. “Je suis debout, c’est qu’il y a bien une raison, et qu’elle est ailleurs que dans tout ça”, confie-t-il. Une manière de dire que, malgré les coups bas et les épreuves, il est resté fidèle à lui-même.

Des critiques qui touchent la famille

Si les attaques personnelles le laissent désormais relativement indifférent, il en est certaines qui l’atteignent encore. Celles qui rejaillissent sur ses enfants. “Cette image-là, des fois elle me blesse, elle m’a blessé souvent par rapport à mes enfants”, admet-il. Derrière la façade du comédien et du trublion de la télé, on découvre alors un père protecteur, conscient que sa notoriété n’a pas toujours été facile à porter pour ses proches.

Avec le recul, Patrick Sébastien dit avoir appris à vivre avec ces critiques. “Puis, tu prends la mesure du truc en disant ‘je suis ce que je suis’. Je n’ai jamais voulu masquer mes trucs, j’ai dit : ‘J’ai des qualités et des défauts, je vous les montre. Comme tout le monde’”, conclut-il avec philosophie.

Un dernier mot

À 71 ans, Patrick Sébastien n’a plus rien à prouver. Il a connu les sommets de l’audience, les salles pleines, les bides aussi. Il a été aimé, moqué, encensé, détesté. Mais il est toujours là, debout, fidèle à son personnage et à ses valeurs. Et si cela fait de lui un “beauf”, alors peut-être qu’on aurait tous quelque chose à apprendre de lui.