Le rideau s’ouvre sur la scène mythique des Folies Bergères. Les plumes, les strass, et l’énergie du “French Cancan” exécuté à la perfection par les danseuses du Moulin Rouge. La soirée s’annonce comme une grande fête, un spectacle glamour pour célébrer “La fête de la chanson française”. Mais nous ne sommes pas n’importe quel soir. Nous sommes le soir de la Journée de la Femme, et cette émission, bien plus qu’une simple succession de tubes, va devenir le théâtre d’une émotion brute, d’une sororité puissante et d’une confession si sombre qu’elle en éclipsera presque la musique.
Au cœur de cet événement, une initiative louable : un album caritatif. Une constellation de “chanteuses au grand cœur” – Chimène Badi, Liane Foly, Michèle Laroque, Joyce Jonathan, Nicoletta, et tant d’autres – ont uni leurs voix pour “Chanté pour celles”. Un album de reprises dont l’intégralité des profits est reversée au SAMU social, pour aider les femmes sans logement, celles qui sont “démunies”, à “retrouver un peu de dignité”. La cause est posée. Elle est le cœur battant de la soirée.
Pour animer cette célébration, le concept est fort : ce sont les hommes, artistes, comédiens, chanteurs, qui sont invités à rendre hommage, à présenter des “femmes d’exception”. Une inversion bienvenue des rôles, un moment où l’admiration remplace la séduction, du moins en théorie. Car l’humour, parfois grinçant, n’est jamais loin. On voit défiler Franck Dubosc, Kev Adams, ou encore le duo Chevalier et Laspalès, qui livrent des sketches sur les rapports hommes-femmes, flirtant avec le “macho” pour mieux le désamorcer.
Et puis, le drame. Le vrai. Celui qui n’est pas écrit.

Le grand Guy Bedos est sur scène. Il est là pour présenter son “amie” Catherine Cabrol, une photographe dont le projet “Blessure de femmes” donne un visage à celles qui ont subi des violences. Le sujet est grave, mais personne n’était préparé à ce qui allait suivre. L’émotion submerge l’humoriste. La voix se brise. Guy Bedos, l’insolent, le trublion, redevient un petit garçon.
“Si je suis aussi féministe,” commence-t-il, “c’est parce que j’ai eu à la subir [la violence]… en tout cas en spectateur”. Le plateau retient son souffle. “Je ne pensais pas que je parlerai de ça… mais j’en parle.” Il raconte alors. Il raconte son beau-père, qu’il détestait. Il raconte les cris de sa mère, battue. “J’entendais ma mère hurler sous les coups”, confie-t-il. Et puis l’impensable. “J’étais dans une autre chambre… Je suis allé dans la cuisine. J’ai attrapé un couteau à viande… et je l’attendais là. J’avais 12 ans”.
Le silence est assourdissant. L’homme qui a fait rire la France pendant cinquante ans vient de livrer la blessure la plus intime de son enfance. “J’ai planté le couteau dans la porte,” termine-t-il, “parce que j’avais envie de le… le planter dans le ventre”. En une minute, Guy Bedos a fait plus que n’importe quel discours. Il a donné un visage de chair et de sang à l’horreur des violences conjugales, à la souffrance des “victimes collatérales” que sont les enfants. L’hommage à Catherine Cabrol devient soudain un cri universel.
Cette confession d’une honnêteté désarmante donne le ton au reste de la soirée. Les paillettes ne sont plus là pour cacher la misère, mais pour la mettre en lumière. Le spectacle continue, mais il est désormais chargé d’un poids nouveau, d’une gravité poignante.
Chaque “femme d’exception” présentée devient l’écho de ce premier coup de poing. On découvre Inna Modja, la chanteuse solaire, qui parle avec une force incroyable de son combat contre l’excision, une mutilation qu’elle a elle-même subie à 4 ans et demi, “à l’insu de [ses] parents”. Elle explique son parcours pour “se faire réparer”, un combat pour se “sentir complètement femme”. Son témoignage, digne, est une autre lame qui transperce le confort du public.
On découvre Simone Riner Grimaldi, fondatrice de “Belle et Battente”, qui aide les femmes atteintes de cancer à retrouver leur estime par la beauté et le bien-être. On découvre Françoise Holder, de “Force Femme”, qui se bat contre la “double discrimination” – l’âge et le sexe – subie par les femmes de plus de 45 ans sur le marché de l’emploi. On découvre Céline Dumerc, la capitaine de l’équipe de France de basket, qui se bat pour que le sport féminin soit enfin reconnu à sa juste valeur. On découvre Anne-Laure Michel, l’une des quinze seules femmes pilotes de chasse en France.
La liste est longue, et chaque portrait est une leçon de courage. Ces femmes ne sont pas des “exceptions” parce qu’elles sont extraordinaires ; elles le sont parce qu’elles ont dû se battre dans un monde qui n’était pas fait pour elles.
Et la musique, dans tout cela, devient une arme. Les chansons de l’album “Chanté pour celles” ne sont pas de simples reprises ; ce sont des manifestes. Quand Chimène Badi, avec sa voix puissante, reprend “Respect” d’Aretha Franklin, le mot prend tout son sens. Quand Joyce Jonathan chante “Résiste”, c’est un hymne pour toutes ces femmes. Quand Ariel Dombasle entonne “I Will Survive” et Michèle Laroque “Femme libérée”, les tubes deviennent des étendards.

Même la présence de la Ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, venue saluer l’initiative, ancre la soirée dans une réalité politique concrète. “Il ne faut pas que ce ne soit qu’une fois par an,” rappelle-t-elle, saluant ces femmes “intelligentes, courageuses, généreuses”.
Le point d’orgue de la soirée sera le vote des internautes de Femme Actuelle. Parmi les 10 femmes d’exception, le public a choisi sa “Coup de Cœur”. Et c’est Simone Riner Grimaldi, la “bonne fée” des femmes atteintes de cancer, qui reçoit le prix. C’est Patrick Fiori qui lui remet le bouquet, et Simone, en larmes, dédie ce prix “aux femmes qui d’habitude sont dans l’ombre et qui méritent qu’on les regarde comme des vraies femmes”.
Cette soirée aux Folies Bergères a réussi un pari insensé : celui de mêler le divertissement le plus populaire et les combats les plus intimes. Elle a prouvé qu’on pouvait parler de violences conjugales, d’excision et de précarité en prime time, sans voyeurisme mais avec une émotion juste. En commençant par les plumes et en finissant par les larmes de Guy Bedos, cette “Fête de la chanson française” est devenue, le temps d’une soirée, la fête de toutes les femmes.

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