Le sang se glace. Les mots “Patrick Bruel, mort, cancer” résonnent comme un coup de tonnerre dans le paysage médiatique. Une onde de choc, amplifiée par l’association du nom de son ex-épouse, Amanda Sthers, qui serait à l’origine de cette “triste annonce”. En quelques heures, la rumeur a pris une ampleur folle, alimentée par des vidéos au titre racoleur et à la miniature tragique. Une nation retient son souffle, craignant le pire pour l’un de ses artistes les plus aimés.

Mais que se passe-t-il vraiment ? D’où vient cette information macabre ? En tant que journalistes, notre devoir est de vérifier, de creuser, de remonter à la source. Et ce que nous avons découvert est un cas d’école de “piège à clics”, une manipulation médiatique sordide qui prend racine dans plusieurs drames bien réels, mais totalement distincts, pour créer un mensonge monstrueux.

La source de cette rumeur ? Une vidéo YouTube au titre évocateur mais au contenu vide. Un néant de deux minutes, conçu uniquement pour capitaliser sur la peur et la curiosité. Non, Patrick Bruel n’est ni mort, ni atteint d’un cancer. Alors, quelle est cette fameuse “triste annonce” d’Amanda Sthers ? Nous avons enquêté, et la vérité est éclatée en plusieurs fragments, que les créateurs de rumeurs ont soigneusement réassemblés dans un ordre diabolique.

La vraie “triste annonce” : Le drame des incendies de Los Angeles

La première piste nous mène à un drame bien réel : les incendies dévastateurs qui ont ravagé Los Angeles. Amanda Sthers, qui vit en Californie avec ses enfants, a été une témoin directe de cette catastrophe. Invitée sur les plateaux de télévision, elle a livré un témoignage poignant.

C’est là qu’apparaît le premier lien. Lors d’une interview, elle a confirmé que la maison de Patrick Bruel, le père de ses enfants, avait été “totalement détruite par les flammes”. Un coup dur, une perte matérielle immense. Mais Sthers, avec gravité, a immédiatement remis les choses en perspective : “Ce qui est le plus important et le plus grave, c’est que des gens sont morts”.

Voilà la première manipulation. Les créateurs de la rumeur ont pris ces éléments – “Patrick Bruel”, “maison détruite”, et “des gens sont morts” – et les ont fusionnés en un titre mensonger. La tragédie collective des incendies de Los Angeles a été cyniquement réduite à une fausse annonce de la mort du chanteur.

La deuxième “tristesse” : Le syndrome du nid vide

Continuons de creuser. Le mot “triste” est souvent associé à Amanda Sthers dans la presse, mais pour une raison bien plus intime et universelle. L’écrivaine s’est récemment confiée sur une étape douloureuse de sa vie de mère : le départ de ses deux fils, Oscar et Léon.

Ses enfants, qu’elle a eus avec Patrick Bruel, ont grandi et quitté la maison pour poursuivre leurs propres rêves. Amanda Sthers a parlé avec une émotion sincère de ce “nid vide”, un sentiment de mélancolie et de fierté mêlées que tous les parents connaissent. C’est une “triste annonce” personnelle, celle de la fin d’un chapitre. Une fois de plus, les marchands de rumeurs s’emparent de cette émotion pure – la “tristesse” d’une mère – pour la coller à une tragédie inventée, celle d’un “cancer” ou d’une “mort”. C’est un procédé aussi cruel qu’efficace.

Le twist le plus sordide : La connexion Johnny Hallyday

Mais d’où vient cette obsession pour la “mort” ? Comment le mot “cancer” a-t-il pu être ajouté ? L’explication est peut-être la plus choquante de toutes. Elle ne concerne pas Patrick Bruel, mais un autre monstre sacré de la chanson française : Johnny Hallyday.

Amanda Sthers n’est pas seulement romancière et réalisatrice ; elle est aussi la biographe du Taulier. Et c’est elle, dans ses écrits, qui a fait une véritable “triste annonce” historique en révélant les détails crus de la tentative de suicide de Johnny Hallyday en 1965.

Elle a raconté cette nuit sombre où Johnny, alors âgé de 23 ans et jeune père, a tenté de mettre fin à ses jours. “Dans sa salle de bains […], il avale une énorme dose de barbituriques, une demi-bouteille d’éther et s’ouvre les veines. Ses proches l’ont trouvé allongé sur une moquette couverte de sang”.

Le puzzle macabre est complet. Les créateurs de la rumeur ont pris la “triste annonce” d’Amanda Sthers (concernant Johnny Hallyday), y ont ajouté la “tristesse” (de l’incendie de la maison de Bruel et du nid vide), et ont inventé le “cancer” pour maximiser le choc. Ils ont cyniquement transféré le drame d’une icône décédée sur une icône bien vivante.

La vérité : Une amitié indéfectible, loin des tragédies

Patrick Bruel et Amanda Sthers toujours très proches : "une fois de plus…",  le chanteur bouleversé par son ex - Closer

La réalité de la relation entre Patrick Bruel et Amanda Sthers est à l’opposé de ce tableau funeste. Loin d’être en deuil, leur lien est une “fascinante histoire” d’amour transformé et d’amitié indéfectible.

Divorcés depuis 2007, ils forment ce que l’on appelle une “famille moderne”. Ils se soutiennent mutuellement, élèvent leurs enfants dans le respect et l’admiration réciproques. La seule “annonce” récente d’Amanda Sthers concernant son ex-mari était, ironiquement, une magnifique déclaration d’admiration.

Alors que Patrick Bruel était en pleine tournée, elle a publiquement salué son talent, le qualifiant de “plus grand showman” qu’elle connaisse. Elle a loué sa capacité à se connecter avec son public, un message vibrant de fierté et d’affection. “Pas facile pour la personne qui partage sa vie aujourd’hui”, a-t-elle même glissé avec humour et tendresse, soulignant la puissance de leur lien passé et présent.

Nous sommes donc loin, très loin, d’une “triste annonce” de “mort” ou de “cancer”. L’histoire véritable est celle d’une amitié post-divorce réussie, celle de parents fiers de leurs enfants, et celle de deux personnes qui ont surmonté ensemble des drames réels (les attentats de 2015 qui ont poussé Sthers à déménager, les incendies de LA).

La rumeur qui circule est une insulte à leur histoire. C’est une construction toxique, bâtie sur des fragments de vérités déformées – le drame de Johnny Hallyday, la catastrophe des incendies, et la mélancolie d’une mère – pour générer des clics. La seule chose qui est morte ici, c’est l’éthique de ceux qui propagent ces mensonges. Patrick Bruel est bien vivant, et son lien avec Amanda Sthers est un exemple de vie, pas de tragédie.

Patrick Bruel: "Ma seule envie, c'est d'être utilisé. Utilisez-moi!" | RTS