Pascal Obispo, entre mélancolie et franchise : « On glorifie des têtards »

Le 4 février dernier, Pascal Obispo s’est livré avec une sincérité rare au micro de RFM, dans l’émission matinale « Le meilleur des réveils », animée par Caroline Ithurbide et Albert Spano. À 60 ans, fraîchement célébrés en janvier, l’icône de la chanson française est venue présenter son nouveau single, Notre Dame et la France. Mais ce moment de promotion a surtout donné lieu à une introspection profonde, où l’artiste a évoqué sa carrière, son rapport aux médias et la génération montante d’artistes issus de la téléréalité.

Visiblement marqué par une certaine nostalgie, Obispo n’a pas mâché ses mots lorsqu’il s’est exprimé sur l’univers médiatique actuel. « Je me suis fait happer comme tout le monde par les réseaux sociaux et j’ai décidé d’arrêter parce que j’avais le sentiment de perdre énormément de temps », a-t-il confié. À ses yeux, la frénésie numérique éclipse souvent l’essentiel : la culture, l’art, la réflexion. L’artiste privilégie désormais des activités plus ancrées dans la création et la contemplation : la lecture, la peinture, et bien sûr, la musique.

Une prise de distance avec la surexposition

Fidèle à sa réputation d’artiste libre et exigeant, Pascal Obispo a annoncé qu’il souhaitait prendre ses distances avec la médiatisation excessive. « Je vais continuer à faire de la musique, mais je vais faire un pas de côté pour tout ce qui est médiatisation parce qu’on passe beaucoup de temps à faire des émissions de télé qui ne servent pas à grand-chose », a-t-il expliqué, avant d’évoquer son prochain album, Héritage, attendu pour octobre 2025.

Sans nommer directement les émissions concernées, l’interprète de Lucie semble pointer du doigt certains formats télévisés qui, selon lui, ne valorisent pas suffisamment les artistes. « Pour moi, la meilleure émission reste Taratata », a-t-il précisé. « Dans les autres, on participe à des happenings où votre promo passe à 1h30 du matin, on perd notre temps… »

Ce discours critique pourrait bien faire écho aux primes de la Star Academy, diffusés sur TF1. En effet, de nombreux artistes invités y apparaissent brièvement en début de soirée, avant de voir leur performance reléguée à des horaires tardifs. Pascal Obispo, lui-même, avait participé à l’émission en novembre 2023 en animant une master class au château de Dammarie-les-Lys, avant de revenir sur scène pour le quatrième prime de la saison 12.

« On les glorifie alors qu’ils sont encore des têtards »

Interrogé sur les nouveaux visages de la chanson révélés par la téléréalité, notamment Pierre Garnier et Marine Delplace – les derniers lauréats de la Star Academy – Pascal Obispo a tenu à nuancer l’enthousiasme général. « J’écoute ce qu’ils font mais, malheureusement, on les glorifie alors qu’ils sont encore des têtards », a-t-il lancé avec franchise.

Pour l’artiste, le chemin vers la maturité musicale ne peut s’atteindre du jour au lendemain. « Au bout d’un album, tu n’es pas un génie », affirme-t-il sans détour. S’il reconnaît le potentiel des jeunes artistes, il appelle à la patience et à l’humilité. « Laissez-les grandir un petit peu et peut-être qu’un jour ils arriveront à faire des chansons un peu plus intéressantes et moins générationnelles. »

Ces propos, s’ils peuvent sembler durs, traduisent une forme d’exigence artistique. Pascal Obispo, dont la carrière s’étend sur plus de trois décennies, sait ce que signifie bâtir une œuvre sur la durée. Il refuse le culte de l’instantanéité qui, selon lui, nuit à la profondeur artistique. « Le système est mal fait pour des artistes comme moi. Il y en a qui prennent leur temps. Moi, je travaille tout le temps », déplore-t-il.

Un artiste au service de la musique, pas du show

Pascal Obispo ne fait pas de compromis lorsqu’il s’agit de son art. Depuis ses débuts, il a toujours défendu une vision exigeante et sincère de la musique, loin des artifices médiatiques. Aujourd’hui, il aspire à retrouver un espace de création libre, dégagé des contraintes promotionnelles qui, à ses yeux, détournent de l’essentiel.

Son prochain projet, Héritage, semble incarner cette volonté de transmission, de retour aux sources, et de fidélité à une certaine idée de la chanson française. Et si Obispo choisit désormais de s’éloigner des feux de la rampe, c’est peut-être pour mieux faire entendre sa voix, dans toute sa justesse et sa profondeur.

Souvent qualifié de bâtisseur de mélodies intemporelles, Pascal Obispo rappelle que le temps est l’allié des artistes sincères. Et que derrière chaque tube se cache un parcours, une exigence, un héritage.