C’est le genre de moment télévisuel qui ne se calcule pas, qui ne s’écrit pas et qui, en quelques secondes, devient instantanément culte. Ce soir-là, sur le plateau de “N’oubliez pas les paroles”, la mécanique bien huilée du jeu phare de France 2 a déraillé de la plus belle des manières. Nagui, l’animateur star habitué à tout maîtriser, s’est retrouvé totalement désarçonné par un candidat pas comme les autres. Récit d’une soirée où l’arroseur a été arrosé.

Une routine qui vole en éclats

Tout avait pourtant commencé comme une émission classique. L’ambiance était là, le public chauffé à blanc, et la Maestro Manon, impressionnante de sérénité, continuait son ascension fulgurante avec déjà 8 victoires et 30 000 euros en poche. Face à elle, Sébastien, un challenger venu tenter sa chance. Jusque-là, rien d’anormal. Mais c’était sans compter sur l’œil de lynx de Magali Ripoll.

La choriste et complice de toujours de Nagui interrompt soudainement le cours du jeu. Elle a repéré un détail troublant : Sébastien ressemble étrangement à Pierre, le batteur de l’émission. “On dirait Pierre !”, lance-t-elle. Loin de se dégonfler, le candidat confirme avec un sourire en coin : “Dans la rue, on me confond avec lui, alors je viens ici pour montrer qu’on peut être deux dans la même pièce.” Le ton est donné. Sébastien n’est pas là pour faire de la figuration. Il est à l’aise, peut-être même un peu trop pour l’animateur qui ne se doute pas encore de ce qui l’attend.

L’imitation qui tue

Quelques instants plus tard, alors que Nagui poursuit les présentations, Sébastien décide de passer à la vitesse supérieure. Sans prévenir, il se lance dans une imitation bluffante de l’animateur lui-même. Tout y est : la posture, la gestuelle, l’intonation de voix si caractéristique, ce mélange de bienveillance et d’ironie mordante qui fait la marque de fabrique de Nagui.

C’est une déflagration sur le plateau. Le public, pris par surprise, explose de rire. Les musiciens, Magali en tête, sont hilares. Et Nagui ? Pour la première fois depuis longtemps, le patron de l’access prime time semble avoir perdu le contrôle. Son visage se fige dans une expression mélangeant surprise totale et fausse indignation.

“Je vous interdis d’applaudir !”, lance-t-il à la foule en délire, tentant de reprendre la main sur son émission. Avec son sens de la répartie légendaire, il ajoute : “Ça ne s’appelle pas imitateur, ça s’appelle foutage de gueule quand même !”. La phrase claque, le public exulte. C’est du grand art. En quelques secondes, Sébastien a réussi ce que peu de candidats osent faire : déstabiliser le maître des lieux sur son propre terrain, celui de l’humour et de la répartie.

Un carton d’audience phénoménal

Ça faisait vieux hangar" : Nagui choqué par les critiques de la Maestro  Catherine sur l'ancien plateau de N'oubliez pas les paroles - Télé-Loisirs

Ce moment d’improvisation totale n’a pas seulement amusé la galerie, il a aussi captivé la France entière. Les chiffres sont tombés et ils sont sans appel : l’émission a réalisé un véritable carton. Le premier numéro a rassemblé 1,96 million de téléspectateurs, avant de grimper à 2,45 millions pour le second.

France 2 s’offre le luxe de devancer TF1 et ses séries quotidiennes (“Ici tout commence”, “Demain nous appartient”). Plus impressionnant encore, le programme affiche une part de marché supérieure à 11 % sur la cible commerciale très prisée des femmes responsables des achats. C’est une victoire totale pour Nagui, qui prouve une fois de plus que la spontanéité et la bonne humeur restent les meilleurs ingrédients du succès.

Manon, une Maestro imperturbable

Au milieu de cette tempête de rires, il ne faudrait pas oublier la performance de Manon. La Maestro, interprète cette année-là de tubes de Claude François, continue de tracer sa route avec une concentration remarquable. Ni les pitreries de Sébastien, ni le “choc” de Nagui n’ont semblé la perturber.

Avec ses 8 victoires, elle s’installe peu à peu comme une championne sérieuse, capable de garder son sang-froid en toutes circonstances. Mais ce soir-là, il faut bien l’avouer, la vedette n’était pas celle qui tenait le micro d’argent. La vedette, c’était l’imprévu.

La magie du direct (ou presque)

Cette séquence restera dans les annales de “N’oubliez pas les paroles”. Elle nous rappelle pourquoi nous aimons tant ce programme. Au-delà du karaoké géant, au-delà des gains et de la compétition, c’est une émission vivante, humaine, où tout peut arriver. Nagui, beau joueur malgré sa fausse colère, sait mieux que personne que ce sont ces moments de “foutage de gueule” affectueux qui créent le lien unique qu’il entretient avec son public depuis tant d’années.

Sébastien n’aura peut-être pas remporté le micro d’argent, mais il aura gagné quelque chose de plus rare : le droit d’avoir cloué le bec à Nagui, et d’avoir fait rire des millions de Français. Et ça, ça vaut toutes les victoires du monde.

N'oubliez pas les paroles: c'est fini pour la candidate des Hauts-de-France  - Courrier picard